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Production : Kennedy/Marshall, Ludlum Entertainment, MP Theta productions, Universal pictures
Distribution : UIP
Réalisation : Paul Greengrass
Scénario : Tony Gilroy, d'après le roman de Robert Ludlum
Montage : Christopher Rouse, Richard Pearson
Photo : Oliver Wood
Décors : Dominic Watkins
Musique : John Powell
Costumes : Dinah Collin
Durée : 109 mn
Ê
Casting :
Matt Damon :Jason Bourne
Joan Allen : Pamela Landy
Franka Potente : Marie
Brian Cox : Ward Abbott
Julia Stiles : Nicky
Karl Urban : Kirill
Gabriel Mann : Danny Zorn
Marton Csokas : Jarda
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The Bourne Supremacy / La mort dans la peau
USA / 2004 / Sortie France le 8 septembre 2004
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A Goa, en Inde, Jason Bourne essaie de retrouver sa mémoire à travers ses cauchemars. Pour lui apporter une forme de paix intérieure, il a l'amour de Marie.
Pendant ce temps à Berlin, une mission de la CIA est victime d'un complot qui la transforme en fiasco. Le tueur russe s'enfuit en laissant des empreintes de Jason Bourne. La CIA soupçonne donc son ancienne machine à tuer d'être à l'origine de son échec.
Le même tueur russe s'envole pour Goa afin d'éliminer Bourne. Ce dernier commence à comprendre qui il est, quel était son métier. Son passé vient le hanter. Dans cette chasse à l'homme où la souris devient rapidement le chat, Jason Bourne va devoir comprendre qui tient les ficelles...
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Un espion de plus dans le cinéma hollywoodien. Mais rassurez-vous, Robert Ludlum, mort en 2001, n'a écrit que 3 Bourne. Cette trilogie s'achève avec"The Bourne Ultimatum" (La vengeance dans la peau), planifié pour 2006. Universal n'aurait pas de quoi s'en priver puisque le premier épisode a été un succès inespéré (121 millions de $ aux USA, 69 millions de $ dans le monde). Le second a déjà fait beaucoup mieux aux Etats Unis puisqu'il a déjà rapporté 160 millions de $. Reste l'énigme du marché français. La Mémoire dans la peau avait battu Le Pianiste (Palme d'or, plus de salles et Polanski) en première semaine avec presque 400 000 entrées. Mais avec la concurrence rude de Spielberg et Shyamalan, Bourne 1 avait disparu de l'affiche en 7 semaine après un petit chiffre de 800 000 entrées. La mort dans la peau ne devrait pas répéter le schéma. D'abord le Spielberg est largement moins bon et moins divertissant. Ensuite le Shyamalan sera déjà en fort déclin. Reste Catwoman, qui sort le même jour. A priori, le Pitof ne devrait pas faire trop de mal à l'espion amnésique.
Et ce malgré le changement de capitaine. Doug Liman, réalisateur de l'opus un, producteur du second, devait piloter la trilogie. Sans aucune explication (si ce n'est peut-être un agenda surchargé : une réalisation, une série TV, deux productions), il a abandonné le navire. Paul Greengrass a repris le flambeau. Ours d'Or à Berlin avec le magnifique Bloody Sunday (en 2002), cet ancien documentariste est intervenu tard dans le processus de la "sequel". Damon souhaitait d'abord lire un script solide avant de se décider. Pour le premier épisode, il n'était que le second choix (Brad Pitt avait la préférence de Liman, qui doit être heureux puisque son prochain film aura Pitt en star). Universal devait donc s'assurer du oui de l'acteur, comme de celui de Cox et Stiles qui reviennent dans le second épisode. Même si ce sont des productions moyennes (75-80 millions de $ de budget), la franchise doit rester rentable et séduisante.
Pourtant Bourne n'est pas n'importe quelle trilogie dans le genre (action, thriller). Le film a une couleur, une tonalité, une froideur même. La noirceur du personnage principal et son décor européen contraignent les producteurs à respecter un style, presque réaliste, qui trouve ses origines dans le cinéma hollywoodien des années 70. Cela explique pourquoi Universal préfère lancer Bourne en avant première européenne au festival de Locarno que sous les paillettes de Venise. Question de crédibilité.
Damon acceptant de ré-endosser son rôle, le tournage débute en novembre 2003 à Berlin, dans les fameux studios Babelsberg. Durant l'hiver, les équipes se baladent en Inde et à Moscou. Matt Damon venait de tourner Les Frères Grimm (de Terry Gilliam) et s'apprêtait à retrouver Ocean's 12 (de Steven Soderbergh).
