Vesoul 2014 : les 5 Cyclos d’or à (re)voir absolument

Posté par MpM, le 16 février 2014

A l'occasion de la 20e édition du Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul qui se poursuit jusqu'au 18 février, retour sur les temps forts qui ont jalonné l'histoire de la manifestation.

C'est en 2000 qu'est décerné le premier Cyclo d'or de l'histoire du Festival de Vesoul. Il est remis à Yara de Yilmaz Arslan par le jury du cinéaste iranien Rafi Pitts. Jusque-là, seul le public remettait un prix. Depuis, le palmarès du FICA s'est étendu, et pas moins de 12 prix sont distribués lors de chaque édition.

S'il est encore un peu tôt pour essayer de deviner quel sera l'heureux lauréat du Cyclo d'or du 20e anniversaire, retour sur cinq films ayant reçu la récompense suprême, à découvrir absolument.

Lan Yu de Stanley Kwan (2002)

lan yuLa rencontre entre Lan Yu, un étudiant pauvre, et Chen Handong, un homme d'affaire de la grande bourgeoisie, dans le Pékin de la fin des années 80.

Entre comédie romantique et mélodrame, Stanley Kwan raconte une histoire d'amour qui se noue et se dénoue sur une période de onze ans. Avec énormément de pudeur, et une démarche esthétique d'une grande finesse, le réalisateur rend tangible la relation complexe qui relie ses deux personnages, tout en captant quelque chose du climat ambigu qui les entoure.

Derrière l'épure des scènes, la sensualité des corps s'exprime, et donne une vision sensible de l'amour à la fois charnel et sentimental. Le parfum d'interdit qui accompagne la relation entre les deux hommes (contexte politique oblige) exacerbe le romantisme presque noir du récit et laisse une impression étrange de tragédie moderne.

Vodka lemon d'Hiner Saleem (2004)

vodka lemonDans un village kurde au pied de la plus haute montagne d’Arménie, entouré de vastes étendues enneigées et presque entièrement coupé du monde en hiver, un veuf élégant rencontre une veuve séduisante.

Fantaisie et humour un peu absurde font le charme de cette chronique douce-amère sur le quotidien post-soviétique d’un petit village kurde d'Arménie. Le burlesque y côtoie ainsi le non-sens et la fantaisie la plus décalée : un lit transformé en traîneau, un chauffeur de bus obsédé par Adamo, une défunte qui manifeste encore quelque jalousie…

La gravité n’est jamais loin, pourtant, dans une région autrefois sous influence soviétique, où le chômage et la misère font rage. Mais elle sait se faire discrète. Quand Hamo, le personnage principal, se plaint de sa maigre pension et du manque de travail, la musique recouvre ses paroles. Lorsqu’il est contraint de vendre ses meubles pour survivre, le réalisateur insiste soudain sur un détail amusant qui atténue la tristesse, ou passe à autre chose sans s’attarder. Même l’éventuelle nostalgie "du temps des Russes" est vite étouffée. "On n’avait pas de libertés, mais on avait tout le reste", se souvient Hamo, sous l’œil dubitatif de l’un de ses amis. Difficile de savoir quelle période a été la plus dure, semble penser celui-ci.

La pudeur interrompt toutefois systématiquement ce qui pourrait passer pour des plaintes. Les scènes se succèdent trop vite, tantôt gaies et tantôt graves, pour que l’on ait le temps de s’apitoyer. "Le peuple kurde est le plus triste et le plus joyeux des peuples", prétendait un orientaliste du 17e siècle cité par Hiner Saleem, et les héros du film ne dérogent pas à la règle.

Grain in ear de Zhang Lu (2006)

grain in earCui Shun-ji est une Chinoise d’origine coréenne qui vit seule avec son fils dans un baraquement désaffecté au milieu des voies ferroviaires. Pour survivre, elle vend du Kemchi (un plat coréen) à la sauvette. Parmi ses clients, elle compte un autre sino-coréen, Kim, par qui elle est peu à peu attirée.

Ce qui frappe dans Grain in ear, c’est la mise en scène implacable qui crée une ambiance oppressante et étouffante d’où toute émotion semble absente. Zhang Lu observe ses personnages à distance, dans de longs plans fixes qui frôlent l’asphyxie, et s’attache à ne montrer que des scènes anodines, quotidiennes, presque sans intérêt. Tous les temps forts de l’intrigue sont ainsi relégués hors-champ (quelques bribes sonores peuvent alors nous parvenir) ou tout simplement absents.

