Cannes 2018: Le prix France Culture Cinéma des étudiants pour « Les garçons sauvages »

Posté par vincy, le 14 mai 2018

Le prix France Culture Cinéma des étudiants a été attribué à Bertrand Mandico pour Les garçons sauvages, premier long métrage sorti en février dernier. Le cinéaste présente son nouveau moyen métrage, Ultra Pulpe, de Bertrand Mandico à la Semaine internationale de la critique à Cannes cette année.

Il était face à Félicité d’Alain Gomis, Le jeune Karl Marx de Raoul Peck, Une saison en France de Mahamat-Saleh Haroun et Mister Universo de Tizza Covi et Rainer Frimmel.

Le prix France Culture Cinéma Consécration a été décerné à Claire Denis pour l’ensemble de son œuvre.

Quant à l'International Students Award UniFrance-France Culture, il revient à Stéphane de Freitas et Ladj Ly pour le film À voix haute, qui était en sélection face à L’amant d’un jour de Philippe Garrel, De toutes mes forces de Chad Chenouga, Marvin d’Anne Fontaine et Paris pieds nus de Fiona Gordon et Dominique Abel.

8e Festival 2 Valenciennes: Wes Anderson, Eric Khoo, Andrew Haigh et « Pierre Lapin » au programme

Posté par vincy, le 16 mars 2018

Du 19 au 25 mars, le 8e Festival 2 Valenciennes va présenter plus de 40 longs métrages (documentaires et fictions) et de multiples hommages. 10000 spectateurs sont attendus. Huit jurys remettront un total de 13 prix.

La soirée d'ouverture le 19 mars sera consacrée à un hommage à Claude Lanzmann et lancera la compétition des documentaires. L'ouverture du programme fiction se déroulera le 21 mars, avec un hommage à Jean-Pierre Léaud. Les autres hommages seront dédiés au compositeur Gabriel Yared (22 mars), Mario Luraschi (23 mars) et Anny Duperey pour la clôture le 24 mars.

Cet éclectisme se retrouve dans les sélections et les jurys.

Côté documentaires, le jury est composé de Karim Didri, Sophie Duez, Andréa Ferréol, Fabienne Godet, Sagamore Stévenin et Nils Tavernier. Cinq films seront en compétition: Blue d'Alastair Fothergill et Keith Scholey, Bombshell, The Hedy Lamarr Story d'Anexandra Dean, Coby de Christian Sonderegger, Les enfants du hasard de Thierry Michel et Pascal Colson et Jerico de Catalina Mesa.

Côté fictions, Maurice Barthélemy, Agathe Bonitzer, Philippe Duquesne, Audrey Fleurot, Liane Foly et Philippe Le Guay auront à départager 8 films:

- Le dossier Mona Lina d'Eran Riklis - sortie le 4 juillet
- L'île aux chiens de Wes Anderson - sortie le 11 avril - Ours d'argent de la mise en scène à Berlin
- La mauvaise réputation d'Iram Haq - sortie le 14 juin - Prix du public aux Arcs
- Ramen d'Eric Khoo - sortie le 12 septembre - sélectionné à Berlin
- La révolution silencieuse de Lars Kraume - sortie le 2 mai
- La route sauvage d'Andrew Haigh - sortie le 25 avril - Quatre prix aux Arcs, dont la Flèche de cristal, et le prix Marcello Mastroianni à Venise
- Trois jours à Quiberon d'Emily Atef - sortie le 13 juin - en compétition à Berlin
- Une année polaire de Samuel Collardey - sortie le 30 mai - en compétition à Sundance

Comme des garçons de Julien Hallard sera le film de clôture tandis que l'excellent Pierre Lapin aura l'honneur d'une séance "Cinéma en famille" et que deux séances spéciales sont prévues: En mille morceaux de Véronique Mériadec et Journal d'une FIV de Raphaëlle Catteau.

BAFTAs 2018 : Three Billboards Outside Ebbing, Missouri et The Shape of Water tirent leur épingle du jeu

Posté par wyzman, le 18 février 2018

A deux semaines des Oscars, les jeux sont loin d'être faits. En effet, c'est ce soir qu'avait lieu la 71e cérémonie des British Academy Film Awards. Bien que les résultats des BAFTAs n'aient aucune incidence sur ceux des Oscars, il n'est pas rare d'y voir les mêmes films récompensés. Lors des nominations, il était impossible de ne pas être frappé par la présence de La forme de l'eau, le dernier film de Guillermo Del Toro qui a été cité pas moins de 12 fois. Derrière lui, Les heures sombres et Three Billboards Outside Ebbing, Missouri recevaient chacun 9 nominations. Sans oublier les blockbusters Dunkerque et Blade Runner 2049, nommés chacun 8 fois - principalement dans les catégories techniques. Comme c'est souvent le cas (et à l'inverse des Oscars), les votants des BAFTAs ont fait le choix de récompenser le plus de films possible.

