Men in Black
Budget : 90 millions de $
Premier week end aux USA : 84 millions de $
Recettes Internationales : 327 millions de $
Recettes USA : 250 millions de $
Spectateurs France : 5 719 000 (no2 du BO 97)

Men in Black II
Budget : 97 millions de $
Premier week end aux USA : 87 millions de $

ADN DES ALIENS
Peu de gens le savent, mais Men In Black est une adaptation d'un "comics" (BD) paru aux éditions Aircel. 6 numéros d'existance (deux trilogies) créés par Lowell Cunnigham et illustrés en noir et blanc uniquement. Les aventures des agents Jay et Kay mélangeaient l'horreur, l'humour noir et la paranoïa, trois avant le débit d'X-Files. Cunninghma avait bien senti l'attirance des Américains pour le paranormal et les phénomènes type Roswell. Tout sera repris dans X-Files et The Matrix. 7 ans plus tard, le film adapté de cette bédé sort en salles. Marvel a repris la licence, Warner s'est chargé du dessin animé et Columbia, associée à Spielberg, transforme le film en franchise. Même si tout ne fut pas simple.
Ete 97. Contre toute attente, Spielberg se lance un match contre lui-même, opposant la suite de son Jurassic Park qu'il réalise à une comédie de science-fiction qu'il produit. Les deux cartonnent, mais Men in Black finit en haut du podium avec 575 millions de $ de recettes dans le monde. La Black attitude est née. Le single chanté par Will Smith envahit les ondes. "La bande dessinnée originale possédait déjà tous les élements de la culture populaire contemporaine : les espions, les monstres et les super héros. Les MIB ne sont rien d'autre que des James Bond intergalactiques. Ils sont plus forts, mieux armés et surtout plus cools. Les gros flingues, les lunettes, les costards, l'humour à froid, l'opposition à la Laurel et Hardy, la musique... tout cela n'a qu'un seul but : être cool" déclare Barry Sonnenfeld, qui retrouve ici un univers et une dérision digne de la Famille Addams (dont il avait réalisé les deux films).

BLACK ATTITUDE
Car il y a une philosophie derrière ces trois lettres initiales.
La chanson la décrit précisément. Sur le Net, on peut trouver ceci : "Ce sont des hommes habillés de costumes noirs qui se déplacent dans d'élégantes voitures brillantes et des hélicoptères, harcelant les témoins de rencontres d'OVNIs, dans le but de les faire taire. Personne ne sait qui sont les MIBs, ni ceux qu'ils représentent." Un gouvernement de l'ombre en quelques sortes. Derrière cette facade "cool", la série est subversive et reflète une contre-culture et même une sous-culture de plus en plus répandues. Ici on efface la mémoire (avec un flashouilleur qui pourrait être la Télé), on détruit l'identité des agents (empreintes digitales et papiers), on critique le mensonge des médias et les cachotteries du pouvoir, le cynisme des maisons de disque, on valorise la rumeur et les croyances populaires, on débride l'imagination ... De grands sujets d'actualités comme l'environnement (ozone), l'immigration, la sécurité (et la surveillance) sont traités au détour d'une réplique comique.
Pourtant le film impressionne avant tout pour sa direction artistique (maquillage, effets spéciaux, décors, musique...). Ses croisements entre les décennies (des années 50 à nos jours et même un peu au delà). Mais surtout ce n'est pas un film de science-fiction que les spectateurs retiennent mais bien une comédie de situation. : l'univers MIB, les décors, les aliens, les armes, les personnages sont là pour faire déclencher le gag, souvent filmé de loin pour mieux comprendre l'ensemble, qui lui est hilarant. Pour le reste cette série B très soignée se définie comme un "buddy movie", basé sur les deux protagonistes principaux que tout oppose.
Quand Will Smith signa pour le premier épisode, il n'avait que le succès honnête de Bad Boys a son actif. ID4 sort pendant le tournage. Le carton cumulé de ID4 et MIB fera exploser sa cote, compliquant la négociation d'une suite, actée par Sony une semaine avant la sortie du film. Tommy Lee Jones sait qu'une grande partie du succès annoncé lui sera du, comme il avait "volé" la vedette à Harrison Ford dans Le Fugitif, pour lequel il avait reçu un Oscar.
Tout le monde a très vite compris que le triomphe des Men In Black reposaient sur un style (Sonnenfeld) et un duo de comédiens. Mais c'est Sony et Spielberg qui s'en mettent plein les poches. Le trio demandait donc 50 millions de $ et 50% des recettes pour signer une suite! Rien de gagné.

