Cannes Classics 2015 : Panique de Julien Duvivier (1946)

Posté par kristofy, le 15 mai 2015

Michel Simon, encore plus imposant que d’habitude avec une barbe, fait quelques courses avant de rentrer : il est poli avec le boucher, il est courtois avec la crémière, il est aimable avec une fillette en lui offrant une pomme. Le cadavre d’une femme étranglée est découvert et tout le monde se précipite pour aller voir, mais pas lui. Lui habite seul dans une chambre d’hôtel, son caractère un peu bougon n’en fait pas un ami. En même temps la séduisante jeune femme Viviane Romance arrive en ville et s’installe dans le même hôtel, leurs fenêtres font face et lui qui l’observe est épris : mais elle est revenue pour les beaux yeux du voyou Paul Bernard… Michel Simon et son grand cœur pour conquérir la jeune femme révèle qu’il sait des choses sur l’assassinat qui fait parler toute la ville. Le voyou qui veut se débarrasser de ce rival voudrait que l’autre soit suspect, la jeune femme se retrouve au milieu d’une intrigue trouble…

« C’est un  voleur, un tricheur, un assassin, mais il fait de moi ce qu’il veut, aidez-moi !
Pour le perdre ou pour le sauver ? »

Panique est le premier film réalisé par Julien Duvivier après la guerre : en septembre 1946 il est présenté à la Mostra de Venise avant de sortir dans les salle janvier 1947, et c’est donc une nouvelle copie restaurée (en 2K) que l’on découvre cette année à Cannes (qui sera éditée en dvd). Duvivier est devenu cinéaste à l’époque des films muets avant les films parlants, avant la seconde guerre mondiale il fait de Jean Gabin son acteur fétiche avec par exemple Pépé le Moko en 1937 (il le dirigera 7 fois). Durant la guerre il s’exile aux Etats-Unis et continue de tourner, ensuite il révèlera au public l’acteur Fernandel dans le rôle du curé Don Camillo (ils tourneront 4 films ensemble).

Panique rassemble un trio de personnages où chacun se joue des autres dans une histoire où le fait divers d’un assassinat secoue les autres habitants. Les questions de ‘qui a tué’ et ‘qui sera accusé’ pourraient avoir une réponse différente… Ce film, qui arrive donc au moment de la libération, intègre d’ailleurs quelques éléments en rapport avec l’époque : un homme qui veut se faire bien voir s’empresse de collaborer avec la police, les habitués du bar soupçonnent vite les étrangers forains, la foule emmenée notamment par le boucher veut dénoncer leur coupable…

A noter que cette histoire filmée par Julien Duvivier est racontée à Cannes pour la seconde fois, il s’agit en fait de l’adaptation du roman Les Fiançailles de Monsieur Hire de Georges Simenon. Patrice Leconte en a fait lui aussi une adaptation (en fait un remake assez différent du film de 1946) avec son film Monsieur Hire, en vedette Michel Blanc et Sandrine Bonnaire : il était en compétition au Festival de Cannes en 1989 et avait reçu aussi 7 nominations pour un César.