L’instant Court : Tune for two réalisé par Gunnar Järvstad

Posté par kristofy, le 8 avril 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Fuck You, clip de Lily Allen réalisé par les français AB/CD/CD, voici l’instant Court n° 27.

Depuis mercredi dernier, il est beaucoup question de meurtres dans les nouveaux films à l’affiche. Le flingueur : Jason Statham est en petite forme, un film qui se flingue lui-même...  Essential Killing : Jerzy Skolimowski et Vincent Gallo portent jusqu'au bout ce film extrême où la survie d'un homme, entre errances et instinct, conduit à un minimalisme radical.

Tuer ou être tué, telle est la question. L’assassinat est tellement présent dans tous les genres de cinéma (thriller, drame, science-fiction, comédie…) que c’est bien entendu aussi le thème de nombreux films courts. Beaucoup de courts-métrages avec un meurtre ne sont guère crédibles faute de moyens (on voit que les armes sont des jouets en plastiques) ou de préparation (les tueurs sont joués par des comédiens trop amateurs). Ce qui serait remarquable, ce serait par exemple un film court sans aucun dialogue qui soit vu en même temps depuis n’importe quel pays sans problème de compréhension, ce qu'a justement réussi une équipe suédoise avec un vrai sens cinéma du cadrage et du montage.

Voila donc le court-métrage Tune for two réalisé par Gunnar Järvstad. En moins de trois minutes, on y voit en même temps la nature violente de l’acte de tuer, et en même temps son absurdité contre-nature. Une exécution sommaire va prendre une tournure aussi originale qu’inattendue…

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Tune for two.

Jeu concours Outrage de Takeshi Kitano : 10 DVD à gagner

Posté par MpM, le 1 avril 2011

outrageTakeshi Kitano a fortement contribué à faire connaître, voire à populariser en Occident, les clans de yakuzas, équivalents japonais des triades chinoises et de la mafia sicilienne. Comme leurs homologues du monde entier, les yakuzas pratiquent le racket et l'extorsion, organisent les paris clandestins, gèrent la prostitution et s'occupent de différents trafics, ce qui donne une grand latitude pour des films d'action violents et haletants.

Dans Outrage, Takeshi Kitano reprend le motif du film de yakuzas qui l'a fait connaître en Europe (Sonatine), mais sur une modalité différente, beaucoup plus cynique et désenchantée qu'autrefois.

Ainsi, ses personnages n'obéissent plus à aucun code d'honneur et ne sont mûs que par la soif du pouvoir et l'appât maladif du gain qui les poussent à s'entretuer. Devenu maître dans l'art du cynisme et de l'humour noir, le réalisateur s'en donne à coeur joie dans la violence stylisée et parfois même la surenchère sanglante. Le brio et le panache de sa mise en scène ont fait sensation à Cannes où le film était présenté en compétition l'an dernier.

A l'occasion de la sortie du DVD le 1er avril, Ecran Noir vous fait gagner 10 DVD. Pour participer au tirage au sort, il suffit de répondre à la question suivante :

Avant Outrage, Takeshi Kitano est resté dix ans sans réaliser de véritable film de gangsters. Dans le dernier, il incarnait un yakuza qui, après avoir refusé de se soumettre à un clan adverse, s'exilait aux Etats-Unis. Comment s'appelait ce film ?

Votre réponse et vos coordonnées postales sont à envoyer par courriel avant le 8 avril 2011. Aucune réponse postée dans les commentaires du site ne sera prise en compte.

The square : polar à l’australienne

Posté par MpM, le 16 janvier 2009

The squareL’histoire : Ray et Carla entretiennent une liaison secrète qui leur donne totale satisfaction, jusqu'au jour où le mari de Carla revient à la maison avec un sac rempli de liasses de billets. La jeune femme n’a alors plus de cesse que de s’enfuir avec l’argent. Elle finit par convaincre son amant de l’aider.

Ce qu’on en pense : Pour son premier film, l’Australien Nash Edgerton a choisi le terrain balisé du polar traditionnel dont il a apparemment parfaitement intégré les codes et les règles. Privilégiant les rebondissements psychologiques, son film exhale une tension lourde et poisseuse renforcée par la quasi absence de scènes spectaculaires. Ce à quoi on assiste, c’est à l’implacable mutation des personnages qui basculent méticuleusement de la normalité ordinaire à la violence et au crime. Cette énième variation sur le thème de la fatalité (un seul grain de sable suffit à enclencher la machine infernale) se double d’une réflexion sur la part d’humanité de chacun. Jusqu’où est-on prêt à aller par amour, par appât du gain ou tout simplement pour sauver sa peau ? Même si la morale finale est prévisible (le crime ne paie pas), on passe un bon moment à observer la lente et cruelle déchéance d’un Monsieur Toutlemonde confronté aux simples mais explosives conséquences de ses actes.

Secret défense : hymne à l’insécurité

Posté par MpM, le 8 décembre 2008

secret defense film
"Un agent n’est pas un être humain, c’est une arme."

