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LES ACTEURS A L'ECRAN
Beaucoup trop loin
ENTRETIEN AVEC OLIVIER JAHAN
Bertrand Amice :Comment avez-vous trouvé lidée de votre dernier court-métrage BEAUCOUP TROP LOIN?
Olivier Jahan : Lidée, cest presque une idée que javais eu avec "Au bord de lautoroute", mon court-métrage qui a reçu le grand prix dAix-en-Provence et que javais un peu dargent pour tourner dans le midi clairement. Je suis parti sur lidée parce que javais tourné trois films qui étaient des films nocturnes pour faire un film sur le soleil. Et je suis un peu un garçon compliqué, je nai pas voulu faire un film uniquement sur le soleil, mais sur la fissure du soleil. Je suis parti sur lidée de filmer une plage et une fille de 20 ans sur une plage, qui a priori a toutes les raisons daller bien, qui na pas toutes les raisons daller bien dans le film, parce quelle est en train progressivement de se séparer du garçon avec qui elle vit, parce que lui à Paris attend des nouvelles hypothétiques dun boulot qu'il na pas, quil a 30 ans, quil a 10 ans de plus quelle. Il est plus douloureux et que cest quelquun qui na pas voulu accompagner son amie. Et voilà, comment tout ça sest déclenché. Au départ, cétait lidée quand même décrire autour du soleil, du solaire et de ce cliché presque absolu qui est une plage en été avec des gens beaux, bronzés, etc...
BA : Pour le casting, vous avez repris lactrice Emma De Caunes qui avait déjà tournée dans votre précédent court-métrage. Est-ce une forme de continuité que vous aviez envie de réaliser?
OJ : Emma (De Caunes) est une actrice avec qui je mentends très bien. Cest une amitié qui est née au moment de "Au bord de lautoroute". Puis voilà, javais effectivement derrière la tête décrire. Quand jai commencé à écrire ce petit scénario, je me suis dit : Pourquoi ne pas recommencer avec Emma. En même temps, cétait une histoire différente puisquen plus on dirait un contre-poids permanent, jai dû tourner très vite dans deux décors différents en huit jours. Donc, cétait très rapide, cest-à-dire, Emma jouait sans contre-temps puisquelle ne voyait pas le garçon avec qui elle sengueule au téléphone. Après, jai tourné les séquences à Paris avec lui (Eric Caravaca). Ils ne se connaissaient parce quils avaient tourné ensemble dans le film de Stéphane Clavier "La voie est libr"e, ils avaient chacun participé à ce film là. Ils se connaissaient un peu, mais ils ne se sont pas vus pendant le tournage car on ne les voit jamais ensemble.
BA : Avez-vous eu des séquences difficiles à tourner?
OJ : Non, il ny a pas eu vraiment de séquences difficiles parce que le film repose beaucoup sur les comédiens et sur leur intensité, enfin en tous les cas je le pense. Emma, cest quelquun que je connaissais pour avoir déjà fait un film avec elle, donc je savais dans quel territoire jallais. Quand à Eric Caravaca, c'est un acteur que je découvrais parce que je navais jamais tourné avec lui. Il est vrai quon a débarqué à Paris après avoir passé trois jours sur une plage avec plein de gens, tous ceux qui sont sur la plage qui vous regardent tourner etc... Et soudain, se retrouver dans ce petit appartement avec Eric et toute une équipe qui lobservait. Cétait pas difficile, jai pas eu de problème particulier sur le tournage. Simplement, il y a des moments où cest très émouvant de voir quelquun, un acteur face à une équipe de quinze personnes qui, soudain, se mettent à pleurer ou à péter les plombs etc... Voilà, pour moi cest sûr jai pas eu de moment où il n'y a pas eu de grosse difficulté sur le tournage puisque rien nétait vraiment compliqué à mettre en place.
BA : Donc, au niveau de la direction dacteur, tout sest bien passé finalement?
OJ : Oui, mais ça cest un domaine dont je fais particulièrement attention, jétais plus quenchanté par la troupe avec laquelle jai travaillé parce que ça sest globalement très bien passé avec tous les acteurs, jai pas eu de problème.
BA : Quel est votre meilleur souvenir sur le tournage? Etait-ce avec Emma De Caunes?
OJ : (éclat de rires) Vous voulez faire un concours! Cest ça. Non, moi la frustration là, quand même! Ca a été un tournage où on a été très vite, parce que quand je vous dit huit jours, il y a quand même eu un jour pour rentrer à Paris. Ca a été trop vite pour quil y ait vraiment... si on sinstalle pendant huit, dix jours sur un tournage, sur le même décor, là les choses peuvent arriver. Là, les choses étaient trop fragmentées pour que lon puisse en garder des vrais bons souvenirs etc... Évidemment, on a eu des fous rires, des rigolades, des jolis moments comme sur tout tournage, cest normal. Mais, en même temps, cétait trop court pour que je puisse dire, bon voilà il y a eu ce souvenir-là et ce souvenir-là. On a été vite, cest sûr que quand on trace et bien cest bien, mais en même temps on ne garde pas beaucoup de souvenir. Quand on galère sur une séquence, sur un problème technique ou je ne sais pas quoi, ce qui a pas été le cas sur ce film-là, on peut dire quil y a eu un ou deux petits problèmes de météo, des conneries comme ça, mais cest pas très intéressant. Cest pas très spectaculaire.
BA : Justement, vous jouez beaucoup avec la lumière, cest assez intéressant et même paradoxale entre les deux petits mondes dans lhistoire. Faîtes-vous très attention à ça?
OJ : Jaime bien la lumière, oui. Donc, jai travaillé avec un chef-opérateur, je lui ai donné un livre de photos de plages, de lumière etc... Je voulais à peu près la même chose. On sest bien amusé. Je pense quil a bien capté ce que je voulais, cest-à-dire, une saturation de couleurs, de masses, de choses, de lumières assez éblouissantes etc... Et de lautre côté, un appartement à Paris qui est gris, vert, un peu éteint et puis progressivement plonge dans le noir au fur et à mesure du film.
BA : Cest votre quatrième court-métrage. Quels sont vos projets? Un long-métrage en perspective?
OJ : Oui, jai écrit. Il y a plus que les financements à trouver. Cest pas la chose la plus facile. Mais, on va sy atteler. Jaimerai bien tourner le long parce que cest vrai, le quatrième court-métrage, on a peut-être soudain envie de développer un peu plus. Je pense, peut-être, que cest une bêtise de dire ça, parce que je nai pas fais encore de long-métrage. Mais, je sais quun court-métrage, cest un équilibre, cest des choses très difficile à trouver et quand tous les gens disent : Oui, cest un court-métrage..., je pense que cest parfois plus difficile à faire quun long-métrage parce quil y a moins de temps, moins de moyens, le fait quon travaille sur une durée très réprimée, très contrainte. Et si le film ne marche pas, cest bête quoi! Alors que sur un long-métrage, on tourne quand même plus, quon peut équilibrer les choses ou les déséquilibrer comme on veut, et il y a une petite différence.
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