Ce montage elliptique a de quoi frustrer le spectateur habitué à se voir expliquer le moindre ressort de l’intrigue. Mais il n’en sera que plus attentif aux détails infimes par lesquels passent les sentiments. L’évolution psychologique du personnage féminin est ainsi perceptible à travers les plus petites choses : ce qui lui semblait important n’a soudainement plus d’importance à ses yeux (que son fils apprenne le coréen), ce qui la faisait encore réagir (les rats morts) la laisse désormais indifférente.

L’actrice Ji Liu Lian fait un gros travail physique (corps désarticulé, visage totalement inexpressif) pour incarner cette femme qui se trouve au-delà de la souffrance sans trahir la ligne dramatique volontairement ténue du film. Sa prestation, en parfait accord avec la sobriété (la froideur ?) confondante du reste, fait naître par contraste une émotion saisissante.

Je ne peux pas vivre sans toi de Leon Dai (2010)

vivreWu-Hsiung cumule les petits boulots pour élever sa fille de sept ans, avec laquelle il vit sur les docks du port de Kaohsiung, la deuxième métropole de Taiwan. Mais la fillette a désormais l'âge d'aller à l'école et Wu-Hsiung est sommé de l'inscrire. Commence alors un inextricable imbroglio juridique avec les services sociaux qui menacent de lui retirer l'enfant.

Leon Dai insuffle rythme et personnalité à son récit en mêlant séquences à la limite du documentaire et scènes plus fictionnelles qu'il accompagne d'une musique tantôt entraînante, presque guillerette, tantôt mélancolique. Il parvient de cette manière à déjouer les attentes du spectateur et à créer des ruptures de ton, voire des simili-rebondissements.

Je ne peux vivre sans toi est ainsi un film ambivalent, âpre et austère dans sa forme (noir et blanc non esthétisé, peu de dialogues), plus démonstratif sur le fond, dont la grande force est de se concentrer sur les détails pour évacuer le pathos des bons sentiments. C'est sans doute pourquoi, malgré quelques maladresses scénaristiques, on retient plus sa sensibilité humaniste que sa tonalité dramatique.

Jiseul de O Muel (2013)

JiseulEn 1948, en Corée, l’ordre fût donné aux soldats d'éliminer les résidents de l’île de Jeju désignés comme communistes. Environ 30 000 civils ont ainsi été tués.

Tout en noir et blanc très esthétique et très graphique, le film joue avec différents éléments visuels : une fumée qui se dissipe montre plus de détails, des gros plans de visages se détachent sur un fond sombre qui fait abstraction du décors, des plans larges de paysages enneigés isolent les personnages...

C'est aussi un film de guerre avec une dimension universelle qui parvient à réunir dans certaines situations un peu d'humour noir burlesque et rendre compte à la fois des différents comportements face aux horreurs subies. En plus du Cyclo d'or à Vesoul, il a reçu le grand Prix du jury international à Sundance en 2013.

Vesoul 2014 : cinq films pour s’initier au cinéma philippin

Posté par MpM, le 15 février 2014

Non, le cinéma philippin, ce n'est pas seulement Brillante Mendoza ! En mettant ce pays à l'honneur pour son 20e anniversaire, le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul a eu envie de montrer des œuvres marquantes, mais souvent méconnues en France, qui donnent un aperçu des différentes facettes de la cinématographie philippine.

Parmi la vingtaine de films présentés, cinq ont particulièrement retenus notre attention (nous avons volontairement exclu Brillante Mendoza de ce florilège, mais on ne peut bien sûr que conseiller Kinatay, John John et surtout le magnifique Lola) :

C'est ainsi que nous vivons de Eddie Romero (1976)

En suivant le parcours initiatique de Kulas, jeune homme simple et naïf qui a le chic pour toujours se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment, le film retrace une époque charnière dans la conquête d'indépendance des Philippines et dans la création d'une identité commune.

Une chronique douce-amère qui vaut toutefois plus pour son éclairage historique souvent ironique que pour l'histoire d'amour un peu mièvre du personnage principal avec une actrice arriviste.

