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s o m m a i r e
Chronologie
Chiffres
Bilan 97/98/99
Miramax/Dimensions: 2 success stories
Films & Liens
C h r o n o l o g i e
1979 . Robert (dit Bob)
et Harvey Weistein créent Miramax Pictures. Mira est le prénom
de leur mère. Max celui du père. La boîte est familiale, d'entrée
de jeu.
La mission est simple: produire et distribuer des films qui sont
marginalisés par le circuit commercial. Durant les premières années,
Miramax se contentera de distribuer. Mais les années 80 sont cruelles,
et le marché indépendant est inexistant. Au milieu des années
80, les Weinstein songent donc à produire des films pour sauver
leur entreprise.
Le début des années 90 changeront la donne. Les spectateurs
commencent à se lasser des productions hollywoodiennes. Miramax
sort à l'époque des films de Greenaway (Le Cuisinier, le voleur,
sa femme et son amant), Jeunet-Caro (Delicatessen), Di Cillo (Johnny
Suede), Keshishian (In bed with Madonna), Salvatores (Mediterraneo,
Oscar du meilleur film étranger), Tarantino (Reservoir Dogs),
et la Palme d'or de Soderbergh (Sexe Mensonges et Vidéo).
Le palmarès devient brillant. Découvertes venues de l'étranger
ou nouveaux cinéastes révélés dans des Festivals, Miramax établit
sa réputation de dénicheurs pour un marché considéré jusqu'à alors
comme une niche spécialisée. A partir de 92, les recettes s'envolent,
les nominations aux Oscars décollent, le petit indie devient petit
studio. Miramax en profite pour créer une filiale, Dimensions
films, spécialisée dans les films de genre.
The Crying Game de Neil Jordan sort sur les écrans
en 92. Oscar du meilleur scénario et 5 autres nominations, dont
film, réalisateur, acteur, second-rôle masculin. Un indépendant
dans la cour des grands. Le film remporte plusieurs prix à travers
les Etats Unis. Si Orion s'éclipse, Miramax se met en orbite.
Le film de Jordan atteint le score mirifique de 63 millions de
$ de recettes au Box Office aux USA.
A cela s'ajoute les contre-chocs de l'année 93 avec notamment
le succès et la reconnaissance de La Leçon de Piano,
Palme d'or.
Toute la profession se demande comment une entreprise familiale
va résister au système. En 1993, Walt Disney pictures rachète
Miramax pour 75 millions de $.
Miramax est alors doté d'un bon cash-flow. Les Weinstein gardent
leur liberté. Ils restent basés à NY sous l'oeil lointain de la
souris en Californie. Et produisent de plus en plus.
En 94, succès siamois. Dimensions sort The Crow.
Box Office : 51 millions de $ aux USA. Son record.
De son côté, Miramax investit sur Tarantino. 8 millions de $ pour
un petit film avec John
Travolta et Bruce
Willis. Pulp Fiction remporte la Palme d'or
à Cannes.
A la fin de l'année le film de Tarantino, aussitôt promu nouveau
Scorsese américain, aura gagné le titre de meilleur film à Boston,
Los Angeles, MTV, au National Board of Review, à New York, ...
Il est nominé aux Spirit Awards, aux Golden Globes, aux Oscars.
Le film aura conquis le monde entier: c'est le premier film de
Miramax à avoir dépassé les 100 millions de $ aux USA et les 100
millions de $ dans le monde (total 213 millions de $, 27 fois
son investissement!).
La même année, 94, Miramax fait un carton avec le film cubain
Fraise et Chocolat, hit inattendu, dépassé au B.O.
des films étrangers par le film italien Il Postino
(plus grosse recette aux USA pour un film sous-titré). Woody
Allen (Bullets over Broadway), Wong Kar-wai (Chungking Express),
Kevin Smith (Clerks), Atom Egoyan (Exotica), Michel
Blanc (Grosse Fatigue), Peter Jackson (Heavenly Creatures),
P.J.Hogan (Muriel's wedding), Patrice Chéreau (La Reine Margot),
Danny Boyle (Petits meurtres entre amis), Kieslowski (Trois couleurs),
et Abbas Kiarostami (A travers les oliviers) sont acquis, produits
et distribués par Miramax. Mélange des styles, mais surtout vocation
affirmée de jouer un rôle de phare dans la création cinématographique.