L’histoire : Les destins parallèles d’une étudiante (Vahina Giocante) recrutée par les services secrets français et d’un dealer qui se laisse prendre aux sirènes du terrorisme.

Ce que l'on en pense : Sur l’air d’"On vous cache tout, on ne vous dit rien", Philippe Haïm s’essaye au film d’espionnage à l’américaine, c’est-à-dire nerveux, haletant et spectaculaire. Hélas, la succession de scènes ultra-courtes et le morcellement artificiel de l’intrigue ne permettent pas au récit de s’installer. La musique tonitruante et répétitive tente de palier l’absence de rythme mais parvient surtout à casser les oreilles du spectateur. Clinquant, moderne… et surtout sans aucune personnalité.

Ce n’est guère mieux du côté du propos qui, sous couvert de dénoncer les méthodes détestables des terroristes et des services secrets (en vrac, car le film assimile les deux), distille angoisse et paranoïa, théorie du complot et insécurité latente. Non seulement les autorités ne font rien pour lutter contre l’attentat chimique fomenté par une poignée d’extrémistes religieux, mais en plus la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) est constituée d’une bande d’incapables et de salauds. Du coup, on ne comprend pas bien par quel miracle les méchants poseurs de bombe échouent… mais il faut reconnaître que les retournements de situation de rigueur achèvent de tout embrouiller.

Enfin, on reste circonspect devant le traitement des relations entre religion et terrorisme. L’intolérance du personnage interprété par Gérard Lanvin place le spectateur face à lui-même et crée une certaine ambivalence : on est choqué par le comportement de son personnage de directeur du contre-terrorisme de la DGSE (qui persécute l’un de ses agents car il est musulman pratiquant) mais on est également gêné d'assister à une manifestation religieuse ostentatoire dans une administration d’état laïque. Du coup, on est gêné d’être gêné. Cela semble d’ailleurs être également le cas du réalisateur, qui se dédouane en organisant un dialogue édifiant de didactisme entre un croyant fanatique et un musulman modéré. Bilan de la conversation : il y a moins de point commun entre ces deux hommes qu’entre un Musulman et un Athée. Réaffirmer ce genre de principe essentiel semble partir d’un bon sentiment, mais la question est de savoir si l’on en avait vraiment besoin…

Bangkok dangerous : risque d’ennui profond

Posté par MpM, le 27 août 2008

Bangkok dangerousL'histoire : Kong, le meilleur tueur à gages du marché, vient exécuter ses quatre derniers contrats à Bangkok. Après, une monstrueuse somme d'argent et une retraite dorée l'attendent. Mais, lassitude ou imprudence, il transgresse au bout de quelques jours les principes fondamentaux qui gouvernent son existence en tombant amoureux et en commençant à se poser des questions sur son travail...

Notre avis : D’habitude, un titre comme Bangkok dangerous laisse supposer que l’on a affaire à un film d’action. On est d’autant plus sûr de ne pas se tromper qu’il s’agit du remake du film éponyme réalisé par les mêmes frères Oxide et Danny Pang en 2003, et qui s’attachait aux pas d’un tueur à gages sourd et muet animé d’une folie meurtrière incontrôlable. Sauf qu’en réalité, on a plutôt l’impression que, quitte à cachetonner, Nicolas Cage s’est offert des vacances en Thaïlande où il joue les touristes avec un parfait naturel. Il apprivoise un éléphant, goûte à la gastronomie locale, s’intéresse au folklore et, bien sûr, tombe amoureux. Entre deux excursions, il exécute quand même un contrat, vite fait bien fait, sans éclat. Question spectacle et suspense, on en est pour nos frais. Il faut même attendre la deuxième moitié du film pour qu’il se passe enfin quelque chose d’un peu animé : une course poursuite en bateau qui s’achève par une amputation improvisée.

S’en suivent fort logiquement une fusillade, de très jolies explosions et une séquence finale comme on les aime : seul contre tous, le héros élimine un à un les méchants pour obtenir vengeance et rédemption. Pas mal, mais tardif. Et surtout, filmé n’importe comment, à grands renforts de flashs et de fondus tapageurs qui donnent l’impression que l’écran n’est plus qu’une immense guirlande clignotante. Histoire de meubler, la musique qui passe en boucle ressemble à celle des pires jeux vidéo, répétitive, sans consistance et horripilante au bout de deux parties. Il n’y a définitivement pas grand-chose à sauver dans ce remake inutile, et surtout pas la psychologie des personnages, qui sert de caution morale à l'ensemble alors qu'elle est quasiment inexistante ! Même Nicolas Cage, qui parvient d’habitude à insuffler second degré et profondeur à ce genre de rôle, promène sans conviction son air d’enterrement d’un bout à l’autre de Bangkok. Affublé d’une coupe ridicule, d’une voix-off d’outre-tombe et de principes stéréotypés qu’il s’empresse de transgresser, il a surtout l’air d’attendre que quelqu’un mette une fin à tout ça, ce qui lui fait au moins un point commun avec le spectateur.