ecran noir, le ciné zine de vos nuits blanches

vodka martini

Courrier

Visionné le 29.12.97, Le Parisien, Montréal

Le Film
Best of James Bond

Meurs donc!

La recette consiste à doser savamment le cocktail: des jolies femmes, des gagdets inédits et ingénieux, un vilain apocalyptique, des voyages en première classe, une réception grandiose, et une mission absurde.
Vous secouez le tout au shaker et vous servez un film explosif. Mais là, comme la recette a été remuée à la petite cuillère, la saveur change du tout au tout.

Le film est une succession de scènes sans réel fil conducteur. Le héros, Bond, James Bond, nous fait croire à une enquête, résolue de manière finalement assez simple, sans grande complexité, et totalement incohérente.
On nous distribue des images comme on veut nous gaver d'un plat sans aucun goût. Le scénario est le maillon très faible de ce 18ème 007 officiel. Un jeu d'arcades où l,espion britannique se transforme en homme d'action, ne sachant même pas utiliser un clavier informatique en chinois.

C'est là le principal problème de JB. Il n'est plus infaillible. A peine parfait. Il ne sait pas tout et il a même besoin d'une collègue communiste pour donner du peps à ses combats. Michelle Yeoh lui vole la vedette, avec panache.
Judi Dench aussi d'ailleurs. Son personnage de M s'est étoffé, et elle incarne la chef à laquelle Bond obéït comme un soldat. On réutilise avec plus ou moins de bonheur un agent de la CIA ridicule, un Q sénile et immobile.
Pierce Brosnan a beaucoup moins d'éclat que dans son premier essai. Et c'est sans parlé de Jonathan Pryce (absolument pas cérdible) ou de la "poupée" Teri Hatcher.

Décousu, le script n'est pas sauvé par les décors laids et quelconques, ni par l'humour assez facile.
Seule la marque BMW s'en sort mieux que dans GoldenEye, avec une scène de poursuite en moto dans Bangkok (impressionnante) et une chasse automatisée dans un parking de Hambourg.
Les autres scènes d'actions ne sont pas mémorables: l'ouverture comme le final ont été largement plus inspirés autrefois. Et la réalisation est plutôt redondante et banale.
Un film baclé au service de marques de supermarchés: Omega, Avis, Smirnoff, Ericsson, ...

Ce produit de marketing sans aucun but artistique est sauvé juste par un montage nerveux, un découpage efficace, professionnel, sans émotion. Un peu comme un meurtre commandité et de sang froid.
Celui du héros?


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