The bet collector de Jeffrey Jeturian (2006)

Une plongée caméra à l'épaule dans le quotidien d'une collecteuse de paris qui fait partie des nombreux rouages d'une économie parallèle illégale mais parfaitement organisée.

Jeffrey Jeturian lorgne du côté du cinéma documentaire et dresse un portrait touchant de son héroïne tout en décortiquant un système, basé à la fois sur l'exploitation de la misère et sur la corruption, qui s'auto-entretient à l'infini. 

Here come the bride de Chris Martinez (2010)

Énorme succès du box-office philippin, cette comédie populaire à gros budget raconte comment cinq personnes échangent accidentellement leurs apparences physiques. Basé sur le comique de situation (un vieil homme retrouve la jeunesse dans la peau d'un bel homme, un travesti vit son rêve en se retrouvant avec un corps de femme...), le film joue à fond la carte des stéréotypes sexuels, sociaux et culturels. Déjanté, oui, mais très sagement, et avec un petit fond de morale qui explique probablement le plébiscite public.

The woman in septik tank de Marlon Rivera (2011)

Pour être invités dans les plus grands festivals internationaux, un cinéaste débutant et son producteur imaginent une histoire sordide de mère pauvre contrainte de vendre l'un de ses enfants à un pédophile. On les voit imaginer différentes variantes du film (même sous forme de comédie musicale), visiter un bidonville avec émerveillement et s'énerver face à un concurent qui revient de la Mostra de Venise.

Un regard acerbe sur la tendance opportuniste d'un certain cinéma indépendant philippin mais aussi sur la soif de misérabilisme des grands festivals occidentaux. Et, accessoirement, le plus gros succès à ce jour d'un film philippin issu du circuit indépendant.

Posas de Lawrence Fajardo (2012)

Un jeune pickpocket arrêté par la police fait l'expérience du circuit judiciaire philippin : pressions, passage à tabac, chantage, jugement hâtif, manipulation, extorsion, etc. Une dénonciation coup de point de la corruption de certaines branches de la police qui tentent de s'approprier le profit des petits délinquants au détriment de toute notion de justice ou de droit.

Vesoul 2014 : l’Asie vue par Anaïs Ravoux

Posté par kristofy, le 15 février 2014

Le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul fête ses 20 ans ! Tant de passion et d'énergie à transmettre l'amour des films asiatiques depuis une vingtaine d'années, et cela est partagé : quelques cinéphiles qui aiment ces films évoquent leur rapport avec le cinéma asiatique.

Anaïs Ravoux est une passionnée de cinéma coréen et de la Corée où elle a déjà séjourné. Elle apprend la langue en étudiant à l'Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) et à ce titre elle est membre du jury Langues O'/Inalco de ce 20e Festival de Vesoul.

Elle nous a confié ses plus beaux souvenirs de cinéma asiatique :

Le film asiatique qui m’a le plus marquée c’est peut-être Time de Kim Ki-Duk. Je pense que c’est un film qui représente bien la culture coréenne vraiment différente de la nôtre. Quand j’ai découvert Time, c’était un peu un retour vers Kim Ki-Duk, parce que le premier film asiatique que j’ai vu je crois que c’est Locataires (présenté à Vesoul en 2011) où il n’y a presque pas de parole et où tout passe par l’image. Ca m’a donné envie de faire du cinéma.

J’avais déjà vu des films asiatiques avant mais c’était quelques films Hong-kongais ou des choses plus commerciales, puis après des films japonais de samouraïs et les films de Takeshi Kitano. Je me souviens avoir vu Locataires quand j’étais au lycée dans des conditions assez horribles dans un cinéma de village à Pezenas, dans une petite rue où le cinéma puait un peu la moisissure... C’était en version originale avec les sous-titres, et heureusement car j’ai vu ensuite quelques films coréens doublés en français et ce n'est vraiment pas regardable. Il faut vraiment voir les films asiatiques dans leur langue originelle, ça apporte un plus, sinon on perd de l’authenticité de la culture du film.

Mon goût pour les films coréens sont une des raisons qui m’ont fait aller à l’Inalco pour apprendre la langue : je voulais comprendre moi-même les films sans les sous-titres. C’est l’institut où l'on peut apprendre des langues comme nulle part ailleurs, par exemple le khmer ou l’inuit. Depuis une dizaine d’années, un jury Inalco remet un prix au FICA de Vesoul. On essaye de primer un film peut-être plus pour son aspect culturel que pour ses qualités cinématographiques.