On notera la présence de quelques français ou productions françaises au palmarès (Alexandre Desplats à la musique, le documentaire I am not your Negro de Raoul Peck), le triomphe de Daniel Kaluuya en espoir et de Mademoiselle, en compétition à Cannes en 2016 pour le film en langue étrangère.

Voici le palmarès :

• MEILLEUR FILM

CALL ME BY YOUR NAME
DARKEST HOUR
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI

• MEILLEUR REALISATEUR

BLADE RUNNER 2049 Denis Villeneuve
CALL ME BY YOUR NAME Luca Guadagnino
DUNKIRK Christopher Nolan
THE SHAPE OF WATER Guillermo del Toro
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI Martin McDonagh

• MEILLEURE ACTRICE

ANNETTE BENING Film Stars Don’t Die in Liverpool
FRANCES McDORMAND Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
MARGOT ROBBIE I, Tonya
SALLY HAWKINS The Shape of Water
SAOIRSE RONAN Lady Bird

• MEILLEUR ACTEUR

DANIEL DAY-LEWIS Phantom Thread
DANIEL KALUUYA Get Out
GARY OLDMAN Darkest Hour
JAMIE BELL Film Stars Don’t Die in Liverpool
TIMOTHÉE CHALAMET Call Me by Your Name

• MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND ROLE

ALLISON JANNEY I, Tonya
KRISTIN SCOTT THOMAS Darkest Hour
LAURIE METCALF Lady Bird
LESLEY MANVILLE Phantom Thread
OCTAVIA SPENCER The Shape of Water

• MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND ROLE

CHRISTOPHER PLUMMER All the Money in the World
HUGH GRANT Paddington 2
SAM ROCKWELL Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
WILLEM DAFOE The Florida Project
WOODY HARRELSON Three Billboards Outside Ebbing, Missouri

• MEILLEUR FILM BRITANNIQUE

DARKEST HOUR
THE DEATH OF STALIN
GOD’S OWN COUNTRY
LADY MACBETH
PADDINGTON 2
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI

• MEILLEUR FILM PAR UN NOUVEAU SCÉNARISTE, RÉALISATEUR OU PRODUCTEUR BRITANNIQUE

THE GHOUL Gareth Tunley (Scénariste/Réalisateur/Producteur), Jack Healy Guttman & Tom Meeten (Producteurs)
I AM NOT A WITCH Rungano Nyoni (Scénariste/Réalisateur), Emily Morgan (Producteur)
JAWBONE Johnny Harris (Scénariste/Producteur), Thomas Napper (Réalisateur)
KINGDOM OF US Lucy Cohen (Réalisateur)
LADY MACBETH Alice Birch (Scénariste), William Oldroyd (Réalisateur), Fodhla Cronin O’Reilly (Producteur)

• MEILLEUR FILM EN LANGUE ÉTRANGÈRE

ELLE
FIRST THEY KILLED MY FATHER
MADEMOISELLE (THE HANDMAIDEN)
FAUTE D'AMOUR (LOVELESS)
LE CLIENT (THE SALESMAN)


• MEILLEUR DOCUMENTAIRE
CITY OF GHOSTS
I AM NOT YOUR NEGRO
ICARUS
AN INCONVENIENT SEQUEL
JANE

• MEILLEUR FILM D'ANIMATION

COCO
LOVING VINCENT
MY LIFE AS A COURGETTE

• MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

GET OUT Jordan Peele
I, TONYA Steven Rogers
LADY BIRD Greta Gerwig
THE SHAPE OF WATER Guillermo del Toro, Vanessa Taylor
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI Martin McDonagh

• MEILLEUR SCÉNARIO ADAPTE

CALL ME BY YOUR NAME James Ivory
THE DEATH OF STALIN Armando Iannucci, Ian Martin, David Schneider
FILM STARS DON’T DIE IN LIVERPOOL Matt Greenhalgh
MOLLY’S GAME Aaron Sorkin
PADDINGTON 2 Simon Farnaby, Paul King

• MEILLEUR MUSIQUE DE FILM

BLADE RUNNER 2049 Benjamin Wallfisch, Hans Zimmer
DARKEST HOUR Dario Marianelli
DUNKIRK Hans Zimmer
PHANTOM THREAD Jonny Greenwood
THE SHAPE OF WATER Alexandre Desplat

• MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

BLADE RUNNER 2049

DARKEST HOUR
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI

• MEILLEUR MONTAGE
BABY DRIVER
BLADE RUNNER 2049
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI

• MEILLEURS COSTUMES

BEAUTY AND THE BEAST
DARKEST HOUR
I, TONYA
PHANTOM THREAD
THE SHAPE OF WATER

• MEILLEURS DECORS

BEAUTY AND THE BEAST
BLADE RUNNER 2049
DARKEST HOUR
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER


• MEILLEURS MAQUILLAGE ET COIFFURE

BLADE RUNNER 2049
DARKEST HOUR
I, TONYA
VICTORIA & ABDUL
WONDER

• MEILLEUR SON
BABY DRIVER
BLADE RUNNER 2049
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
STAR WARS: THE LAST JEDI

• MEILLEURS EFFETS SPECIAUX

BLADE RUNNER 2049
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
STAR WARS: THE LAST JEDI
WAR FOR THE PLANET OF THE APES

• MEILLEUR COURT-METRAGE D'ANIMATION BRITANNIQUE

HAVE HEART
MAMOON
POLES APART

• MEILLEUR COURT-METRAGE BRITANNIQUE

AAMIR
COWBOY DAVE
A DROWNING MAN
WORK
WREN BOYS

• EE RISING STAR AWARD (nouveau talent élu par le public)
DANIEL KALUUYA
FLORENCE PUGH
JOSH O’CONNOR
TESSA THOMPSON
TIMOTHÉE CHALAMET

Guillermo Del Toro couronné par la Directors Guild of America

Posté par vincy, le 4 février 2018

Si l'Oscar du meilleur film reste ouvert, celui du meilleur réalisateur semble définitivement réservé à l'avance par Guillermo del Toro. The Shape of Water part favori pour les statuettes du 4 mars après avoir raflé un Lion d'or à Venise, et le prix du meilleur film de la Guilde des producteurs. Hier soir, il a ajouté le Prix du meilleur réalisateur remis par la Directors Guild of America.

C'est la quatrième fois qu'un cinéaste mexicain en quelques années remporte ce prix, après ceux d'Alejandro Gonzalez Inarritu (Birdman, The Revenant) et d'Alfonso Cuaron (Gravity). L'an dernier, Damien Chazelle avait gagné grâce à La La Land, puis remporté l'Oscar du meilleur réalisateur quelques semaines plus tard (mais pas celui du meilleur film, alors qu'il partait favori).

Il était face à Greta Gerwig (Lady Bird), Martin McDonagh (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri), Christopher Nolan (Dunkerque) et Jordan Peele (Get Out).

Ce dernier n'est pas reparti bredouille puisque la DGA a récompensé Jordan Peel en tant que meilleure première réalisation. parmi les autres prix, notons ceux de Matthew Heinemen pour City of Ghosts (meilleur documentaire), Reed Morano pour The Handmaid's Tale (meilleure série dramatique), Beth McCarthymiller pour Veep (meilleure série comique), le québécois Jean-Marc Vallée pour Big Little Lies (meilleure minisérie ou téléfilm) et Niki Caro pour Anne with an E (meilleur programme jeunesse).

3 raisons d’aller voir L’insulte de Ziad Doueiri

Posté par kristofy, le 31 janvier 2018

A Beyrouth, de nos jours, une insulte qui dégénère conduit Toni (chrétien libanais) et Yasser (réfugié palestinien) devant les tribunaux. De blessures secrètes en révélations, l'affrontement des avocats porte le Liban au bord de l'explosion sociale mais oblige ces deux hommes à se regarder en face...

Un film multi-primé, depuis Venise jusqu'aux Oscars : Le nouveau film de Ziad Doueiri a d'abord été découvert en compétition lors du festival de Venise et, déjà, il n'a pas laissé indifférent. Le jury a choisi de le porter au palmarès en lui attribuant la Coupe Volpi du meilleur acteur pour Kamel El Basha. A noter d'ailleurs que ce prix aurait tout aussi bien pu être attribué à l'autre personnage principal, interprété par Adel Karam. En fait l'ensemble du casting est remarquable: Rita Hayek, la femme enceinte, ou Camille Salameh l'avocat... L'insulte a ensuite été remarqué aux festivals de Toronto, Telluride, Vienne, jusqu'à être retenu parmi les 5 films nommés à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Il représente le Liban, mais c'est bien une coproduction française.

