Un soir au club : les démons à la porte

Posté par kristofy, le 10 novembre 2009

unsoirauclub.jpg"Vous étiez passé où toutes ces années ?"

L'histoire : Simon Nardis mène une vie rangée depuis 10 ans, marié et père de famille. Mais sa vie va basculer le temps d’une nuit qu’il passera par hasard dans un club de jazz. Il va se retrouver face à ses démons qu’il avait mis tant de temps à maîtriser : la musique, l’alcool, les doutes. Il va être happé par l’ambiance du club et sa rencontre avec Debbie qui le reconnaît, c’est un ancien pianiste de jazz de renom…

Notre avis : Si dans le port d’Amsterdam il y a des marins qui chantent, dans le port de Brest il y a des musiciens qui marinent, notamment dans un petit club de jazz où arrive un homme qui a raté son train. La plupart des gens dodelinent de la tête en rythme en buvant un verre mais Simon écoute vraiment la musique. Une chanson en particulier réveille de vieux souvenirs et il va être tenté de se mettre devant le piano pour jouer. Dans la salle Debbie a reconnu qu’il est le pianiste Simon Nardis, et elle va commencer à chanter sur ses notes…

Dans le film, Simon Nardis revendique que "certains morceaux n’ont pas besoin de public", c’est un aveu de l’emprise de la musique sur celui qui la joue. Il recommence à se perdre comme il y a longtemps sans vraiment envisager les conséquences.

Le film Un soir au club est à la fois une rencontre entre un ex-pianiste célèbre et une chanteuse mais aussi des retrouvailles pour cet homme avec son ancienne vie qui le consumait à petit feu. Grâce à sa femme il est un survivant qui mène une existence équilibrée loin de la musique, mais il suffira d’une soirée dans une boite de jazz pour qu’il risque de s’empêtrer avec ses vieux démons. Addiction. Pendant ce temps son épouse et son fils attendent qu’il rentre avec un prochain train, et le lendemain arrive… L’histoire se déroule sur une courte période (une nuit et le jour d’après) comme une parenthèse désenchantée. Si la première partie est un véritable envoutement (le soir et la nuit) à tout point de vue, il est dommage ensuite que certains dialogues pompeux (le lendemain sur la plage) en atténuent le charme.

L’adaptation du roman de Christian Gailly en film par Jean Achache se détache de cette lourdeur avec des regards et des silences qui laissent deviner les mots du livre. Thierry Hancisse est en équilibre entre l’ours renfermé sur lui-même et la bête apprivoisée qui goûte de nouveau à la liberté. Il parvient de manière très subtile à communiquer au spectateur les troubles qui agitent son personnage de pianiste. On ressent d’ailleurs en partie ses tentations en étant presque réellement dans l’ambiance du club de jazz. La musique est d’ailleurs presque un personnage tellement elle est présente avec ses diverses émotions qu’elle suscite, Elise Caron l’actrice qui joue Debbie est d’ailleurs une réelle chanteuse.

On ne remonte pas si facilement de l’enfer quand il ressemble au paradis. Il y a peu de films qui "montre" le jazz comme reflet d’états d’âme, une bonne raison de découvrir Un soir au club. Film intimiste.