Le cinéma asiatique, c’est une bouffée d’air frais, avec des choses que l’on ne trouve pas dans notre cinéma, avec des émotions souvent extrêmes, oppressantes ou joyeuses. Pour moi c’est ça le cinéma, faire ressentir des choses aux gens qui ressortent de la salle terrorisés ou émerveillés.

Vesoul 2014 : Regard sur le cinéma philippin

Posté par kristofy, le 14 février 2014

Les Philippines sont depuis quelques années un nouveau centre incontournable du cinéma asiatique : c'est là-bas que ça bouge. D'ailleurs, le réalisateur britannique Sean Ellis y a retrouvé l’inspiration et y a tourné son film Metro Manilla, qui raconte la mise en place d’un hold-up sophistiqué avec un regard naturaliste sur le pays perçu à travers les yeux d’un paysan de la campagne qui découvre les trafics de la grande ville.

Un des premiers cinéastes philippins dont les films ont été vus en France par le biais d’une sélection au Festival de Cannes est Lino Brocka dont justement le film Maynila évoquait les attraits factices d’une mégapole à travers le destin d’un jeune pêcheur immigré.

Ce film, qui vient d’être restauré (et programmé à Vesoul), est un exemple de la richesse du cinéma philippin malheureusement méconnu. Une partie du patrimoine cinématographique est d’ailleurs disparue, par exemple le réalisateur Gerardo de Leon (décédé en 1981) a tourné environ 75 films mais seulement une vingtaine ont été sauvegardés.

Le pays a été longtemps sous la coupe d’étrangers (colons espagnols, puis domination japonaise, puis occupation américaine) qui ont fait circuler leurs propres films mais le cinéma philippin national s’est tout de même développé. En 1919, c’est Dalagang Bukid de Jose Nepomuceno, le premier film produit par un philippin ; puis en 1930 Ang Aswang est le premier film parlant. Dans les années 50, on produisait beaucoup de films et le pays était un grand exportateur dans toute l’Asie du sud-est.

Lamberto V. Avellana (1915-1991) a réalisé une cinquantaine de films, Genghis Khan du réalisateur Laurent Condé est le premier film philippin à être présenté dans un festival étranger (à la Mostra de Venise en 1952). Puis durant les années 60, le nombre de films produits a décliné ainsi que leur qualité.

Un second âge d’or arrive avec les années 70 et plusieurs cinéastes qui vont devenir incontournables. Vesoul va en faire découvrir quelques-uns : Lino Brocka (Maynila), Eddie Romero (C’est ainsi que nous vivons), Ishmael Bernal (Miracle), Marilou Díaz-Abaya (Karnal)… Les films se font l’écho du sévère régime politique du moment, avec dans les histoires la pauvreté du peuple et des injustices.

Peu à peu, le public va préférer le divertissement avec des mélos amoureux ou des films d’horreur médiocres, mais aussi des films-copies de succès occidentaux comme James Bond en version fauchée. Au tournant des années 70 va apparaître Jose Gosienfago qui va populariser les films "pito-pito" (sept jours de tournage, sept jours de post-production) avec notamment Bomba star en 1980 à caractère érotique (dans les années 60, il y a eu quantité de films de genre ‘bomba’ avec comme argument de vente beaucoup de femmes dénudées), puis en 1999 Jeffrey Jeturian réalise Fetch A Pail of Water en 21 jours (préparation, tournage, montage) où encore une fois le côté sexe permet d’évoquer plus largement la société (une jeune femme des quartiers pauvres laisse son riche employeur abuser d’elle). Le développement des outils numériques (et des petites caméras peu chères) va par la suite permettre à beaucoup de cinéastes de faire de plus en plus de films en peu de temps : de nombreux films sont tournés en une dizaine de jours.

Désormais, c’est le réalisateur Brillante Mendoza qui apparaît comme le chef de file du cinéma philippin. Ses films ont presque tous été sélectionnés et primés dans les festivals majeurs en Europe, comme Le Masseur (2005, Locarno), John John (2007, Cannes), Tirador (2007, Toronto), Serbis (2008, Cannes), Lola (2009, Venise), Kinatay (2009, Cannes, prix de la mise en scène), Captive (2012, avec Isabelle Huppert, Berlin).... Ils sont également sortis en salles en France et sont disponibles en dvd. Et c’est justement Brillante Mendoza qui est le président du jury de ce 20e FICA. Vesoul va projeter 5 de ses films dont son avant-dernier film Thy womb (2013, présenté à Venise) resté encore inédit, et en avant-première son tout nouveau film Sapi.