Les séquelles d'une difficile réconciliation après un conflit : Le scénario démarre par une petite histoire pour aborder une plus grande Histoire, une banale dispute et une insulte entre deux hommes à propos d'un chantier amène une bagarre puis un procès médiatique qui deviendra politique en évoquant les conséquences d'une guerre au Liban (qui est toujours en conflit avec Israel) : des réfugiés palestiniens seraient coupables de différentes choses à l'encontre des libanais chrétiens. Toutefois il n'est pas nécessaire d'être calé en géopolitique pour suivre le film, celui-ci apporte des informations au fur et à mesure jusqu'au procès. D'ailleurs, pour l'essentiel, il ne s'agit pas de prendre parti pour un camp ou l'autre puisque justement le délicat sujet du film est plutôt de cicatriser le passé.

La mécanique absurde d'un fait-divers qui devient une affaire d’Etat : "Quand les mots vont trop loin, il faut s’attendre à une réaction" : tout commence entre un garagiste et un contremaitre pour une bête histoire de corniche à modifier. Cela dégénère en un pugilat privé puis est amplifié jusqu'à un procès public et médiatique. C'est presque une farce, mais dramatiquement réaliste. Tout l'enjeu est de présenter des excuses à l'autre après une insulte, soit reconnaître d'avoir tort ou raison après une agression. Une simple question de principes devient un symbole politique puisqu'il y a eu attaque et défense. Ici l'insulte révèle une rancune entre plusieurs communautés. Comment vivre ensemble après une guerre ? Le film ne cherche pas à répondre à cette question mais fait le constat d'un pays fracturé qui a de plus en plus de mal à maintenir sa cohésion. Bref, une belle parabole politique.

Les documentaires de Frederick Wiseman en streaming

Posté par vincy, le 26 janvier 2018

Zipporah Films, la société du documentariste Frederick Wiseman, en compétition à Venise avec son dernier film Ex Libris, a signé un accord avec Kanopy, une plateforme de streaming spécialisée dans les documentaires, films d'auteurs et classiques de cinéma. L'intégralité des films du cinéaste sera disponible en SVàD. La particularité de Kanopy est d'être destinée aux bibliothèques (plus de 4000) et aux universités (plus de 3000). Lancé en 2008, ce service est utilisable sur iOS, Android et Windows. Il est gratuit pour les détenteurs d'une carte d'une bibliothèque adhérente à Kanopy.

Wiseman, 88 ans, lâche ainsi tout son catalogue (At Berkeley, Crazy Horse, In Jackson heights, La Comédie-Française ou l'Amour joué, La Danse - Le Ballet de l’Opéra de Paris, National Gallery...). Seul Ex Libris sera disponible plus tard dans l'année, à cause d'une clause contractuelle qui oblige le cinéaste-producteur à le diffuser d'abord sur PBS. Jusqu'ici, aucun film du réalisateur n'est diffusé sur une plateforme SVàD.

Au total 40 films seront accessibles et trouveront sans aucun doute un nouveau public. Plus de 5 millions de personnes utilisent Kanopy, qui propose plus de 30000 œuvres.

Ex Libris, The New York Public Library sortira en DVD et en VàD en France le 6 mars.

Oscars 2018: les perdants et les gagnants

Posté par vincy, le 23 janvier 2018

La forme de l'eau domine largement les nominations aux Oscars avec 13 citations, devant Dunkerque (8), 3 Billboards, les panneaux de la vengeance (7), Phantom Thread et Les heures sombres (6). Dunkerque et Phantom Thread sont sans doute les élus les moins attendus, boudés par les palmarès des critiques comme par les Golden Globes. Au total, l'Académie a retenu 28 films dont 17 reçoivent au moins 2 nominations.

Studios

Grand vainqueur, la Fox, dans l'attente d'être rachetée par Disney. La filiale Fox Searchlight et le studio 20th Century Fox cumulent 27 nominations. C'est loin devant les autres majors que sont Universal/Focus Features (18), Warner Bros (14), Sony / Sony Classics (11) et Walt Disney (10). Les nouveaux venus Netflix et A24 obtiennent 7 nominations chacun. Amazon n'a été retenu qu'une seule fois. Mais le séisme c'est du côté de la Paramount qui repart avec un zéro pointé.

Genres

Ce qu'il faut retenir de ces Oscars 2018 c'est le surgissement du film de genre dans les catégories reines du meilleur film et du meilleur réalisateur avec le fantastique (La forme de l'eau) et l'horreur (Get Out). C'est une vraie reconnaissance. A ces deux films, les votants ont choisi un polar noir, un mélo gay, un film de guerre, un drame élégant, un thriller politique, une comédie dramatique, un biopic historique. Une véritable diversité de styles, qui couvre aussi bien le film d'auteur qui a gagné moins de 20M$ au box office que le blockbuster mondial.