L'histoire du livre plaçait la Chine au coeur d'une crise diplomatique avec les USA. Le scénario a pris de grandes liberté avec le roman de Ludlum, en se basant davantage sur les chaos de l'après Guerre Froide. "The Bourne Supremacy" avait été publié en 1986, il y a 18 ans. La suite est censée lui permettre de retrouver sa véritable identité et d'affronter les ennemis de la CIA, notamment le Chacal.
Damon d'ici là aura tourné le remake d'Internal Affairs, par Scorsese, et avec Di Caprio. Suprême, non?
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A MORT ET AMNESIE
"- Tu parles de ça comme si tu savais tout."
Le premier épisode des aventures de J.B. (Jason Bourne, pas James Bond) nous avait bluffé, réconciliant l'action, la psychologie, une direction artistique singulière et un hommage aux films du genre des seventies. La franchise s'avère dans la même veine, louchant sérieusement du côté de Franckenheimer.
Pourtant le second opus est un cran en dessous. Pas la faute du réalisateur, qui a su insuffler l'énergie et la nervosité nécessaire à ce thriller haletant. Pas la faute des acteurs, à l'aise dans leur mauvaise conscience. Damon est davantage crédible que son compère Affleck dans le même registre (La somme de toutes les peurs). Et Joan Allen apporte ce qu'il faut d'arrogance, de distance, d'intelligence pour apporter toutes les nuances qui feront évoluer son personnage. Pas la faute à l'aspect esthétique du film, qui s'imbrique parfaitement avec le précédent, dans ses tons grisés et durs, froids et déshumanisés.
Alors, la faute à qui, la faute à quoi? Le scénario, sans aucun doute. Trop attachés à ne pas perdre leur héros de vue, les producteurs ont oublié de lui donner ce qui faisait le charme du premier : une réflexion psychologique, dans le sens de reflet. Le rôle de Potente avait une réelle importance, permettant à Bourne de se confronter à lui-même et au monde, de lui donner un but à sa quête d'identité. Ici, le film ressemble davantage à une simple vendetta. De l'alter on est passé à l'ego.
Si le film franchit les frontières aussi allègrement qu'un oiseau migrateur (Goa, Naples, Berlin, Moscou, Amsterdam, New York, Washington, ...), le scénario a ses limites. Dans ce jeu de chat et de souris, nous n'évitons pas les plans inutiles (le cortège de voitures arrivant à tel endroit, sans doute pour nous montrer que la CIA arrive en force) et les dialogues ridicules (Damon aurait pu faire réécrire son mea culpa à la jeune russe).
Cependant, le plaisir est, paradoxalement, intact. D'abord parce que Bourne, contrairement à Bond, est complexe. Son amnésie est à elle seule un moteur de recherche suffisamment intéressant pour cliquer sur les scènes suivantes. Un héros qui a la mémoire qui flanche, qui recompose les souvenirs par bribes, c'est autre chose qu'un espion mélangeant vodka et viagra. Ici, les visages sont émaciés, fatigués. Le tour du monde n'a rien de glamour. Les voitures (plutôt "vintage") ne se pilotent pas avec un téléphone cellulaire. La malédiction qui frappe Bourne ce n'est pas d'assouvir une quelconque puissance, mais bien de retrouver une forme de sérénité. Enfin, le véritable intérêt se situe du côté de ses ennemis. La CIA dévoile ici toutes ses querelles internes. Véritable reality-show humiliant "l'intelligence" américaine (et l'actualité nous en fournit tous les jours la preuve). A partir de quelques indices, il est passionnant de voir comment on peut aboutir à une fausse conclusion, et en avoir la certitude. cela devient de l'arrogance. Cette critique s'inscrit dans la veine des récents opus de type Spy Game, où la CIA et le FBI n'ont plus l'admiration d'Hollywood d'antan.
Ce film est, par conséquent, une suite tout à fait logique à l'épisode original. En reprenant les personnages du premier et en créant de nouveaux pour le troisième, cette Suprématie n'a rien de surprenant, ni de dominant au milieu de cette série, mais sauve l'honneur. Trait d'union entre deux films, ce Bourne ne devra pas, quand même, passer son temps à s'échapper d'immeubles ou fuir, pour trouver sa vérité. Cela risquerait de lasser. Cette chasse animale et cérébrale ne pourra pas se reposer sur de simples prouesses (poursuites automobiles) pour construire sa propre identité cinématographique. Mais, supérieur à la plupart des produits actuels, malgré quelques clichés, le thriller maintient notre intérêt de bout en bout.
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