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L'AMBASSADEUR
DU CINEMA FRANCAIS EST PARTI
Le producteur
Daniel Toscan du Plantier, président d'Unifrance,
organisme chargé de la promotion du film français
à l'étranger et grand défenseur du cinéma
français, est mort mardi 11 février 2003 à
Berlin d'un arrêt cardiaque à l'âge de 61 ans.
Daniel Toscan
du Plantier, qui est également président de l'académie
des Césars, la plus haute distinction
du cinéma français, était à Berlin où
il participait à la 53e Berlinale, le prestigieux festival
du film.
Depuis
1988, Daniel Toscan du Plantier présidait Unifrance,
organisme voué à la promotion du cinéma
français sur la scène internationale. Il était
également président de l'Académie des arts
et techniques du cinéma, de l'Académie des Césars
du cinéma et de la Cinémathèque de Toulouse.
Pendant
une décennie (1975-1984), il joue un rôle crucial
dans la production de films d'auteur ambitieux, en tant que
directeur général de Gaumont, l'une des principales
sociétés françaises de production cinématographique.
Haute silhouette,
moustache très "british", beau parleur, "Toscan" -ainsi
qu'il était nommé par le milieu du cinéma-,
habile politique, aura travaillé avec quelques-uns des
metteurs en scène les plus prestigieux du cinéma
international, Bergman, Fellini, Losey, Rossellini, Pialat,
Wajda...
Il aura également
associé son destin à quantité de comédiens,
Alain Delon, Gérard
Depardieu et Isabelle
Huppert, dont il fut le compagnon, Marie-Christine Barrault,
qu'il épousa en premières noces.
A ce poste
stratégique, il organise la production ou la coproduction
de nombreux films marquants signés Bergman ("Fanny et
Alexandre"), Fellini ("Prova d'orchestra", "La Cité des
femmes", "Casanova", "E la nave va"), Tarkovski ("Le Miroir",
"Nostalgia"), Pialat ("À nos amours", "Loulou", "Police"),
Rohmer ("La Marquise d'O") et Truffaut ("Le Dernier métro")
et d'autres signés Fassbinder, Wajda, Téchiné,
Schlöndorff. Passionné de musique, il lance également
une série prestigieuse d'opéras filmés,
dont "Carmen" de Bizet et le très beau "Don Giovanni"
de Joseph Losey.
Plus récemment,
il avait produit "La dilettante" de Pascal Thomas et "Quadrille"
de Valérie Lemercier, d'après Sacha Guitry.
Daniel
Toscan du Plantier aura aussi été celui qui, en
France, inventa le concept du film-opéra, certainement
sa plus incontestable réussite (Don Giovanni, Boris Godounov,
Carmen, la Bohême, la Tosca, Parsifal...). En 1983, à
Monte-Carlo, il s'était même essayé à
la mise en scène lyrique avec un "Don Giovanni".
Remarié
en juin 1998, il avait perdu son épouse précédente,
Sophie, assassinée en Irlande en décembre 1996
dans des circonstances tragiques qui n'ont toujours pas été
élucidées.
Ce passionné
de grand écran cumulait les honneurs et les responsabilités:
il était président de l'académie des arts
et techniques du cinéma, qui décerne les Césars,
et de la Cinémathèque de Toulouse. Il était
co-fondateur du festival de film de Marrakech (Maroc).
En 1985,
il avait pris la direction d'Erato Disques et de sa filiale
Erato Films, rare entreprise discographique française
qu'il devait ensuite abandonner à Time-Warner en 1991.
Cet échec à la tête de la firme restera
sans doute comme un des regrets d'une existence dédiée
à toutes les facettes du cinéma, y compris celle
de critique, au Figaro Magazine. Il signait encore samedi une
chronique sur "Petites coupures", de Pascal Bonitzer, film qui
défend les couleurs françaises cette année
au festival de Berlin.
Personnalité
haute en couleurs, Toscan du Plantier se défendait de vouloir
être aussi célèbre que ceux dont il accompagna
la carrière : "Je n'ai pas une seconde le sentiment d'être
mégalomane ou vaniteux. Le mégalo dit, moi je fais",
avait-il déclaré en mai 1996 au magazine Première.
"A part quelques amours déçues par la mort ou la trahison
-Rossellini ou Pialat - le passé ne m'intéresse pas",
disait-il.
Chris
12/02/2003
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