Les Césars Anthologie

Le Pire

En 23 éditions, les Césars ont commis de belles bévues, de grands oublis, des manquements scandaleux. Bien beau d'honorer Godard ou Gabin, de primer Delon ou Signoret.
Mais parmi les jamais Césarisés, on notera: Michel Piccoli, Jean-Louis Trintignant, Pialat et Lelouch (pourtant Palme d'Or tous les 2), Chabrol, Anouk Aimée, Danielle Darrieux, le Splendid, Patrick Dewaere, Bernard Giraudeau, Jean-Pierre Marielle, les comiques d'une manière générale, Lino Ventura, Claude Berri, Jacques Rivette, Jean-Pierre Mocky, Eric Rohmer, Beinex et Besson, ...

L'insulte faîte à la comédie est particulièrement choquante. Il a fallu que Coluche ou Anémone tournent des drames pour être reconnus. Généralement la comédie ne récolte que les Césars de meilleur second-rôle et de scénario.
De même, on récompense La Haine, le producteur, le montage, mais pas le réalisateur... (cette année là Sautet). Les Césars ont un réel côté conservateur. Les jeunes talents ont du mal à y faire leur place, ce qui n'arrange pas l'envolée d'un nouveau cinéma français.
La même erreur qu'avait fait le cinÈma français dans les années 50-60 en snobbant un peu la Nouvelle Vague à ses débuts...

Autres impairs, les film étrangers: La liste des oeuvres de Spielberg ignoré au profit de Mike Newell ou Blake Edwards par exemple. Mais aussi le favoritisme pro-italien des années 70, au détriment des Coppola, Scorsese et autres Palmes d'or et Oscars de ces années-là.
Certaines catégories ont été crées puis effacées: meilleur film francophone (impérialiste), meilleure affiche (ridicule),... D'autres ont disparu comme les différentes catégories de court-métrage...
Enfin, quelques Césars sont incompréhensibles: Christophe Lambert, Andie MacDowell (en remplaçante de Sharon Stone), et même le quatruplé d'Adjani paraît excessif.

D'autant que des monstres comme Noiret ou Moreau (un seul), Depardieu ou Deneuve (deux), souvent nominés, sont rarement appelés sur la scène.
Il faudrait s'entendre pour que de telles stars ne soient plus en compétition (cela n'apporte rien à leur statut et finalement assez peu au film) avec des comédiens plus jeunes ou ayant besoin d'une vraie reconnaissance pour s'affirmer dans le mileu.

Mais le pire reste la cérémonie en elle-même. Moche (Design), ennuyante (pas scénarisée), sans imagination, poussiéreuse et pompeuse, les Césars ne fascinent plus.
Même sur Canal +, l'impertinence du présentateur ne passe pas. Pire, il y a un certain manque de professionnalisme dans la mise en scène. Les Césars copient les Oscars sans en prendre les moyens. Résultats: ça ne fait pas aimer le cinéma, et on ne se souvient que des coups de gueule de Coluche ou Bacri, des gaffes de Paradis ou Amalric, des absents comme Bébel ou Delon, des larmes de Girardot, ou bien de l'excentrique Anémone refusant sur scène son César.
Une institution plus proche du musée Grévin que d'une scène baignée de lumières. Une cérémonie qui ne fait plus la une, à moins d'actes sensationnalistes.

A quand des Césars enfin dans leur temps, sans suivre les modes, sans calquer les goûts de la masse. Bref des Césars dédiés aau talent et à la création, à l'art et à la qualité.
A quand un changement de nom. César, empereur romain impérialiste ayant conquis la Gaule, pseudo d'un sculpteur caractériel et vivant de commandes publiques. Renoir, famille d'artistes du peintre au cinéaste, aurait été plus adéquat.

Anthologie des Césars


(C) Ecran Noir 1996-1999