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FESTIVAL DU FILM DE PARIS
INTERVIEW: LOUISA MAURIN
Dimanche 11 avril, dans laprès-midi au second étage de lHôtel Dassault, Louisa Maurin, déléguée générale, nous parle du festival du film de Paris qui sest ouvert depuis le 6 avril.
Ecran Noir: Chère Louisa, le festival a commencé depuis mardi 6 avril dernier. On est à peu près à mi-parcours, et je voulais avoir votre sentiment actuel sur le plan de lorganisation, des films, sur le plan des relations avec les professionnels du cinéma?
Louisa Maurin: Au niveau de lorganisation, déjà, on est très gâté par le lieu, que ce soit au Gaumont Marignan ou bien à lHôtel Dassault, cest vraiment magique. Alors donc, cest sûr que cest plus facile de sorganiser. Ce qui me surprend, ce qui est extrêmement agréable, cest quil y a vraiment un public énorme. On est, jallais dire, en surcapacité en permanence, cest-à-dire, quon refuse des spectateurs à certaines et on le regrette, parce que ça veut dire quil faut quon sagrandisse entre 100, 150 personnes, que ce soit pour les métiers du cinéma, pour les films. Là, tout à lheure encore, pour le film Cest pas ma faute, on a refusé 200 personnes. Mais cest affreux parce que toutes les séances sont absolument pleines, même à 9h30 du matin. Donc ce qui veut dire que le public a répondu présent. Ca, cest une chose essentielle: le public a répondu présent en masse, le message est passé, la mayonnaise à pris avec le public, cest absolument génial. En ce qui concerne les professionnels, ce qui est le plus caractéristique cette année, cest que toutes les équipes des films sont là, que ce soit des films en compétition ou même des films tout simplement en séance spéciale. Enfin, il y a énormément de gens des films pour soutenir les films. Il y a une sorte de rencontre magique entre le public et les professionnels qui sont formidables. Le bilan à mi-parcours, cest que pour linstant cest un sans faute, mais cest pas fini encore!
EN : Cest un succès justement. Comme vous le dites, le public est au rendez-vous...
LM: Oui, complètement, les professionnels aussi sont au rendez-vous, parce que vraiment cette année je suis très surprise par le nombre déquipes du film, de réalisateurs, etc.. qui viennent soutenir leur film, ça cest très bien, et là, à toutes les séances vous avez une présentation, léquipe est là et cest magique!
EN: Ca fait une équipe de combien de personnes au niveau de lorganisation que vous gérez sur le festival?
LM: Là, sur le festival en ce moment, on doit être 130 personnes, sécurité, hôtesses compris, en permanence, et cest très lourd. Je pense que ça va devenir de plus en plus lourd.
EN: Est-ce que cest facile à gérer?
LM: Oui, mais cest quand même laboutissement dun travail de toute une année. Donc, quand on voit le résultat, cest bien, on en profite quelques part, on essaie den profiter le plus possible.
EN: On a vu quil y avait la séance dautographe Sheaffer qui marchait très bien. Les acteurs répondent présents. Il y a lespace multimédia Wanadoo qui est très consulté... Donc, cela fait aussi des choses que vous teniez à ce que ça fonctionne?
LM: Ah oui... Lespace Wanadoo, cest incroyable. Les gens sont collés toute la journée. Il y a énormément de monde. Les séances Sheaffer, vous avez vu le succès de Thierry Lhermitte tout à lheure, cest insensé. Et ce qui marche aussi beaucoup cest les métiers du cinéma. Là aussi, on refuse énormément de monde, cest affreux dêtre victime de son succès. Donc, à la fois cest bien, et à la fois ça veut dire quil faut penser à sagrandir.
EN: Sur le plan des films, est-ce que vous avez eu le temps de voir des films qui sont passés sur le festival?
LM: Je les ai tous vus avant.
EN: Est-ce que vous avez justement un coup de coeur par rapport à ces films?