Vesoul montre aussi les nouveaux cinéastes qui comptent aux Philippines  à travers un panel de films comme The Bet collector (2006) de Jefrey Jeturian, Independencia de Raya Martin (2009), Manila Skies (2012) de Raymond Red (ainsi que son court-métrage Anino palme d’or en 2000),  Busong (2011) de Aureus Solito, Posas de Lawrence Fajardo (2012), The story of Mabuti (2013) de Mes de Guzman, Death March (2013, sélectionné à Cannes) de Adolfo Alix Jr, Here comes the bride (2010) et The woman in septik tank (2011) en présence de la star Eugene Domingo.

En tout, ce Regard sur le cinéma philippin rassemble plus d’une vingtaine de films couvrant la période 1975-2013 et dont la plupart sont inédits ou en avant-première française. A noter que, pour ce qui est des films en compétition, on retrouve la nouvelle figure montante des Philippines, depuis son premier film Baby factory (le quotidien d’une maternité à travers différentes mamans, infirmières, bébés), le réalisateur Edouardo Roy Jr (34 ans), qui est invité à Vesoul pour son second film Quick change (sélectionné au festival de Berlin en ce moment) où il sera question de transsexuels et de trafic illégal de produits de chirurgie esthétique…

Depuis une dizaine d’années, il y a un nouvel âge d’or du cinéma philippin, et c’est le FICA de Vesoul qui en expose ses multiples facettes.

L’instant Court : On duty with Shu Qi

Posté par kristofy, le 14 février 2014

Comme à Ecran Noir, on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Matriarche réalisé par Guillaume Pierret, voici l’instant Court n° 130.

Le FICA de Vesoul consacre une nouvelle fois une sélection à un pays d'Asie francophone, cette année il s'agit du Vietnam. Au programme, plus d'une dizaine de films, dont des documentaires et des films d'animation, en présence notamment des réalisateurs Dang Nhât Minh pour Quand viendra le dixième mois (inédit), et Bui Thac Chuyen pour Vivre dans la peur et Vertiges.

Au Vietnam, le Yxine Film Festival est l'un des évènements consacrés aux courts métrages. En 2012, le prix du public a été décerné au court-métrage On duty with Shu Qi réalisé par Do Quoc Trung : La fille la plus jolie de l'école doit s'assoir à côté du jeune homme le plus timide et aucun d'entre eux ne semble heureux avec le nouvel arrangement...

Vesoul 2014 : retour en images sur la soirée d’ouverture

Posté par MpM, le 13 février 2014

La cérémonie d'ouverture du 20e Festival des cinémas d'Asie de Vesoul a mis l'accent sur les arts asiatiques dans tous leurs états, de l'art martial Jô do au chant traditionnel vietnamien, en passant par le conte et les danses folkloriques philippines... et sans oublier le cinéma !

Florilège en images des temps forts de la soirée :

Vesoul 2014 : l’Asie vue par Armande Boulanger

Posté par kristofy, le 13 février 2014

Le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul fête ses 20 ans ! Tant de passion et d'énergie à transmettre l'amour des films asiatiques depuis une vingtaine d'années, et cela est partagé : quelques cinéphiles qui aiment ces films évoquent leur rapport avec le cinéma asiatique.

Armande Boulanger est une jeune actrice de 17 ans que l'on a pu voir dans le film Au bonheur des ogres (avec Raphaël Personnaz, Bérénice Bejo, Emir Kusturica, Guillaume De Tonquédec, Mélanie Bernier...) dont le dvd/blu-ray sera disponible le 26 février. Elle sera aussi la révélation du film La Pièce manquante qui sortira en salles le 19 mars (avec Philippe Torreton et Lola Dueñas).

