ecran noir, le ciné zine de vos nuits blanches

Jean Marais

Courrier

Visionné le 04.02.98, Centre Eaton, Montréal

Le Film

La bourse ou la vie

Dans l'oeuvre de Philippe De Broca, on notera un sérieux penchant pour les fresques aventurières, les hommes en quête de la soubrette idéale, les héros anonymes et les péripities voyageuses.
Le Bossu n'échappe pas à la règle. proche à la fois de Cartouche et du Diable par la queue, de Chouans et de L'homme de Rio, il pourrait symboliser une sorte de synthèse de son oeuvre.
Si ce n'est que Le Bossu, à la fin de l'envoi, ne nous touche pas.

Grand divertissement labellisé qualité française, Le Bossu est un remake. Un bon remake. L'histoire se prête au 7ème art, avec des personnages cupides, perfides, valeureux et même amoureux. Bref du grand spectacle en perpective.
Rêve d'un producteur, on se retrouve avec une équipe technique parmi les meilleures, un scénario mêlant action et humour, et un casting de stars.
Auteuil, Luchini, Pérez, Gillain, Nebout et Noiret.
Si Luchini ne brille pas par son originalité (notamment à cause d'un script le réduisant à peu de scènes), Daniel Auteuil est convaincant et admirable. Plein de fougue.
Le reste de la distribution nous charme.

Seulement, de panache, point. Surtout à la fin. Une fin qui finit en queue de poisson, un peu rapide, résumée lapidairement pas un Luchini expectatif, voyant tomber mort, son homme de main et protecteur: "C'est embêtant."
Pas plus que ça. C'est donc juste ennuyeux que les principaux duels soient raccourcis à quelques échanges de moins de 2 minutes.
Mais la faute revient à un montage peu original et parfois longuet (d'un classicisme navrant presque) et surtout à un scénario académique au possible. Pire maladroit.
Au bout de 4 "Botte de Nevers", pourtant le coup suprême, l'apothéose du duelliste, le spectateur se lasse. Que dire aussi de cette longue transition entre un Auteuil soi-disant jeune (on n'y croit pas) et une Gillain adolescente.

Cette errance et ce final avorté ne font pas du bossu le grand divertissement attendu. Faire un remake, c'est aussi réadapté une histoire en fonction de ce que le cinéma a appris entre temps.
Là il s'agit juste d'une répétition.


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