LM: Le fait que je les ai sélectionnés, cest que je les ai aimés tous. Jen aime plus certains que dautres, mais cela mest difficile de dire lun ou lautre. Jaime beaucoup la sélection officielle, parce que moi, ce que je vois, je ne sais pas les critiques extérieures, cest assez équilibré. On a essayé de faire à la fois du français et de linternational, même au niveau du contenu des films. Il ny a pas dinégalité entre les films. En tout cas, je ne pense pas. Dans la sélection publique non plus, les films se valent les uns les autres, enfin se valent nest pas le mot, mais il ny a pas trop dinégalités. Après, il y a les films quon aime ou quon aime pas. Les films juniors du matin, cest bien ciblé. Cest pour les enfants, ce quon appelle les juniors : 12 ans. Et puis, par exemple le film C'est pas ma faute tout à lheure...
EN: Beaucoup de jeunes dailleurs...
LM: Oui, cest un film pour les 4/12 ans. Il y avait dailleurs beaucoup de gens, des adultes, qui voulaient le voir, mais cest un très beau film parce quon na pas beaucoup de films pour cette cible là, français en tout cas. Il y en a, mais pas français. Je trouve que Louis Becker, Thierry Lhermitte font une équipe formidable pour cette cible là. Les gosses dans la salle, tout à lheure, étaient enchantés de savoir que Thierry Lhermitte était là parce quen fait ils pensaient que le film cétait une suite de Un indien dans la ville, ce qui nest évidemment pas le cas du tout.
EN: Je voudrai revenir un petit peu à la sélection du jury. Donc lannée dernière, cétait un jury plus international, avec lacteur américain Sean Penn, président dun jury de tout horizon. Et cette année, cest peut-être linfluence de monsieur Daniel Toscan du Plantier ?
LM: Non, cétait le premier jury dadulte lannée dernière jusque là. Auparavant, cétait un jury de jeunes uniquement, donc on a eu de la chance davoir Sean Penn à ce moment... Donc, cétait forcément plus international. Ensuite, on a eu la chance davoir Mike Ecknall du groupe Simply Red. Cette année, on a eu la chance davoir Jean-Pierre Jeunet. Cest vrai que cest un jury qui est très équilibré: Philippe Djian, cest formidable, Nathalie Baye, Said Taghmaoui, André Dussollier... cest à la fois homogène, équilibré.
EN: Cest la représentation de la profession?
LM: Oui, la profession, mais à la fois vu des acteurs, des réalisateurs et des producteurs parce quil y a la productrice Claudie Ossard, puis lécrivain Philippe Djian. Ca sest fait naturellement... Vous savez, un jury, ça ne se fait pas... on ne calcule pas, on ne dit pas « on va mettre un étranger, un truc, un machin etc... » Ca se fait tout seul, comme ça, Jean-Pierre (Jeunet) a accepté, Nathalie (Baye) a accepté... Cest affectif un jury, donc je le trouve très, comment dire, ça a de la tenue, ils sont tous bien.
EN: Justement au niveau du jury comment ça se passe pendant le festival? Vous êtes très au contact du jury?
LM: Ah oui bien sûr. Si vous voulez tout savoir, cest une organisation, on a une, voir des personnes, qui soccupe que du jury, donc à la fois de leur planning, etc... Eux sont là tous les soirs pour voir les films en compétition. Ils restent aussi après les projections. Ils se parlent et sorganisent entre eux. Vous savez, dans un festival, il y a plusieurs vies si je puis dire. Il y a la vie du public, la vie du jury qui sorganisent entre eux, mais aussi la vie des équipes de films, parce quon reçoit cette année pratiquement tous les étrangers, tous les films étrangers. Les gens se voient à lhôtel, se connaissent, tout ce monde là se parle, se rencontre, se donne rendez-vous au festival. Donc oui, comme ils nont que 8 films à voir, enfin le jury officiel, jentends, ils nont pas besoin de se parler tout le temps. Comme disait Jean-Pierre Jeunet : « Ca suffira le jour de la délibération », parce que 8 films ce nest pas beaucoup.
EN: Et au niveau du prochain festival, est-ce quen ce moment vous commencez à travailler ou vous attendez que le 14e festival prenne fin?