Ce jeune talent à suivre nous a confié ses plus beaux souvenirs de cinéma asiatique :

"Tout le monde décède un jour mais personne ne meurt"
Cette réplique est tirée de Le chien jaune de Mongolie (à Vesoul en 2006) de Byambasuren Davaa, la réalisatrice de L'histoire du chameau qui pleure (à Vesoul en 2005). C'est l'histoire d'une petite fille qui trouve un chien abandonné et décide de le garder malgré le refus de ses parents. Mon père m'avait emmené le voir au cinéma, je devais avoir sept ans, presque le même âge que le personnage principal. J'avais adoré ! Il y avait les couleurs: le vert, le jaune et le bleu... Il y avait cette famille d'éleveurs de moutons qui déménageait sans cesse. Et on observait. Le rapport à la nature de l'autre bout du monde. Les montagnes, les nuages, le vent. Ce qu'ils mangeaient, ce qu'ils disaient, ce qui les effrayaient. Et leurs croyances, la valeur de la vie humaine, cette préoccupation de savoir en quoi les enfants vont se réincarner. Ce film est constamment entre le conte et le documentaire, et la ville n'est jamais montrée. On ne voit que la nature, la tradition, on assiste aux gestes du quotidien, aux repas. J'ai appris par la suite que ce n'était pas des acteurs professionnels, que la réalisatrice a filmé les membres d'une vraie famille.

Mis à part les films d'animations de Hayao Miyazaki, le premier film asiatique qui m'a impressionné est Tigres & Dragons de Ang Lee. Il y a cette séquence magnifique de duel dans les bambous, les acteurs ont l'air si légers que notre œil oublie les effets spéciaux. Le dernier film asiatique que j'ai vu est Castaway on the Moon, un film sud-coréen réalisé par Lee Hae-joon , l'histoire de deux solitaires qui cherchent à retrouver le goût de la vie. Ce film montre une solitude que je retrouve souvent dans le cinéma d'Asie, par exemple dans The Taste of Tea ou encore Tokyo! pour le segment réalisé par Bong Joon_Ho. À la fois au cœur du monde et isolé des autres, un regard qui observe les choses (voir son propre corps) avec distance. Peut-être un moyen d'accéder à la poésie...

Vesoul 2014 : une ouverture sous le signe des arts asiatiques

Posté par MpM, le 12 février 2014

La 20e édition du Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul s'est ouverte mardi 11 février devant une salle comble soucieuse de rendre un hommage appuyé aux créateurs et organisateurs de la manifestation, Martine et Jean-Marc Thérouanne, qui, contre l'avis de presque tout le monde, eurent en 1995 l'idée, l'envie et l'énergie de faire naître un festival à la fois exigeant et populaire dans cette petite commune de Haute Saône.

La soirée a donné un avant-goût des deux compétitions-phare du Festival (fictions et documentaires), ainsi que sur ses principales sections thématiques, et a permis de découvrir les membres des différents jurys présents, tels que Brillante Mendoza, président du jury international, Roshane Saidnattar, membre du jury NETPAC ou encore Taraneh Alidoosti, membre du jury international.

Mais les organisateurs avaient surtout choisi de mettre l'accent sur d'autres aspects moins connus de la culture asiatique, comme la danse ou la poésie.

Se sont ainsi succédés sur scène la conteuse Flora Mercier, qui a évoqué la liberté que procure l'art ; des experts de l'art martial Jô do, qui ont fait une démonstration de quelques katas ; le Huong Thanh Trio qui a interprété trois chants traditionnels vietnamiens et le groupe Sandigan qui a exécuté plusieurs danses folkloriques philippines, dont le "pandanggo sa Ilaw" (littéralement : danse de lumière).

Toutefois, c'est bien le cinéma qui a clos la soirée puisque les festivaliers ont pu découvrir en grande avant-première FICA : nos 20 ans, le documentaire consacré au Festival par deux membres de l'équipe, Jean-Claude Boisseaux et Marc Haaz. L'occasion de revoir des images d'archives des éditions précédentes et de mieux saisir la logistique qui entoure l'organisation d'une manifestation telle que celle de Vesoul.

C'est désormais parti pour une 20e édition riche en films (100), en découvertes, en rencontres et en festivités : Happy birthday, Vesoul !

Vesoul 2014 : 5 invités d’honneur qui ont marqué le Festival

Posté par MpM, le 11 février 2014

A l'occasion de la 20e édition du Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul qui débute ce mardi 11 février, retour sur les temps forts qui ont jalonné l'histoire de la manifestation.

