Premières claques au Festival européen du film fantastique de Strasbourg

Posté par matthieu, le 18 septembre 2012

Le 5e festival européen du film fantastique de Strasbourg a commencé la semaine avec When the lights went out, un long-métrage inspiré d'un fait réel survenu dans le Yorkshire dans les années 1970, présenté comme une des plus grandes histoires de poltergeist connues d'Europe, histoire à laquelle s'est retrouvée liée la famille du réalisateur Pat Holden.

Dès son début, le film affiche une certaine élégance dans sa photographie et s'attache à restituer l'ambiance visuelle de l'époque, tant par les vêtements, les coupes, que par la situation économique du pays. Le cinéaste présente une famille anglaise, bourgeoise et huppée, occupant une belle maison. Ce n'est pas la crise qui va venir les éreinter mais une histoire de fantôme errant dans leur demeure. Chacun réagira alors de différentes manières face aux événements qui surviennent.

Le casting est remarquablement bien choisi et aucun acteur - pas même en second rôle - ne fait défaut. Le long métrage ne perd jamais de temps, jalonné de scènes d'épouvante, tantôt efficaces par les bruitages, tantôt trop soulignées par ces mêmes bruitages. On retient au final une oeuvre plutôt réussie.

Doomsday book signe le grand retour de Kim Jee-woon, le réalisateur d'I saw the devil entre autres, aux côtés de on acolyte Yim Pil-Sung pour cette oeuvre composée de trois moyens-métrage. Le segment du milieu, le seul de Kim Jee-woon, s'avère être le plus intéressant.

Outre son indéniable pédanterie, le robot dans l'univers bouddhiste est une idée originale. Le fait que l'on voue un culte à ce robot déclaré comme étant Bouddha offre de multiples réflexions sur la relation qu'entretient l'homme avec l'esprit et la matière. Surtout, cela conduit à un spectacle visuel singulier avec ce robot au centre du cadre de ce temple somptueux. D'une manière sous-jacente, et quoique ce segment se compose d'un abus de verbiages explicites, il fait la relation entre Dieu et la robotique, la perfection que les deux peuvent signifier pour l'homme et qui subissent le même destin de destruction, étant perçus comme un danger.

Les deux autres parties, sortes de série B délirantes, fonctionnent plutôt bien elles aussi, mais sont plus inégales. Reste une ironie bien fichue et un sens correct, quoiqu'excessif, de la dérision.

Pour finir la journée, Antiviral du fils Cronenberg, déjà vu à Un certain regard à Cannes et prix nouveau talent du cinéma canadien à Toronto, se révèle complètement fou et conceptuel, autant dire qu'il va déchaîner les passions et recevoir tout aisément des avis très divers dans la même veine que les films de son père, dont le style se retrouve beaucoup ici.

Choisissant de s'installer dans un un futurisme - pas si éloignée - dans laquelle le star système aurait explosé au point que les maladies de celles-ci se vendent comme des petits pains, Antiviral ose déjà la subversion par son portrait d'une société complètement malade, au sens propre du terme. Pas vraiment hermétique non plus, le film reste extrêmement froid, en cause : une mise en scène hyper clinique dans un univers paroxysmique qui exalte la perfection de la beauté pour faire vendre tout et n'importe quoi.

Antiviral est donc à la fois une réelle proposition de cinéma sans concession mais également un film interminable puisqu'arrive l'inévitable instant où l'on décroche pendant une bonne partie du film. La faute à un protagoniste (à l'image de Pattinson dans Cosmopolis) glacial et qui nous laisse de côté pendant une grande partie de l'histoire, avant de sombrer, heureusement, dans une folie prenante, joué avec ardeur par Caleb Landry Jones, qui en met vraiment plein la vue dans le dénouement.

Force est de constater qu'il s'en dégage quelque chose d'unique doublé d'un exercice de style assez maitrisé. Brandon dans les pas de David?