LM: Dans ma tête seulement, je le prépare, mais dans la réalité évidemment non. Dans la réalité, on est en plein dans celui-là. Ce nest pas fini, il y a encore quand même 3 jours pleins. Mais tout de suite après celui-là, on prépare lan prochain. Mais lan prochain étant un festival assez spécial, parce que dabord on rentre dans le cadre des festivités de lan 2000, donc on va préparer des choses formidables qui demandent des mois de préparations. Donc effectivement, sorti de celui-là, je serai matériellement dans lautre. Aujourdhui, je ny suis que dans ma tête. Parfois par moment, je me dis : ca lannée prochaine , faut pas le refaire, pour lannée prochaine, faut voir si ou bien voir ça. Sûrement que la capacité des salles, on va y penser. Ca cest certain, on va y penser dès le lendemain du festival...
EN: Justement, le fait que le festival du film de Paris soit sur Internet, est-ce important pour vous dêtre sur le plus grand réseau mondial de communication?
LM: Cest important, cest même très important. Personnellement, je ne suis pas encore utilisatrice, ça va venir, donc je ne men rend pas compte. Mais, intellectuellement, je sais ce que ça représente. Je pense que cest un outil, bon évidemment, qui va devenir de plus en plus incontournable. Cest un moyen de communication qui est tellement pratique. Ca me fait penser au début du téléphone, quand on avait un téléphone, il fallait faire un numéro, lopératrice qui vous donnait etc... et tout dun coup, on est arrivé au téléphone portable. Et au niveau dInternet, on est tout juste au début. On y va droit dedans, cest-à-dire que dans très peu de temps, tous le monde sera équipé.
EN: Pas mal de professionnels du cinéma travaillent déjà avec cet outil comme dans la distribution, la production. Même les acteurs ont pour certain une adresse électronique. On sent une mouvance...
LM: On sent une mouvance énorme, parce que cest un moyen davoir un accès aux gens chez eux, cest encore plus affectif que la télé, cest vraiment une relation à deux. Vous avez un site web pour un film, un festival etc... On est chez les gens, en relation directe avec la personne, il y a pas dautres intermédiaires. Ca, cest formidable! Chez des gens du monde entier en plus...
EN: Le festival compte souvrir sur le monde, si jai bien compris, avec des capitales ou plutôt des grandes villes comme Los Angeles, donc ce sera dautant plus utile de privilégier linternet?
LM: Oui, bien sûr. Cest indispensable. La première fois quon a eu un fax, ça a 12 ans les fax, cest récent quand même, nous on ne peut plus sans passer, déjà cétait magique. On faisait porter des lettres à Paris. Puis un jour, il y a une copine dun bureau, qui ma dit ; Vous savez maintenant, il y a un truc magique cest le fax!, et aujourdhui le fax cest ringard. On est passé à autre chose avec les e-mails. Et là avec les Etats-Unis, nous ne communiquons que par e-mails. Il y a eu le fax etc...Et on reçoit des messages de Los Angeles, de professionnels du cinéma de là-bas parce quils ont consulté Internet, cest extraordinaire! Cest magique! Jespère quon pourra envoyer bientôt les extraits des films par Internet. Je trouve ça extraordinaire pour travailler vite. En tout cas eux (Etats-Unis) ils lont bien compris, parce que le nombre de-mails quon reçoit est important... Dailleurs quand on leur envoie un fax, ils se demandent si on va évoluer (éclats de rire). Mais, cest bien, on envoie des dossiers entiers, on gagne du temps et de la proximité avec les gens. Cette proximité que ne crée pas le téléphone bizarrement, alors que cest tout aussi magique.
EN: Quest-ce quon peut vous souhaiter pour la fin du festival? Plus de monde?
LM: Ah non! (rires) Non, les pauvres on va les refuser, cest dommage. Je souhaite juste que ça se passe bien, quil ny ai pas de soucis, que le films primé, on le sera mardi soir, que ce soit un bon film, celui qui aura le Grand Prix, que les équipes du film soient contentes.
EN: Très bien, nous vous remercions beaucoup Louisa.
LM: Je vous en prie.
Bertrand
/ Chris / Anne-Sophie / Ecran
Noir / 11.04.99
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