Entre 1995 et 2014, le FICA a présenté le travail de 684 réalisateurs venus de 49 pays et a remis 13 Cyclos d'honneur aux plus hautes personnalités du cinéma asiatique. Cette année, c'est le cinéaste philippin Brillante Mendoza, président du jury international, qui sera ainsi distingué.

En attendant ce temps fort de l'édition anniversaire, sélection arbitraire de cinq réalisateurs ayant reçu un Cyclo d'honneur, qui ont à la fois marqué l'histoire du festival et celle du cinéma mondial.

Hou Hsiao Hsien (2006)

Hou Hsiao Hsien et Jean-Marc ThérouanneCe maître taïwanais figure parmi les plus grands réalisateurs du monde, toutes nationalités confondues. Sélectionné et primé à plusieurs reprises dans les grands festivals internationaux (Lion d’or à Venise en 1989 pour La Cité des douleurs, Prix du Jury à Cannes pour Le Maître de marionnettes en 1993...), il est venu à Vesoul en toute amitié pour une rétrospective d'envergure autour de son œuvre en tant que réalisateur, mais aussi scénariste et même acteur.

Les festivaliers se souviennent de sa simplicité et de son goût immodéré pour la marche à pied dans les rues vésuliennes. Peut-être l'un des seuls endroits au monde où personne ne vient l'importuner ?

A l'occasion de sa "leçon de cinéma", le cinéaste avait révélé la préoccupation qui est au cœur de son travail : "Je ne veux pas être un moraliste : je m’intéresse à l’être humain, à la manière dont il coexiste avec la nature. Autrefois, les gens naissaient de la nature. Aujourd’hui, ils naissent de la société. Mon but, c’est de retrouver la place de l’être humain."

Stanley Kwan (2008)

stanley kwan Injustement méconnu en France où nombre de ses films n'ont jamais été distribué, Stanley Kwan est pourtant un cinéaste et producteur majeur de Hong Kong. Son esthétisme flamboyant et la manière très intime qu'il a de parler des femmes rendent son style reconnaissable entre tous. Il a d'ailleurs reçu un Ours d'argent au festival de Berlin en 1992 pour Center stage, qui valut à Maggie Cheung le prix d'interprétation féminine.

A Vesoul, il a obtenu le Cyclo d'or en 2002 pour Lan Yu, magnifique histoire d'amour entre deux hommes, puis est revenu présenter une vaste rétrospective de son travail, et recevoir le Cyclo d'honneur de la 14e édition du Festival. Les festivaliers qui l'ont croisé cette année-là ont tous été frappés par sa simplicité, sa grande disponibilité et son immense gentillesse.

Mohsen Makhmalbaf (2009)

famille makhmalbafMohsen Makhmalbaf, considéré avec Abbas Kiarostami comme l'un des chefs de file de la nouvelle vague iranienne, a reçu à Vesoul le 100e prix de sa carrière. Il avait d'ailleurs tenu à partager ce Cyclo d'honneur avec sa femme Marzieh Meshkini et sa fille Hana, également réalisatrices. A l'occasion de leur présence à Vesoul, le FICA avait présenté une rétrospective des films de la Makhmalbaf film house, la maison de production du cinéaste, dont certains sont inédits en France.

Il s'expliquait alors ainsi sur la nature singulière de son cinéma : "Je suis à la recherche d’un réalisme poétique. Réalisme, car si le cinéma s’éloigne trop de la vie, il perd son âme. Et poétique car, s’il s’approche trop de la vie, s’il est trop réaliste, cela ressemble à la vie de tous les jours et ça n’a pas d’intérêt non plus. Le mouvement de balancier entre ces deux aspects m’intéresse pour ne pas rester trop terre à terre."

Jafar Panahi (2010)

jafar panahiLe prisonnier politique le plus connu d'Iran, sous le coup d'une interdiction de travailler depuis décembre 2010, est venu à Vesoul en 2004 pour présider le jury international. Il aurait dû être de retour six ans plus tard à l'occasion de la 16e édition du festival qui rendait hommage aux artistes iraniens engagés en lui décernant, ainsi qu'à l'actrice Fatemeh Motamed-Arya, un Cyclo d'honneur. Privé de visa, il n'avait pu faire le voyage, et, quelques mois plus tard éclatait le scandale autour de sa condamnation.