ROBIN EN J
Le premier à qui l'on proposa le rôle de l'agent J fut Chris O'Donnell, le Robin des Batman. Assurément, les cinéphiles y ont gagné au change. Nous pouvons donc remercier jada, la femme de Smith, d'avoir convaincu Will d'accepter le rôle qu'il refusait à prime abord. De même Vincent d'Onofrio n'eut le rôle qu'après le désistement de John Turturro. Et Linda Fiorentino a gagné son contrat en jouant au poker contre le réalisateur. Un casting qui s'enrichit d'aliens connus tels que De Vito, la fille du réalisateur, Spielberg, George Lucas ou encore le politicien très à droite Newt Gingrich. C'est un des grands plaisirs de Sonnenfeld : remplir de références (de Burton à Kubrick, de L'Arnaque à Star Wars) sa saga délirante. Mini Mimi (grosse femme du Drew Carey Show) et Mini Me (nain d'Austin Powers) forment ainsi un père et son fils alien. De l'image aux dialogues, MIB regorge de liens avec d'autres films et séries télévisuelles. C'est la grande force du propos de Sonnefeld : banaliser l'imaginaire fantastique en le normalisant de manière terrestre, nous faisant croire que nos mythes populaires sont réels. Jusqu'au générique final où les aliens sont placés à égalité avec les animaux où ni les uns ni les autres n'ont été maltraités, nous assure-t-on. Sonnenfeld revendique pleinement cette exploitation des grands films : "Men In Black c'est le remake basique de French Connection, avec des aliens et en plus comique."
Beaucoup réutiliseront le film en référence; c'est de bonne guerre. Même dans Lilo et Stitch, nous avons le droit à un caméo d'un MIB. Le film devient vite un classique du rire, avant de se cloner en jeu vidéo. Sonnenfeld est parvenu à toucher le plus grand nombre alors qu'il se sait marginal, adepte d'un humour noir peu accessible, et relativement morbide et sardonique. Son talent pour une imagerie créative, chic et marquante a permis de nous impressionner dans des films aussi divers que ceux des Coen (Blood Simple) ou de Reiner (Misery). Il a introduit toute sa folie dans son premier film, le hit La Famille Addams, qu'il est parvenu à nous rendre attachante malgré sa crauté et grâce à sa causticité. La main fait d'ailleurs écho au carlin de Men In Black II. Les deux séries se reflètent, l'une côté "monstres", l'autre côté chasseurs.
Le succès de MIB réside essentiellement sur les dialogues et la critique ouverte du système. Il ne faut jamais se fier aux apparences. Le meilleur test est bien sûr celui qui permet de sélectionner les Agents. Le conditionnement de l'éducation nationale subit une violente attaque en règle face à l'expérience et la débrouillardise. "Gentlemen, félicitations! Vous êtes le meilleur de ce que des années d'entraînement gouvernemental peut donner!" Sous entendu : des nuls. Cela donne des sketches dignes du cinéma muet ou à l'inverse aussi bavards et hilarands qu'un one man show. En naviguant sur ces différentes formes d'humour et en multipliant les clins d'oeil, le cinéaste s'autorise des phrases grivoises ou des dialogues absurdes. Dans le second épisode, il se permettra même de "parodier" son film et de critiquer les MIB (faisant passer le costard pour un uniforme d'employés funéraires).

