Coffret Romy Schneider
Les débuts: Mon premier amour, Un petit coin de paradis, Mam'zelle Crici, Monpti
éditeur: Opening

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Collection Romy Schneider
éditeur: Studio Canal

:: Le train
:: Une femme à sa fenêtre
:: La Banquière
:: Les Choses de la Vie
:: Le Trio Infernal
:: L'Important c'est d'aimer
:: Max et les Ferrailleurs
:: César et Rosalie
:: La Mort en Direct


 Dossier: PETSSSsss + Olivier
 © Ecran Noir 1996-2005
Représentante d'un public féminin assoiffé de reconnaissance, elle est presque sommée de faire du Sautet à l'écran comme dans la vie. On attend qu'elle soit à la ville une Rosalie, une femme humaine. Ses amours n'ont plus le lustre médiatique du temps de Delon et son existence est faite de choses banales : enfants, divorce, maladie, trahisons, dérives. Elle a quitté Harry Meyen en 1972, la procédure de divorce fut interminable tant son ex mari lui mit les bâtons dans les roues. Au final, l'actrice y laissera 1,4 millions de marks, la moitié de sa fortune. Elle eu ensuite des amants comme par exemple Bruno Ganz (acteur de théâtre à l'époque) avec qui elle fera des séjours au Maroc et rencontrera une jalousie agressive d'une femme légitime. Et en 1973 sa route croisera celle de Daniel Biasini, dix ans de moins qu'elle : il en avait vingt cinq et venait d'une famille aisée. Le fils de Romy, qui lui avait sept ans, trouva en cet homme le père qu'il n'avait jamais vraiment eu et sa mère le partenaire rassurant qui veillerait sur leurs intérêts communs. Le 21 juillet 1977 naissait la petite Sarah ; Romy avait quarante ans et s'apprêtait à tourner Une histoire simple de Claude Sautet.

Elle incarnera Marie dans le film et emportera, les yeux mouillés de larmes, le César de la meilleure comédienne en 1979 devant des gens comme Isabelle Huppert ou Annie Girardot. L'année qui avait précédé le tournage l'actrice avait pris l'habitude de moins boire, de mieux dormir et elle pu offrir un personnage de femme toute en maturité, douceur et générosité. Après les Césars elle enchaîne Clair de femme réalisé par Costa Gavras, histoire de rencontre entre deux personnages solitaires et c'est pendant le tournage de ce film que le sort s'acharne sur Romy Schneider. 15 avril 1979 : Harry Meyen, se suicide. L'homme ne se voyait plus d'avenir professionnel ni sentimental et avait sombré dans l'alcool. L'acteur berlinois se pend. L'actrice part pour l'Allemagne où la presse lui fait endosser la responsabilité de la mort de son ex mari. Pendant ce temps, le fils de l'actrice, David, vit très mal les disputes et les éloignements entre sa mère et Daniel Biasini : la fin du couple est proche (ils divorceront quelques mois après) et l'adolescent le sent parfaitement. Il vit chez ses beaux parents, à Saint Germain en Laye, loin de sa mère. C'est dans ce climat étrange et angoissant que Romy tourne La mort en direct de Bertrand Tavernier dont le sujet est la lente agonie d'une femme , filmée en direct, atteinte d'un cancer. Le réalisateur exigeait d'avoir Schneider dans le rôle. Et l'actrice se jette dans le personnage avec son ardeur habituelle. Elle joue sans s'apitoyer, sans sentimentalisme : le résultat est éblouissant de justesse, Romy y est grandiose mais le public n'adhère pas et retrouve son idole dans La banquière que lui fait tourner Francis Girod. Le personnage d'Emma Eckert est une femme d'affaires en frou-frou, avec une sévérité tempérée par une fragilité des sentiments dont l'actrice a le secret. Un rôle à la Signoret. Le problème est que le tournage du film est un long calvaire. Romy retrouve ses phobies, tourmentée par ses amours compliquées. Elle trouve les dialogues trop difficiles à dire et s'applique jusqu'au perfectionnisme maniaque. Elle se barricade même dans sa loge en accrochant un écriteau sur la porte : « Entrée permise seulement à mes amis, j'suis discrète et j'suis méfiante ». Son conflit intérieur prend de l'ampleur : elle force une image idéalisée d'elle-même, jusqu'à l'épuisement. Méfiante de sa personne jusqu'à se haïr et la peur l'obsède : peur de décevoir, peur de tout perdre, peur de ne pas être aimée et de ne pas avancer.