Femmes et diversité

En s'invitant dans la course pour l'Oscar du meilleur réalisateur, l'actrice Greta Gerwig a éjecté quelques favoris avec Lady Bird. C'est seulement la 5e femme à avoir été nommée dans cette catégorie après Lina Wertmüller, Jane Campion, Sofia Coppol et Kathryn Bigelow. C'est aussi la première fois qu'une femme concoure dans la catégorie meilleure image grâce à la chef op' Rachel Morrison (pour Mudbound).

Cette année, les Oscars ont décidé en effet d'innover: la preuve avec Logan, premier super-héros nommé pour une catégorie majeure (le scénario adapté qui plus est). Là encore les genres se diversifient. Leur LGBT-philie se prolonge après l'Oscar du meilleur film pour Moonlight en 2017: Call Me By Your Name et Une femme fantastique n'ont pas manqué à l'appel.

Plus globalement, on peut noter que sur les 9 films nommés à l'Oscar suprême, 4 sont portés par des rôles féminins principaux (et des femmes fortes), et autant par des personnages "jeunes". Et hormis deux films, tous ont un discours politique soutenu.

Habitués

Ils aiment aussi les valeurs sûres: le compositeur John Williams reçoit sa 51e nomination (un record tout juste dépassé par Walt Disney. Meryl Streep bat son propre record avec sa 21e nomination. L'actrice comme Daniel Day-Lewis, lui aussi nommé cette année, a déjà gagné trois Oscars. D'ailleurs parmi les comédiens (premiers et seconds rôles), six ont déjà été Oscarisés sur vingt. Mais 8 comédiens et comédiennes sont nommées pour la première fois.

Not so whites

Et là pas d'#OscarsSoWhite avec 4 afro-américains (mais aucun asiatiques en l'absence de Hong Chau pourtant très attendue en second-rôle féminin, ni latino-américains). Côté réalisateurs, on compte un latino-américain, Del Toro qui rejoint Cuaron et Inarritu dans le club des mexicains oscarisables, et un afro-américain, Jordan Peele (c'est la cinquième fois seulement qu'un cinéaste afro-américain accède à ce club). Côté scénaristes, là encore, la diversité est très présente avec Dee Rees, Virgil Williams, Kumail Nanjiani, Guillermo del Toro et Jordan Peele.

Pas si Golden les Globes

Mais les Oscars 2018 ont aussi une autre particularité: l'émancipation croissante par rapport aux Golden Globes. Autrefois, un Golden Globe, voire une nomination suffisait à garantir une nomination aux Oscars. Dans la catégorie réalisateur, seuls deux nommés au Golden Globes sont nommés aux Oscars. Côté acteurs, le vainqueur du Golden Globe pour une comédie, James Franco, n'est pas nommé. Et le gagnant du Golden Globe du film en langue étrangère, In The Fade, n'a même pas été choisi parmi les cinq finalistes de cette catégorie aux Oscars. Dans cette catégorie, les films retenus viennent du Chili, du Liban, de Russie, de Hongrie et de Suède. Soit l'Ours d'or et la Palme d'or en face à face. Un film de Venise, deux films de Berlin et deux films de Cannes. Ne déformons pas trop ce prisme: la Mostra de Venise est la grande gagnante avec La forme de l'eau et 3 Billboards (20 nominations à eux deux). Le festival de Berlin ne cumule finalement que 6 nominations au total tandis que celui de Cannes n'en aligne que 3. Mais l'autre grand gagnant est sans doute Sundance avec Get Out, Call Me By Your Name, Mudbound et The Big Sick, soit 13 nominations à eux quatre.

Losers

James Franco a clairement payé les rumeurs de harcèlement sexuel qui le concernent. "Time's Up" pour ceux qui se comportent mal avec les femmes. Toute la question est de savoir si l'Oscar du meilleur acteur d2017, Casey Affleck, qui a souvent acheté le silence de ses "conquêtes" pas forcément consentantes sera le bienvenu pour remettre l'Oscar de la meilleure actrice. Plus étonnant, Armie Hammer s'est fait volé sa nomination par Woody Harrelson. Le second-rôle de Call Me By Your Name a semble-t-il été concurrencé par un autre second-rôle du film, Michael Stuhlbarg, très présent à l'écran cette année (Miss Sloane, La forme de l'eau, Pentagon Papers), qui a récolté plus de votes que prévu (et aurait mérité une citation pour son formidable monologue à la fin du film).