RENCONTRES DU TROISIEME TYPE
Le premier épisode finissait sur la découverte que Michael Jackson était un alien et nous envoyait dans le cosmos pour nous rendre compte que nous n'étions que des éléments d'un jeu de billes entre aliens. Le second épisode nous dévoile Michael Jackson (enfin ce qu'il en reste) en indic et nous revenons vers la terre en voyagenat à travers les galaxies.
Pourtant cet aller retour vers la planète bleue ne fut pas simple.
Quand Wild Wild West se plante au Box Office, le réalisateur Sonnenfeld et l'acteur Will Smith savent qu'ils doivent revoir à la baisse leur prétention sur la suite de MIB. Un accord intervient assez rapidement et la date de sortie est prévue pour le cinquième anniversaire de la sortie du film. Tout le monde reprend du service. Mais pas de la même façon. Tommy Lee Jones est plus rassuré sur ses talents comiques et arrive bien plus détendu sur le plateau. Mais Will Smith a un égo légèrement plus surdimensionné (à hauteur des 20% de recettes qu'il a obtenu) que seul Sonnenfeld semble savoir canaliser. Pour le réalisateur, ce n'était pas plus facile. Il ne souhaitait pas réaliser une "face B", ou le même film. Il avait peur de s'ennuyer et défiait sa créativité et son inventivité. Il voulait conserver la relation entre J et K, et ne pas trop faire dans la surenchère. Le scénario insiste donc sur l'évolution des personnages et continue de mixer les différentes formes d'humour (du pipi-caca au carrément graveleux).
Pour 88 minutes, le deuxième film cumule les avaries. Beaucoup d'aliens (400 proposés par les équipes de Rick Baker et Cinovation, une vingtaine choisis par Sonnenfeld) ne sont pas terminés obligeant les comédiens à imaginer leur "partenaire" et le cinéaste à abuser des fonds verts. Le premier jour, l'actrice principale, Famke Janssen (GoldenEye) quitte le plateau (pour raisons personnelles), remplacée au pied levé par Lara Flynn Boyle. Pour couronner le tout, le tournage commencé en juin 2001, est interrompu par les attentats du 11 septembre. Tous les lieux de tournage sont changés. Le planning est bousculé. La séquence de clôture, déjà en boîte, se déroulant au World Trade Center, doit être refaite.
Sonnenfeld continue d'explorer la pop culture : le controversé Jackass de MTV, le rap, Peter Graves ... Et il n'hésite pas à tout détourner : la femme symbole de la Columbia porte des lunettes noires et sa torche joue les flashouilleurs.
Pour ce second opus, Sony séduit plus de partenaires : Ray Ban, Hamilton, Mercedes. Et même Frank (le chien) en poupée!
Men In Black nous raconte finalement que les aliens se sont mélangés aux hommes et que notre progrès technologique provient en grande partie de cette immigration clandestine ou disons tolérée. Les Hommes ne sont peut être pas plus prêts à voir cette réalité que lorsque Galilée leur avait annoncé une terre toute ronde. L'humanité manipulée, aveuglée, et ignorante dans un monde un peu obscurantiste : ce n'est rien de moins que la face comique d'une saga comme Matrix. On ne s'étonnera donc pas de la réussite financière de MIB et MIIB (en attendant le troisième). Le film s'adresse aussi bien au gamin qui retiendra la phrase-slogan qu'à l'ado avide d'armes, de super-héros et de monstres, qu'à l'adulte qui apprécie la profondeur de cette démarche facétieuse, insurrectionnelle et séditieuse.
Le résultat phénoménal devrait aboutir à un milliard de $ de recettes dans le monde pour les deux premiers films. Pour la pmupart, il ne s'agit que d'un simple divertissement avec deux mecs en costards noirs. J le certifie : "Sur lui, c'est la classe!"

     mib2-lefilm.com
 
    Dossier préparé par Vincy & PETSSSsss
    (C) Ecran Noir 96-02 Photos (C) Amblin/Columbia
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