Enquête: tempête de verglas au Québec
Film catastrophe
21 et 23 Janvier 1998
La tempête de verglas a causé une perte d'au moins 30% des recettes au Box Office. Et seuls Les Boys ou Titanic n'en subiront pas trop les conséquences sur leur résultat final. Alex films a estimé qu'une quinzaine de cinémas avait fermé partiellement ou totalement sur la région de Montréal. Il est d'autant plus difficile de préjuger des pertes que 60% des cinémas étaient toujours ouverts au Québec.
John Xinos, Directeur exécutif Films et Publicité de la chaîne Famous Players, confirme: "Dans le centre-ville, le Loews a fermé 2 jours, le Palace aussi, le Centre Eaton, 3 jours." Gattineau (Outaouais) ou le Cineplex Faubourg ont aussi eu des fermetures durant le week-end du 9 janvier. Car le pire est que la panne soit survenue en plein week-end, journées fortes pour le Box Office.
Ainsi, un cinéma comme l'Imax du Vieux Port n'a pas pu assurer ses projections durant 4 jours pleins et 2 soirs. France Lebrun, Chef des Communications, reconnaît que la période de Janvier est habituellement creuse (groupes, public de soirée). Cependant les ventes ont chuté de 50% ! La zone touristique où se situe le cinéma IMAX était parfois inaccessible.
Comme sa consoeur de Cineplex Odéon, John Xinos estime que "ça représente un gros manque à gagner". Des films comme Amistad ou MouseHunt qui marchent moyennement dans la province au Fleur de Lys n'auront pas le droit à de nouvelles campagnes de publicité. Par contre le double programme IMAX, en fin de course, aura le droit à une promotion en Février.
Motion International a connu des fortunes diverses. Les productions DreamWorks ont été sévèrement touchées. Tandis que la seule production francophone, Matusalem 2, n'a pas beaucoup souffert. Il faut avouer que le film de Roger Cantin était déjà en fin de carrière. Cela limite les pertes.
Ma Vie en rose menacé...
Le film finira à 235 000 - 250 000 $ canadiens, soit 2 fois moins que prévu. Les familles n'étaient déjà pas au rendez-vous pour les films familiaux avant la tempête. Cela ne fera qu'accélérer leur disparition des salles.
Marie-France Godbout, Directrice marketing de Motion, dans un entretien téléphonique, nous faisait part davantage de ses inquiétudes pour les sorties à venir que pour les films déjà à l'affiche. A part St Bruno, les multiplexes ont tous déjà rouverts. Mais les circuits vont être embouteillés. Les sorties du 16 et du 23 janvier ont été souvent repoussées; il ne sort que 3 films dont un seul en version bilingue le 23 janvier. Ce qui signifie que de nombreuses sorties vont avoir lieu le 30 janvier et le 6 février.
Cet engorgement va "entraîner une surcharge de produits nouveaux auxquels s'ajouteront les films connaissant déjà un fort succès en salles. Des films comme Les Boys ou Titanic que les gens n'ont pas pu voir durant ces 15 derniers jours vont continuer d'attirer le public. La compétition sera féroce", selon Mme Godbout.
Ma vie en rose, qui sort le 30 janvier, va devoir profiter de l'effet Golden Globes-Césars pour que ses 7-8 copies aboutissent à un B.O. espéré de 200 000 - 350 000 $. Un résultat loin d'être acquis vu le marché, et malgré l'unanimité des critiques.
Babel paralysé
L'une des plus grosses productions du moment, Babel, co-production Ima Films-Allegro, fut aussi bloquée.
Ce tournage en studio, qui met en vedette un enfant de 10 ans, son père (Michel Jonasz), mais aussi Tchéky Karyo et Maria de Medeiros, évalue actuellement l'impact du désastre sur les finances de ce film fantastique (et familial).
Jackie Lavoie, directrice de production , a reconnu qu'il y aurait un dépassement. 80 jours de studio qui vont se prolonger d'une semaine environ. Le film coûte 18 millions de $ CAN.
"C'est surtout l'impact sur les personnes qu'il faut prendre en compte. Il y avait du stress émotif, de l'inquiétude chez les gens dont les maisons étaient sans électricité. Tout le monde a été ébranlé, y compris les stars qui se retrouvaient elles aussi sans courant. Nous avons donc décider d'arrêter le tournage car beaucoup de gens du personnel étaient concernés." nous a déclaré Mme Lavoie.
La tension sur le plateau est une chose entendue parmi les techniciens. Le 9 janvier, jour du premier black-out, il y a eu une hésitation entre continuer des scènes prêtes à être tournées ou rentrer chez soi...il était quand même 20 heures.
Evidemment ce stop de 3 jours pleins va entraîner d'autres délais, notamment sur les ateliers de préparation. Le personnel sinistré a été remplacé. Les comédiens dans le même cas ont - eux - été déménagés.
Pourtant, comme Mme Lavoie nous l'indique, "techniquement l'électricité n'a jamais manqué". Nous avons fait un choix moral. Le tournage de ce film s'achèvera donc autour du 15 mars. Il s'agit, ironiquement, de l'histoire d'un enfant face à des forces occultes durant la dernière éclipse du premier millénaire. La faute à El Nino une fois de plus?
Brèves: Ecran Noir inaugure, pure coïncidence, son accord avec Alex Films. Désormais vous retrouverez le B.O. québécois chaque mercredi.
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