Parmi les snobés, on compte aussi au registre des actes manqués Tiffany Haddish, Diane Kruger, Helen Mirren, Judi Dench, Emma Stone côté actrices, Tom Hanks et Jake Gyllenhaal côté acteurs (où Denzel Washington parvient une fois de plus à créer l'événement avec sa 8e nomination pour un film qui n'a pas convaincu ni les critiques ni le public). Le vétéran Steven Spielberg (Pentagon Papers) et l'étoile montante Martin McDonagh (3 Billboards, l'un des deux favoris pour l'Oscar du meilleur film) ont été recalés côté réalisateurs.

Cela donne une indication d'ailleurs sur le vote final: les électeurs pourraient choisir Del Toro en réalisateur (comme ils ont choisi par le passé Ang Lee et Alfonso Cuaron sans les couronner par un Oscar du meilleur film) et 3 Billboards en film. Ce qui ferait, quoiqu'il arrive, un doublé pour Venise, où les deux films ont été primés (respectivement Lion d'or et scénario).

L'Académie a aussi préféré Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, pourtant peu récompensé durant la saison des prix, à Wonder Woman, complètement absent de la liste des nominations y compris dans les catégories techniques. Ce n'est pas forcément une injustice. Mais assurément c'est une surprise, d'autant que Wonder Woman avait un bon buzz derrière lui. Phantom Thread et ses 6 nominations, dont film, réalisateur, acteur et second-rôle féminin, c'est au moins inattendu. D'autres films ont récolté moins de citations que prévu ou espéré comme The Florida Project et Moi, Tonya.

French touch

Finissons avec les Français: Florian Babikian, Vincent Bayoux, Victor Caire, Théophile Dufresne, Gabriel Grapperon, Lucas Navarro pour Garden Party, Max Porter et Ru Kuwahata pour Negative Space en court métrage animé, Agnès Varda en documentaire (Visages Villages), Alexandre Desplat en compositeur de musique (La forme de l'eau), Bruno Delbonnel en chef opérateur (Les heures sombres) et Emilie Georges en coproductrice de Call Me By Your Name ont été nommés aux Oscars cette année. Il faut ajouter Julie Gayet, Rachid Bouchareb, Genevieve Lemal et Jean Bréhat (L'insulte), Philippe Bober (The Square) et Pascal Caucheteux (Faute d'amour) s'ajoutent à la liste. Pas un grand cru en quantité, mais un excellent cru en qualité.

Guillermo del Toro et « Coco » sacrés par la guilde des Producteurs

Posté par vincy, le 21 janvier 2018

Les producteurs ont lancé la mère des batailles: les Oscars. Alors que plusieurs favoris ont été plébiscités par les critiques, que ce soit ceux de New York, Los Angeles ou la presse étrangère pour les Golden Globes, la Producers Guild of America a décerné ses prix cette nuit, donnant le pouls d'une partie de la profession (voir les nominations).

La forme de l'eau (The Shape of Water) de Guillermo del Toro l'a donc emporté sur quatre autres prétendants sérieux: Call Me By Your Name, Lady Bird, Get Out et Three Billboards outside Ebbing Missouri. Le Lion d'or du cinéaste mexicain a été couronné du meilleur film.

En revanche, Coco semble seul dans la catégorie animation, raflant un à un tous les prix ou presque depuis trois mois.

Jane a gagné dans la catégorie documentaire, The Handmaid’s Tale dans la catégorie télévision (drame), The Marvelous Mrs. Maisel dans la catégorie télévision (comédie), Black Mirror dans la catégorie série télévisée ou téléfilm, Leah Remini: Scientology and the Aftermath dans la catégorie documentaire télévisé, Last Week Tonight with John Oliver dans la catégorie talk et entertainment, The Voice dans la catégorie émission de divertissement.

Jordan Peele a, de son côté, reporté le Prix visionnaire de la guilde pour Get Out. Lors de son discours, il a évidemment parlé de ce qui préoccupe tout le monde à Hollywood depuis quelques années: "L'endroit creux est le système qui fait taire la voix des femmes, des minorités et d'autres personnes. Le lieu submergé est le président qui appelle les athlètes des fils de chiennes pour avoir exprimé leurs croyances sur le terrain et la patrie de nos plus beaux immigrants pays de merde."

Cette parole engagée a été renforcée par la victoire d'un cinéaste-producteur mexicain, et quelque part d'un film d'animation sur le Mexique: un pays qui sert de bouc-émissaire à l'idéologie nationaliste du président des Etats-Unis.

