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Artistes
Manuel de Oliveira
Joao Cesar Monteiro
Manoel de Oliveira
La Rétrospective de Dieu
Du 8 au 21 décembre 1999, le cinéma Le Latina (Paris) présente une rétrospective de dix films de João César Monteiro, à l'occasion de la sortie nationale de son dernier film, « Les Noces de Dieu ». Pour tous les cinéphiles convertis au monteirisme, il s'agit de
retrouver les histoires de Jean de Dieu, ce personnage asocial au physique frêle, dans son monde extraordinaire. Pour les autres, c'est une occasion de franchir le pas et de rencontrer cet univers extravagant propre à João César Monteiro.
Au programme, « A fleur de mer » (A Flor do Mar), «Souvenirs de la Maison Jaune » (Recordaçýes da Casa Amarela), « Le Bassin de J.W. », l'inoubliable « La Comédie de Dieu » (A Comédia de Deus), ainsi que des courts métrages et des films plus anciens.
En organisant cet événement, il s'agissait avant tout de rendre hommage à l'un des réalisateurs majeurs du cinéma européen. Solitaire, João César Monteiro ne s'est révélé en France que depuis une dizaine d'années. Un poète de la pellicule avec un regard unique sur le monde. Indémodable, car en dehors des modes, ces films conservent un élan porté par une poésie lyrique et mystique.
Pour le programme et les horaires des films:
Le Latina / 20, rue du Temple / 75004 PARIS / Tél: 01.42.78.47.86
Dossiers de l'Ecran
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Un certain regard...
Un constat s'impose sur le sujet du cinéma portugais: il est peu connu et paraît être réservé à un cercle d'initiés. Dans le même temps, depuis le mois de septembre 99, trois films ont été à l'affiche dans les salles parisiennes: « La Lettre » du commandeur Manoel de Oliveira (récemment Prix du jury à Cannes); « Gloria », le premier film de Manuela Viegas (une errance stylisée) et « Les Noces de Dieu » de Joao César Monteiro (troisième épisode d'un délire dont Libé, Le Monde et Télérama sont friands).
On assiste ainsi à une certaine évolution qui trouve sa cause dans le renouvellement du cinéma au Portugal et par un long travail de promotion de certains comme Jacques Parsi, Pierre Léglise-Costa ou le producteur
Paulo Branco.Au delà d'Oliveira, qui parcourt les festivals du monde entier, il existe d'autres talents, d'autres regards, qui forment un cinéma plutôt riche. Nous ne sommes pas dans le cas de la Nouvelle Zélande, la Finlande, de la Yougoslavie ou même de l'Autriche, où seul un cinéaste émerge, et symbolise tout un art.
Un cinéma plus connu en France que dans son pays...
Au Portugal, le cinéma n'est pas une réelle industrie et reste un cinéma artisanal. Comme dans le monde entier, les premiers films, vers 1896, furent des documentaires et, depuis, il s'est développé du muet au parlant , mais toujours en marge, dans un style différent.
Sous la dictature, l'Estado novo de Salazar, deux types de films sont réalisés:
d'une part, un cinéma populaire composé de comédies légères et de tragédies avec les acteurs en vogue,
d'autre part, le régime favorise l'adaptation de grands textes
de la littérature, de grandes fresques historiques, héroïques et épiques, des allégories à la gloire de l'Empire.
Une révolution artistique va précéder la Révolution politique (la Révolution des Oeillets de 1974). Au début des années soixante dix, « Os anos verdes » de Paulo Rocha et « Acto da Primavera » de Manoel de
Oliveira, sont à l'origine du nouveau cinéma portugais, le « cinema novo ». Et le cinéma portugais conserve sa singularité et une certaine préciosité: ce n'est ni du cinéma européen, ni du cinéma américain. Il ne répond à aucun standart.
D'autres réalisateurs vont rejoindre ce duo dès les années 70 et 80: João César Monteiro, João Botelho (« Trafico »), ou João Mario Grilo (« Loin des Yeux »).
Nouvelle génération, renaissance d'un cinéma
Dans les années 90, on voit une nouvelle génération reprendre le relais et conserver cette esprit d'innovation et de recherche. Une exception est à
relever avec le film de Joaquim Leitão « Adão e Eva » (Adam et Eve), en 1996, qui a totalisé plus de 250.000 entrées au Portugal. Le seul grand hit populaire au pays. Le réalisateur avait pris le parti d'utiliser des techniques américaines, de faire du « Hoolywood made in Portugal », avec un succès en salles inédit. Joaquim Sapinho (« Corte de cabelo » et
le scénario de « Gloria »), Teresa Villaverde (« Os mutantes »), Pedro Costa («Ossos ») ou Manuela Viegas sont les héritiers de cette «tradition » cinématographique.
Certains sont sélectionnés à Cannes, Berlin ou Venise. Le Festival de Turin a même programmé un spécial Cinéma du Portugal en 99. Et depuis 2 ans, les journalistes notent et mettent en avant cette renaissance du cinéma portugais, désormais riche de 3 générations de style : Oliveira, le plus vieux cinéaste vivant en activité (et le seul portugais à pouvoir s'offrir Malkovich, Deneuve, Mastroianni, Piccoli dans ses films), celle de Monteiro (qui bénéficie d'un succès d'estime souvent mérité) et enfin les nouveaux venus, qui ont baigné dans un Portugal européen, moderne, libre.
Depuis Amalia, Oliveira, plus de stars...
Si la production se limite à dix films par an environ, une dynamique pousse cette jeune création et permet aux maîtres de continuer. A cet égard, Paulo Branco, le producteur de Oliveira, Monteiro, Botelho,
Costa,et même du franco-chilien Ruiz...a eu un rôle primordial pour la diffusion de ce « cinéma rare » en France et dans les festivals
internationaux. Manoel de Oliveira réalise un film par an: « Val Abaham » en 1997, « Inquiétude » en 1998 et « La Lettre » en 1999.
Cependant, il est aussi le seul à attirer plus de 30 000 aficionados sur son seul nom à Paris (son record international fut O Covento). Les autres films récemment sortis en salles (Loin des Yeux, Os Mutantes - qui représente le Portugal aux Oscars-, Gloria...) n'ont guère briller malgré un appui de la critique : rares sont ceux à avoir dépasser les 10 000 entrées sur Paris. Et aucun n'est distribué dans un circuit hors-festival en Amérique du Nord.
Sans aucune star internationale depuis la comédienne-chanteuse Amalia Rodrigues, le Portugal a du mal à séduire avec ses histoires baroques, surréalistes, lyriques et passionnelles, entre égarement mental et tragédie quotidienne. Malgré une image souvent très soignée, une esthétique qui lui est propre, les sujets, pas assez universels, et le rythme souvent trop lent, ne comblent pas les attentes d'un public de plus en plus formaté à un cinéma sans regard.
Le cinéma Portugais résiste, et ne semble pas attirer par les sirènes du cinéma de genre (comme en Espagne). Il mérite d'être découvert, comme on découvre un pays, son peuple, et sa culture.
Dieu, le mysticisme, la folie, le sexe et la foi sont au coeur des préoccupations de ces oeuvres déconcertantes et âpres. Et souvent dramatiques.
Serge de Jésus Carreira 1999
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