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A C T U 09/09/98 Libération - 09 sept. 98 Nô, de Robert Lepage, l'un des seuls films québécois dignes d'éloge. Grâce notamment à son utilisation de l'esthétique des années 70. Une rumeur courait à l'ouverture du festival du film de Montréal: le cinéma québécois, après des années de coma profond, vivait une sorte de réveil fulgurant. Des cinéastes tournaient à nouveau en masse, et pas n'importe quel film. Le critique moyen découvrait alors, pas autrement surpris, que cette renaissance n'était possible que d'être étatiquement assistée. Le gouvernement québécois de Lucien Bouchard a ainsi fait adopter, récemment, deux mesures exemplaires. D'une part, pas radin, il a doublé d'un coup les crédits alloués à la Société de développement des entreprises culturelles (le Centre national de la cinématographie local). De l'autre, les chaînes de télévision privées qui investissent dans le cinéma québécois ont droit désormais à de menus avantages fiscaux. Ce qui devait arriver arriva: l'argent afflua et les cinéastes tournèrent. S'ils tournèrent bien, c'est une autre histoire, et le critique moyen, arrivé un peu essoufflé en fin de festival, doit bien reconnaître ceci: les Canadiens francophones attendent encore leur Cronenberg ou leur Egoyan. Déjà vu.Le public, moins difficile, s'est montré
ravi par Deux secondes de Manon Briand, comédie sur une
fille qui fait du bicycle dans Montréal et découvre le sens
de la vie, et l'amour en prime, au contact d'un vieil Italien solitaire
et acariâtre. Ça se laisse voir d'accord, mais c'est quand
même la centième fois qu'on voit ça. Il n'y a guère
que Nô de Robert Lepage (l'auteur du récent Confessionnal)
qui mérite le détour. Adaptation des Sept Branches en
delta de la rivière Ota, pièce du même Lepage,
Nô mêle deux histoires, celle (en couleur) d'une femme
partie en tournée au Japon pour jouer Feydeau, celle (en noir et
blanc) de son ami resté au Québec et participant nolens
volens aux actions de feu le Front de libération du Québec. |
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