9 visages à ne pas manquer en 2018: Ophélie Bau

Posté par kristofy, le 27 décembre 2017

Ophélie Bau est encore une inconnue, mais ce ne sera plus le cas au printemps 2018 avec la sortie du nouveau film d'Abdellatif Kechiche Mektoub, My Love (chant 1). Encore une fois, le réalisateur se montre un directeur de casting et un révélateur de nouveaux talents qui a l'oeil. C'est le premier film pour de nombreux jeunes dont Shaïn Boumedine, Lou Luttiau, Alexia Chardard. Déjà présenté en compétition lors du festival de Venise, Mektoub, my love (chant 1) se révèle être autant un marivaudage de dialogues et de corps qu’un épisode de la chronique d’une famille. On a vraiment été séduit par le film, et en particulier par sa révélation absolue: Ophélie Bau'.

Amine arrive de Paris pour des vacances avec sa famille, il surprend Ophélie et Tony en train de faire l’amour, il reste derrière une fenêtre à les regarder avant de sonner pour parler à Ophélie, après le départ de Tony. Alors qu’il y a éventuel projet de mariage avec un militaire, celle-ci avoue qu’elle le voit depuis longtemps... Dès l'ouverture du film, l'actrice impose un corps sensuel. Mais passé ce moment elle devient surtout le visage (et la voix) d'un des personnages forts autour duquel s'articule le film, et derrière lui c'est le talent d'actrice de Ophélie Bau qui irradie. Premier rendez-vous avec elle au cinéma au mois de mars, avant d'autres moments où la retrouver.

Après tout c'est à Kechiche que l'on doit les découvertes de Sara Forestier, Hafsia Herzi et Adèle Exarchopoulos.

2017 dans le rétro : le cinéma de genre en quête de plus de visibilité

Posté par kristofy, le 22 décembre 2017

C’était quoi le cinéma de genre en 2017 ?

On avait déjà fait la remarque : où sont les films français avec des serial-killers masqués, des poursuites de voitures, des bagarres de kung-fu, des zombies affamés, des aliens envahisseurs...  Où sont les films de genre français ? Ils n’arrivent plus à être produits, et quand c’est le cas, ils ne parviennent pas à être distribués correctement dans les salles de cinéma. Ce genre de films, ça marche quand c’est américain… Cette vision de films américains ultra-rentables versus films français mal-aimés est toujours malheureusement d’actualité. Toutefois, 2017 marque un glissement vers une nouvelle reconnaissance du cinéma de genre.

Cette année le Genre a trouvé 2 fois un nouveau point G avec les films Grave et Get out qui ont réussi à surprendre, interpeller, choquer, et même faire l’actualité dans des médias généralistes autres que cinéma.

Ici le personnage principal est féminin pour Grave et il est noir dans Get out, soit une mise en avant de protagonistes qui étaient plutôt auparavant des victimes dans les films d’horreur… Le cinéma de genre est guidé par des codes à respecter, à détourner, à re-interpréter. C’est l’autre point commun entre ces deux films. "Le fantastique ou le paranormal contaminent peu à peu l'intrigue sans l'absorber tout à fait" comme on l'écrivait dans notre critique de Grave. Dans ces deux films, les codes du genre sont infusés dans du drame avec un peu d’humour et différents niveaux de lecture. Ici, une mise en perspectives de questionnements plus large à propos du racisme avec Get out et du déterminisme avec Grave. De plus, autant pour Jordan Peele que pour Julia Ducournau, il s’agit de leur premier long-métrage derrière la caméra, et leurs films ont fait le tour du monde avec succès : bravo !

Pour ce qui est des films américains ultra-rentables, les multiplexes ont bien profité des ventes de pop-corn grâce aux cartes illimitées avec ces différentes suites (inutiles ?): Resident Evil: Chapitre Final de Paul W.S. Anderson, Le Cercle: Rings de F. Javier Gutiérrez, Underworld: Blood Wars de Anna Foerster, Annabelle 2: la Création du Mal de David F. Sandberg, Jigsaw de Michael Spierig… Dans la même lignée de ‘faire du neuf avec du vieux’ il a fallu subir deux ratages Alien: Covenant de Ridley Scott et La Momie avec Tom Cruise (deux déceptions au box-office), et essayer de se réjouir de Ça de Andy Muschietti, énorme carton pour une vraie déception cinématographique, et de Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, qui aura davantage séduit pour son formalisme que pour son ambition.

blade runner

On remarquera que les films de type space-opéra conçu pour sortir sur tout les écrans de tout les pays de toutes planètes ont connu diverses aventures : Les Gardiens de la Galaxie 2 de James Gunn est moins bon que le premier, mais un numéro 3 est de toute façon prévu; Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson avait l’ambition de démarrer une trilogie, mais son relatif échec ne devrait pas initier une suite; et enfin le 8ème Star Wars: Les Derniers Jedi (mais 9ème film de la saga après Rogue One) ne va pas dépasser les records de recettes du Réveil de la Force, mais cela n'a aucune importance puisque désormais Disney programme un nouveau Star Wars pour chaque année jusqu’à la fin du monde.