Fin 1980 : Romy se trouve sur les rives du Tessin en Italie et tourne Fantôme d'amour avec Marcello Mastroianni. Elle est plus tourmentée que jamais, épuisée et terrassée par de fréquents malaises. Pascal Jardin, grand ami, scénariste et écrivain, venait de se suicider et sa grand-mère Rosa Retty s'était éteinte à l'âge de 106 ans. Le 23 mai 1981 le verdict tombe : l'actrice a une tumeur au rein qui nécessite une opération d'urgence ; elle vivra désormais avec un rein en moins. Son fils se rapproche d'elle après lui en avoir beaucoup voulu d'avoir divorcé avec Daniel qu'il considérait comme son vrai père. Et c'est avec beaucoup de tendresse qu'ils se retrouvent par exemple dans les studios de Boulogne où Romy post-synchronise Garde à vue de Claude Miller. Mais. le 5 juillet 1981 le sort frappe de plein fouet. David s'empale sur un portail qu'il tentait de franchir. Il avait quatorze ans. Romy Schneider est foudroyée, brisée. Elle se remet à boire, avale des tas de comprimés et ne dort plus. On pourra lire ses propos dans un journal : « Mais quelqu'un pourra t-il me dire pourquoi la vie tape si dur ? » Elle erre alors d'un appartement à l'autre, se réfugiant le plus souvent chez Alain Delon ou l'inévitable Jean Claude Brialy. Dans la tourmente, le réalisateur Jacques Rouffio ose tout juste parler du tournage de La passante du Sans-Souci, (on remarquera au passage le titre, quelle ironie du sort..), un projet maintes fois reporté et qui semble pour le coup annulé. On parle d'Hanna Schygulla en remplacement mais Rouffio ne l'envisage pas une seconde. Romy à bout de forces et avec l'énergie du désespoir, poussée par son amie Simone Signoret, arrive à Berlin à la fin de 1981 pour débuter les prises de vues. L'actrice est comme un fantôme, sa chambre est tapissée de photos de son fils à qui elle parle, à qui elle écrit ; s'obstinant à le faire vivre. Pathétique, les stigmates de sa vie se voient sur l'écran et son interprétation a les accents d'une tragique sincérité. Son rôle est particulier : l'Allemagne, la démence nazie, un combat contre l'injustice ; tout cela revient de manière lancinante dans ses films et singulièrement dans celui-ci. Elle est Elsa Wiener, mère adoptive d'un jeune garçon qui a le même âge et le même regard ardent que son propre fils et l'actrice lui mênera la vie dure tout au long du tournage.

Au printemps 1982, Romy s'est installée dans une maison dans la campagne à une cinquantaine de kilomètres de Paris. Sa mère, Magda, est là et sa fille remonte peu à peu la pente, « pour Sarah » dit elle et pour Laurent Petin, compagnon d'errance et producteur de films. Le visage de « la petite fiancée du monde » est marqué, alourdi ; ses paupières gonflées ont accentué son regard bouleversant. Un journaliste aura cette phrase magnifique : « Pour la première fois, il y a adéquation entre son apparence et son âme ». Le 29 mai 1982 le destin décide de fermer les yeux à Romy Schneider qui meurt doucement dans la nuit dans l'appartement de la rue Barbet de Jouy dans le VIIe arrondissement de la capitale. La presse avait conclu bien sûr au suicide tant la vie de cette femme avait reçu de mauvais coups, tant elle était blessée : l'autopsie révéla que la mort était bien naturelle.

L'actrice est morte de la fatigue « d'être elle ». Sans doute avait elle rompu secrètement avec la vie et côtoyait la mort, le coeur se consumant peu à peu. Elle avait la dimension d'une Antigone et le naturel tragique, avec toute la démesure qui va avec. Soif de bien faire, de droiture morale, en voulant aller aux confins du possible elle n'en est pas revenue. Elle laisse un vide immense dans le cinéma et dans la mémoire populaire, vide qui n'a jamais pu être comblé.

« Romy appartient à cette catégorie d'êtres qui attirent le malheur » a écrit Jean Claude Brialy.

- Olivier