En 2011, Jafar Panahi était une fois de plus absent du FICA qui lui réaffirmait son soutien en montrant en clôture l'un de ses films les plus emblématiques, Le cercle (lion d'or à Venise). Le cinéaste, dont on a découvert avec beaucoup d'émotion le dernier film Pardé à Berlin en 2013, ne sera vraisemblablement pas l'invité surprise de l'édition anniversaire de la manifestation, dans la mesure où il est toujours officiellement assigné à résidence.

Kore-eda Hirokazu (2012)

Le Japonais Kore-Eda Hirokazu, sélectionné et primé à plusieurs reprises à Cannes (Nobody knows, Tel père, tel fils), était présent au FICA lors de sa 18e édition pour présenter en avant-première son film I wish et accompagner une rétrospective de ses 14 films (documentaires et fictions réunis pour la première fois), dont la moitié étaient jusque-là inédits en France.

Extrêmement modeste, le réalisateur s'était dit "intimidé" à l'idée que les festivaliers puissent ainsi découvrir l'ensemble de son oeuvre. "J’ai honte", déclarait-il. "J’ai aussi beaucoup de nostalgie. Je trouve que c’est important de revoir ce que l’on a fait dans le passé, ça me permet de reconsidérer ce que je pensais à l’époque et aussi certaines erreurs, c’est important pour avancer. Mais j’ai un peu honte parce que c’est un peu la même impression que lorsqu'on regarde une vielle photo de l’époque étudiant avec un motif de tshirt ringard et une coupe de cheveux démodée."

Crédits photo : Michel Mollaret et MpM

Vesoul 2014 : le Vietnam, les Philippines et la jeunesse au menu de la 20e édition

Posté par MpM, le 26 janvier 2014

vesoul 2014Le 20e Festival des cinémas d'Asie de Vesoul, qui se tiendra du 11 au 18 février 2014, s'annonce une fois de plus comme une grande fête de toutes les cinématographies venues du continent asiatique, du Proche à l'extrême Orient, avec un programme éclectique et d'une grande richesse. Petit tour d'horizon des temps forts de cette édition anniversaire :

- une rétrospective consacrée au réalisateur Brillante Mendoza (Lola, Kinatay, Serbis...), qui est le président du jury et Cyclo d'honneur de cette édition 2014 ;

- un focus sur le cinéma philippin, avec 21 films clés des 40 dernières années, dont l'avant-première de Death March d'Adolfo Alix Junior, présenté à Cannes en 2013, la première française du nouveau film de Brillante Mendoza, Sapi, et la première européenne de The Story of Mabuti de Mez de Guzman ;

- un focus sur le cinéma vietnamien qui réunit 7 longs métrages de fiction, 4 documentaires et 4 films d'animation dans le cadre de l'année France-Vietnam ;

- une section thématique consacrée à la jeunesse : "Avoir 20 ans", qui mêlera les regards sur la jeunesse de Jia Zhang-ke (Plaisirs inconnus), Takeshi Kitano (Kids return) ou encore Hany Abu-Assad (Omar) ;

- une carte blanche des organisateurs qui propose des œuvres essentielles de l’histoire des cinémas d’Asie et des films qui leur tiennent particulièrement à cœur et qu’ils n’avaient pas encore eu l’occasion de faire connaître au public du FICA, parmi lesquelles Les démons à ma porte de Jiang Wen, L'hirondelle d'or de King Hu ou Ini Avan, celui qui revient d'Asoka Handagama ;

- Et bien sûr, la compétition officielle qui se décline en une compétition de neuf longs métrages de fiction (Japon, Philippines, Thaïlande, Iran, Turquie...) et une compétition documentaire composée de huit films venus d'Azerbaidjan, de Syrie ou encore de Taïwan.

Ecran Noir est particulièrement fier d'être partenaire de cette 20e édition d'un Festival qui a précédé, puis accompagné, l'engouement du monde occidental pour toutes les formes de cinéma asiatique. Depuis 2006, la rédaction se délocalise le temps d'une semaine dans la plus asiatique des villes de l'Est de la France pour vous faire vivre en direct cette manifestation incontournable. Rendez-vous donc à Vesoul dès le 11 février pour célébrer comme il se doit ce très bel 20e anniversaire... et commencer déjà à penser aux 20 prochaines années ?

____________________

20e Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 11 au 18 février 2014
Programme et informations sur le site de la manifestation

A découvrir, la bande-annonce :