Le cinéma de genre s’est renouvelé durant cette année 2017 avec des films comme l'enthousiasmant Split de M. Night Shyamalan (qui signe son grand retour), The Jane Doe identity de André Øvredal, It comes at night de Trey Edward Shults, et (en étant indulgent) Happy Birthdead de Christopher Landon pour les Etats-Unis. Ailleurs : en Angleterre The Last Girl-Celle qui a tous les dons de Colm McCarthy, en Australie Love Hunters de Ben Young, en Italie On l’appelle Jeeg Robot de Gabriele Mainetti, en Corée du Sud Tunnel de Kim Seong-hun, en France quasi-rien à part Le Serpent aux mille coupures de Eric Valette.

2017 c’est aussi un certain glissement vers une nouvelle reconnaissance du cinéma de genre : certains de ces films dépasse ‘leur public’ pour aussi avoir un plus large succès auprès du ‘grand public’. Il suffit de regarder par exemple certaines des récompenses les plus prestigieuses. Quel film a gagné le Lion d’Or au Festival de Venise ? C’est le film de monstre The Shape of water de Guillermo Del Toro ! C’est le grand favori des prochains Golden Globes avec 7 nominations aux, d’autres sont à venir pour les Oscars (sortie en France en février 2018). Un Oscar pour Del Toro n'est d'ailleurs pas impossible. Une consécration pour le maître mexicain. Quel premier film cumule le plus de récompenses ? C’est Get Out pour les cercles de critiques de Boston, Chicago, Detroit, New-York, Toronto, le National Board of Review, et bientôt aussi les Golden Globes… Il pourrait être l'un des premiers films d'horreur nommé à l'Oscar du meilleur film, en plus d'avoir été un carton en salles. De même en France, quel premier film a été le plus remarqué ? C’est Grave qui vient de recevoir le Prix Louis-Delluc du meilleur premier film après un Prix FIPRESCI à Cannes et avant quelques nominations aux Césars…

Ces différents succès n’occulte pas que le cinéma de genre est bel et bien toujours peu et mal distribué dans nos salles de cinéma, sans compter une certaine frilosité quand des œuvres ont une interdiction aux moins de 16 ans. C’est en Asie qu’il y a eu le plus de films de genre réjouissants, mais malheureusement aucune distribution chez nous : par exemple Blade of the immortal de Takashi Miike (pourtant au Festival de Cannes), Call of Heroes de Benny Chan, Opération Mékong de Dante Lam, Headshot des The Mo Brothers, The Prison de Hyun Na, Vanishing Time: a boy who returned de Um Tae-hwa,… D’ailleurs comment s’étonner de cette non-visibilité asiatique quand ces très bons films que sont El Bar (Pris au piège) de Alex de la Iglesia ou Golem le tueur de Londres avec la crème des acteurs british arrivent directement en dvd/vàd sans avoir une sortie en salles ? C’est d’ailleurs la même chose pour le film américain Leatherface des français Julien Maury et Alexandre Bustillo, pourtant à priori film-porteur puisque c’est la jeunesse du tueur de Massacre à la Tronçonneuse. Sortie directement pour le petit écran. Pour continuer sur une note triste, 2017 a d’ailleurs vu les décès des figures cultes du genre que sont Tobe Hopper et George A. Romero.

La bonne nouvelle pour 2018 c’est que les 2 patrons français du cinéma de genre (obligés par la conjoncture de travailler à l’étranger…) sont de retour : Pascal Laugier avec Ghostland le 14 mars (avec Mylène Farmer!) et Xavier Gens avec  Cold skin (et aussi The Crucifixion). On va suivre aussi la révélation des nouveaux talents avec les films Hostile de Mathieu Turi et Revenge de Coralie Fargeat.

Cadeau de Noël : un des meilleurs films de genre de cette année 2017 qui n'aura malheureusement pas été visible en France est Better watch out (nouveau titre de Safe Neighborhood, et qui en fait sortira en directement en dvd chez nous le 30 décembre sous le titre Watch out) de Chris Peckover :