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Robert Deniro sur Ecran Noir
Edward Norton sur Ecran Noir
Marlon Brando sur Ecran Noir
Angela Bassett sur Ecran Noir
The Score

USA / 2001
Sortie en France le 08 août 2001

Fiche technique :
Production : Mandalay pictures
Réalisation : Frank Oz
(In & Out, Bowfinger)
Scénario : Kario Salem, Lem Dobbs, Scott Marshall Smith
Photo : Rob Hahn
Montage : Richard Pearson
Musique : Howard Shore
Durée : 123 mn

CASTING :

Robert de Niro (Nick) - Edward Norton (Jack / Brian) - Marlon Brando (Max) - Angela Bassett (Diane)

Nick Wells a une double vie. A Montréal, il est un honnête et chaleureux tenancier de club de jazz. Ailleurs, aucun coffre-fort ne lui a résisté. Il décide de raccrocher, de vivre peinard avec sa "blonde", une hôtesse de l'air, Diane.
Mais son vieil ami, Max Baron, ne l'entend pas de cette oreille. Il est piégé par une dette. Le dernier casse s'est soldé par un désistement du client-acheteur. Il a un train de vie considérable.
Il cède aux sirènes d'un jeune cambrioleur, génial et inventif, Jack. Max tente de faire unir Nick et Jack pour le meilleur et pour le pire, à l'occasion d'une mission impossible : voler un sceptre somptueux dans les sous-sols ultra-surveillés des Douanes du Canada. Nick en acceptant viole plusieurs deux de ses principes : travailler avec quelqu'un en qui il n'a pas confiance et travailler sur son territoire, dans sa ville.
Mais le pacte est scellé. Les repérages commencent. Et tout se complique.
Le hold up fascine le cinéma. Crime ou délit fortement visuel et parfait pour un bon suspens. Family Business réunissait aussi un trio de grands comédiens de trois générations différentes. On peut citer Le Casse avec Belmondo et Sharif, Hold Up avec Belmondo, Les Spécialistes de Leconte, La main au collet d'Hitchcock, les différentes Panthère Rose, Un poisson nommé Wanda, Absolute Power d'Eastwood, Entrapment avec Connery et Zeta Jones, Gambit avec Caine et MacLaine, etc... la liste est longue, et cela va de la comédie au thriller. Toujours impressionnant.
The Score est donc un film de plus dans le genre.
Mais il réunit Brando et De Niro, en plus de Norton et Bassett. Autrement dit quatre de splus brillants comédiens d'Hollywood. Brando et De Niro font partie de la trilogie du Parrain, mais les deux ne s'étaient pas croisés, et pour cause : De Niro jouait Brando jeune, ou plutôt Vito Corléone. Norton s'est fait remarquer avec trois films en 96 : Woody Allen, Primal Fear, Milos Forman. Et une nomination à l'Oscar. Le quatuor les cumule. Frank Oz a donc voulu réitérer l'exploit de Michael Mann : un duel Pacino/De Niro dans Heat, lui même issu du Parrain, devenant un duo Brando/De Niro.

La présence de Oz est plus surprenante. Réalisateur de Sesame street, du Muppets Show (TV, film, vidéo, jeu vidéo), il a surtout été connu pour ses comédies et ses films familiaux à n degrés : La petite boutique des horreurs, Le plus escroc des deux, Housesitter, L'inidien du placard... C'est avec In & Out, comédie romantique et sociale version gay et Bowfinger, satyre subtile d'Hollywood, qu'il accélère sa carrière et change de registre. Déjà The Score a fait 50 millions de $ aux USA. Et les critiques sont bonnes.
On note aussi qu'Oz est comédien dans les films de John landis, et dans la saga Star Wars.
L'ensemble du film a été tourné à Montréal. C'est un lieu de plus en plus demandé pour le stournages américains : moins coûteux notamment. Ces dernières années, The Jackal, Il était une fois en Amérique, Hold Up et Agnès de Dieu ont été tournés dans la métropole du Québec.
Le film a donc été produit pour 68 millions de $. Casting compris.

GOOD MATCH

De la part d'un réalisateur estampillé comédie et Muppets Show, The Score fait figure d'OVNI. Habile faiseur, Frank Oz signe donc un thriller conventionnel, techniquement très bien fait, mais qui s'avère aussi trop mécanique pour que l'artistique prenne le dessus : la ville et les acteurs participent ainsi énormément au plaisir de voir le film.
Les casses sont un genre en soi au cinéma. Qui s'y frotte pique nécessairement les idées, les clichés des références précédentes. The Score ne fait pas exception. Le hold up tel quel est une sorte de surenchère dans l'impossibilité de la mission. Ici, il est souvent invraisemblable, parfois incohérent, et jamais original ou innovant.
En cela, le montage prime sur le "climat" ambiant et les relations humaines. Seul le duo Brando/De Niro est épargné. La chimie fonctionne parfaitement entre ces deux vieux routards roublards du cinéma. Si ni l'un ni l'autre ne se forcent particulièrement à jouer leurs rôles d'héros fatigués, assurant leur minimum salarial, ils jubilent à brûler le celluloïd de leur génie passé.
Pour le reste, si l'interprétation des acteurs est impeccable, Norton et Bassett n'ont aucun moyen de développer leurs personnages au de là du premier degré. Au moins, Norton occupe une position centrale - qui rappelle Connery/Hoffman face à Broderick dans Family Business. Bassett reste en périphérie, avec des scènes manifestement amputées au montage, alors qu'elle est le principal motif de l'existence de ce "coup de poker".
Malgré toutes ces problématiques de script, le film fonctionne bien en ne rate pas son objectif.
The Score décortique précisément les imbroglios et arrières pensées, les coups tordus et manipulations, les rebondissements et trahisons. La trahison est d'ailleurs le thème central des rapports humains, et l'occasion des plus belles scènes, qu'elles soient romantiques, complices ou tendues. Elles déclenchent un processus de réaction en chaîne où chacun devient proie, chasseur, victime.
The Score marque surtout des points avec un suspens classique mais efficace. Les 20 dernières minutes, celles du casse, sont orchestrées avec une minutie de cambrioleur.
Bien sûr, on ne croit jamais à l'impossibilité du coup, faisant confiance au génie du braqueur. Cela enlève du piment. Mais, de bout en bout, on assiste à un bon match, un travail d'équipe de haut niveau, où le compliqué devient facile et où la complémentarité est un atout.
Cette morale basée sur la patience et la raison, tout en ne dévaluant pas l'importance du risque, contraste violemment avec la frénésie contemporaine. Montréal en cela est un bon choix de décor. Le sage Nick vit et travaille dans la Vieille ville, quasiment européanisée, tandis que l'ensemble de la ville se passe dans une cadre fortement américanisé. On note aussi le respect pour la langue locale, chose rare dans un film hollywoodien pour être souligné. Montréal apparaît comme le cinquième élément du film : à la fois lascive et moderne, schyzophrène et sympa. Comme le personnage principal du film.
Une harmonie parfaite dans un film classique.

- Vincy 

 (C) Ecran Noir 2001