La plupart de ces réalisateurs sont aujourd'hui soit reconnus
par des grands prix, soit devenus très populaires, et à la tête
de grosses productions.
Seul faux pas: Les Visiteurs, qui devait être traduit et doublé
par Mel Brooks. le film ne sortira que discrètement 3 ans plus
tard.
Le sacre aura lieu en 96 (et le final glorieux en mars 97) avec
les 9 Oscars et 220 millions de $ dans le monde pour The
English Patient. Mais aussi la re-sortie de Belle
de Jour (6 millions de $ au B.O. en plein été) qui conduira à
celle de Plein Soleil en 97 puis Les Demoiselles de Rochefort
en 98.
Trainspotting
confirme le talent d'une équipe très créative en devenant un film
culte, un beau succès malgré le thème de la drogue, et surtout
le film dont tout le monde a parlé pendant la campagne présidentielle.
Brassed Off marquera la première collaboration avec Herrman, futur
primé aux Césars, et futur nominé aux Oscars avec son prochain
film Little
Voice, aussi produit par Harvey Weinstein.
96 c'est la suite de The Crow, Everyone says I love you (et le
deal Woody Allen qui continue), les sorties US de Jane Eyre, Ridicule
et de Microcosmos.
Et surtout Scream.
Dimensions va alors passer du stade OVNI-joujou perso à Bob à
société pour laquelle une stratégie s'impose. Scream va être le
Pulp Fiction de Dimensions. Petit investissement, réalisateur
connu dans le genre, futures célébrités (alors que Miramax investit
sur des jeunes cinéastes mais des castings de stars).
Scream rapportera 162 millions dans le monde, dont 103 millions
aux USA. 11 fois son budget. Et surtout une franchise potentielle
de 3 épisodes, Craven et Williamson en deal exclusif, et une formule
qui fera encore mouche en 97 (Scream 2) et 98 (H20, The Faculty).
En 1998, Miramax/Dimensions est devenu un studio à part entière.
La compagnie est présente dans l'édition (livres, un futur magazine),
le multimédia (un site web), la vidéo (et les DVD) et même l'Imax
et les salles de cinéma.
En fait cette diversification cache une inconnue.
Les deux frères ont mis 20 ans, mais ils sont parvenus à atteindre
leurs objectifs. Aujourd'hui tous les studios ont une filiale
pour films indépendants (DreamWorks
en a aussi une en projet). Ils peuvent sortir un de leurs films
dans 2000 à 3000 salles, à égalité avec les autres studios. Ils
sont reconnus par les professionnels, ont leurs Oscars à la maison,
et les dollars dans les poches.
Aussi, si le marché des indépendants arrivaient en récession,
ils auraient les moyens, et sûrement l'envie, de se lancer dans
une autre aventure (voir le bilan).
En 98 Miramax a acquis peu de films. ils en sortiront moins en
99, et ce sont essentiellement des productions-maisons.
On sent les frès Weinstein intéressés par autre chose... D'autant
qu'ils critiquent beaucoup le système actuel: concurrence efreinée,
surenchère dans les prix d'acquisition, difficultés à maintenir
les coûts, volonté d'être profil-bas dans des Festivals comme
Telluride ou Sundance. Ça contraste beaucoup avec les discours
conquérants et triomphateurs des années 94-96 où Miramax payait
un million de $ pour avoir Ridicule au début du Festival de Cannes.
En fait la vraie question est: Miramax est-il un studio ou un
indépendant?
Ses films coûtent parfois 40 à 60 millions de $. Weinstein deale
avec Universal pour faire Shakespeare
in Love. Ils sont nommés aux Oscars mais snobés par les Spirit
Independant Awards...
Mais justement en sortant des films art et essai du ghetto, en
les mettant au même niveau que les autres films, Miramax n'a-t-il
pas déjà gagné la partie?
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