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copyright Ecran Noir
1996-1998
Rédaction.
FFM 98


10-19 septembre 98

The Opposite of FFM
Les Stars. Les producteurs. L'argent. Les cinéastes. Toronto a tout ce que Montréal n'a plus.
Pourtant rien ne distinguait a priori les 2 estivals. Toronto partait même avec un handicap. Toronto est avant tout un marché. Tandis que Montréal est un Festival de compétition, au même titre que Cannes et Venise.
Les 2 sont ouverts au public. Ils offrent à peu près autant de films, et tous venus du mond eentier. Cette année Toronto honore le Japon alors que Montréal s'offrait la Corée du Sud. Les 2 ont une section Amérique Latine.
Enfin ils sont tous les deux nés à un an d'intervalle...

Aujourd'hui Toronto domine l'ensemble des Festivals d'Amérique du Nord. Certes le FFm est toujours de catégorie A. Mais Toronto est un des 5 rendez-vous obligé du cinéma qui inclus Cannes, Sundance, Venise et Berlin.
Le FFM, quant à lui, meurt doucement...
Le plus simple résumé comparatif a été fait par ma conseour Odile Tremblay du Devoir. Morceaux choisi de son édito:
"Le FFM de Montréal possède un as de pique dans son jeu: il s'appuie sur un immense succès populaire. Le fidèle public répond présent chaque année et se met en file pour prendre d'assaut les salles. (...) N'empêche... En amont du festival, dans les coulisses en somme, le portrait paraît moins rose et vire en fait au gris.
Bien des chroniqueurs se sont alarmés cette année du manque d'effervescence, d'ambiance, qui régnait au Wyndham, le quartier général du FFM tenant du champagne sans bulles. Le FFM n'a jamais particulièrement suscité le sens de la fête, mais cette 22e édition brillait par sa morosité. Le marché, nerf de la guerre dans un rendez-vous cinématographique, paraissait déserté, les participants clairsemés.
Que le FFM s'avère trop souvent en panne de stars, passe encore, mais tout est lié. Les stars et les grands réalisateurs suivent l'industrie qui apporte films et visiteurs sur un plateau d'argent quand les acheteurs se pointent le nez dans l'arrière-cour. Or les acheteurs en question ont déserté Montréal au profit de Toronto. Les deux rendez-vous canadiens sont si rapprochés, leurs dates collées aussi sur celles de la Mostra de Venise.
Le milieu du cinéma doit faire des choix. Le marché de Toronto, pourtant informel, est devenu un monstre d'activité. Les majors américaines sont là-bas, les acheteurs et les vendeurs européens suivent derrière. Si Le Violon rouge de notre compatriote François Girard est projeté en première nord-américaine lors de la soirée d'ouverture du Festival de Toronto, c'est parce que l'industrie se trouve là-bas.
La personnalité controversée de Serge Losique cause ici problème. La seule façon dont Monique Mercure a été nommée présidente du jury à la onzième heure, la veille de l'ouverture, alors que la direction du FFM espérait manifestement un gros canon étranger qui n'est pas venu, montre qu'au chapitre de la diplomatie, il y a eu quelques ratés... L'an dernier, le comédien Alan Rickman (...) après avoir été forcé de prononcer un discours imprévu, a juré qu'il ne remettrait jamais les pieds ici. Des ponts se sont coupés avec l'étranger au fil des ans pour cause de conflits de personnalité, de carences dans les structures d'accueil.
Pourtant, Montréal est une ville plus agréable que Toronto, les cinémas plus rapprochés, le public si... bon public, et cinéphile en plus. (...)
Cela fait bientôt quatre ans qu'Unifrance Film, le parapluie des producteurs français, n'est plus représenté au marché du FFM. Et Dieu sait qu'il a les pieds bien arrimés dans la Ville reine.
Que le milieu, distributeurs et acheteurs, n'inscrive plus de toute évidence le rendez-vous de Montréal sur la liste de ses priorités a des effets directs sur la qualité des oeuvres présentées. Cette année, la défection du distributeur Lions Gate, qui n'a pas mis ses films français au FFM, résonne comme un signal d'alarme. Ceux qui m'aiment prendront le train de Patrice Chéreau, Le Dîner de cons de Francis Weber, La Vie rêvée des anges d'Érick Zonca ou Lautrec de Roger Planchon nous sont passés sous le nez et iront à Toronto.
Montréal, bassin naturel pour les uvres de la francophonie, se fait de plus en plus damer le pion par la Ville reine au chapitre non seulement des grandes premières américaines - et, après tout, qu'ils les gardent: Hollywood est trop présent à Toronto de toute façon - mais aussi des films européens et français, ce qui s'avère vraiment dramatique. (...)
Ici, le public est donc au poste, mais les cinéphiles sont nombreux à délaisser la couverture systématique de la compétition, trop inégale, pour faire leurs choix hors concours. Et même dans les sections parallèles, on trouve trop de films, le bon grain et l'ivraie. Les spectateurs courent de plus en plus les valeurs sûres en misant moins sur les découvertes, faute de pouvoir se fier à une programmation si fourre-tout. La tendance actuelle dans les festivals internationaux est de réduire le nombre de films pour miser davantage sur la qualité, mais le FFM persiste à en aligner 400.
Pourquoi, au juste?
Le Festival de Toronto peut pavoiser en comptant Tom Cruise, Meryl Streep, Sylvester Stallone, Holly Hunter, Helena Bonham Carter et Isabelle Huppert au nombre de ses invités; là encore, on se dit que Montréal peut se passer de ces gros noms. Mais quand des cinéastes comme Roberto Benigni et Nanni Moretti, qui ne se sont pas pointés au FFM, se proposent d'atterrir à Toronto - en autant que la grève d'Air Canada, cauchemar des deux rendez-vous, ne multiplie pas les défections -, ça fait mal.
Et quand des gens importants de l'industrie venus d'Europe nous disent qu'au rythme où la morosité s'institutionnalise ici, il n'y aura plus de FFM dans trois ans - ou sinon, dans quel état? -, le milieu s'affole, et il a raison.
"

VinCy

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