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Production : Pan-Européenne Production, Amanda Films, CRE-Accion Films, Poetiche Cinematografiche, France 3 Cinema
Distribution : Pan-Européenne
Réalisation : Manuel Poirier
Scénario : Manuel Poirier
Montage : Joël Jacovella
Photo : Christophe Beaucarne
Son : Jean-Paul Bernard
Musique : Bernardo Sandoval
Durée : 101 mn
Casting :
Sergi Lopez :Victor
Kevin Miranda : Félix
Lucy Harrison : Roselyne
Mélodie Marcq : Myriam
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Chemins de traverse
France / 2004 / Sortie France le 10 mars 2004
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Victor erre sur les routes de Bretagne avec son fils Félix, un adolescent introverti. Voilà des années quil a coupé les ponts avec sa famille, vit de petits jobs et quelques magouilles. Tous deux logent chez les différentes femmes que Victor rencontre, sous le regard peu indulgent de son fils. Les galères sadditionnentÉ Bientôt viendra lheure des retrouvailles forcées avec lentourage familial. De quoi aider Félix à grandir et mieux comprendre son père.
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Dans le roman dIgnacio Martinez de Pison, "Carreteras Secundarias", sorti en 1996, lhistoire, dont le film est adapté, se tenait dans le sud de lEspagne, il y a une trentaine dannée à la fin du Franquisme. Sil avait voulu en faire une adaptation fidèle, Manuel Poirier avoue que son film aurait été long de cinq à six heures ; lamour, lerrance et la perdition restant des thèmes chers au réalisateur et récurrents dans sa filmographie. Poirier na donc fait que sinspirer du roman original, modernisant lintrigue et la déplaçant en Bretagne.
Orphelin de père à lâge de 16 ans et lui-même père de famille, le cinéaste a trouvé dans cette histoire une part de sa propre expérience ; ce qui pour lui a constitué un véritable moteur. "Les deux personnages du film sont extrêmement proches de moi et me renvoient à ma vie, à ce quelle a été, à ce quelle est aujourdhui", nous confie-t-il. "Je ne dévoile rien de ma vie privée dans ce film, il est très pudique. Mais jy ai mis toute mon intimité, les émotions que je porte en moi, mon rapport à la vie, à lamour, et ça fait des tempêtes". Même sentiment dimplication pour Sergi Lopez, fort de son personnage, si différent des précédents et exigeant un véritable travail émotionnel. Le comédien se souvient : "Cest fou mais dès la première semaine de tournage, jai senti quil se passait quelque chose de fort. Je lai dit à Manuel et il ma répondu : Ô Oui, Oui. Jaimerais que le film soit déjà fini . Il sentait tellement quil touchait quelque chose quil avait peur de perdre. Chemins de traverse est un film important dans ma vie, peut-être le plus important que jai fait jusquà maintenant. Cela ma renvoyé plein de choses sur moi-même".
Acteur fétiche du réalisateur, Sergi Lopez travaille ici pour la sixième fois, derrière la caméra de Manuel Poirier. Dès 1992, Poirier dirigeait Lopez dans La petite amie dAntonio. Allaient suivre A la campagne (1995), le très plébiscité Western (1997), Te chiero (2001) et Les femmesÉ ou les enfants dabord (2002). Une longue complicité qui a permis de façonner limage que renvoie le personnage de Sergi Lopez tout au long du film : un homme à la fois hypersensible et distancé.
Première expérience grand écran, en revanche, pour Kévin Miranda, ce jeune comédien qui tient ici le rôle de Félix et navait plus joué depuis ses 11 ans. Sans oublié Lucy Harrisson : Manuel Poirier la repérée aux Folies Bergères où elle chantait Edith Piaf. Son physique et sa personnalité correspondaient littéralement au personnage de Roselyne. Quant aux chansons de Piaf, puisquelles sont liées à lenfance et à ladolescence de Manuel Poirier et puisque, selon ses confidences, "le film ne parle que damour", leur présence est bien naturelle. De "Milord" à "Mon manège à moi ", en passant par "A quoi ça sert lamour ", quoi de plus évocateur !
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DEMAIN EST UN AUTRE JOUR SANS FIN
"- Je sais que cest pas terrible, mais cest tout ce que jai à vous offrir pour le moment ."
Une histoire de relation père / fils ado, sur fond de solitude, pudeur, communication carencée, galères en tous genres et donc désarroi généralisé. Un univers, il faut bien le dire, plutôt difficile à traiter au cinéma. Les choix narratifs et filmiques du réalisateur ont donc été de soigner le mal par le mal, en faisant délibérément tomber le film dans une atmosphère lourde, quasi suffocante, en proie au temps réel. Sur ce point, aucun doute : tout est très palpable et le spectateur ne peut pas y échapper, le manque dintimisme venant se greffer à la lenteur du film.
La loi de la pesanteur détient ici le monopole. Uniques moments de légèreté : deux scènes anecdotiques, axées conseils paternels sur la sexualité et péripéties financières. Pour le reste, on na pas vraiment le choix puisque les seuls contenus censés rythmer le film passent par le principe de répétition : de multiples galas, donnés par la copine du père (Lucy Harrison) qui chante Edith Piaf, plus moult séquences de repas, exemptes de dialogues ; dans le meilleur des cas hyper timides. Des tête-à-tête père / fils, du petit déjeuner au dîner, et vice-versa, qui réaffirment la force de leur attachement, mais aussi leur solitude, blocages et souffrances mutuelles. Certes, la démarche est noble ; mais ici on reste toujours en surface, sans exploiter, ni même faire apparaître, la véritable matière sous-jacente à lhistoire. BrefÉ Sauf le jeu sincère et touchant de Sergi Lopez, on gravite autour de cet unique fait avéré : les deux personnages sont coincés, dans tous les sens du terme. Tant pis pour laction et lévolution du récit. Place au statisme et au malaise en crescendo, au scénario comme sur la pellicule ; cest tellement plus représentatifÉ Quel dommage !
La thématique de Chemins de traverse était pourtant une vraie mine dor ! Sans parler des racines de lhistoire, plus quappropriés pour susciter la curiosité du spectateur. Mais le rendez-vous semble manqué. A lécran, labsence persistante de rythme, profondeur, et ainsi dexpressivité, en fait un film plat et interminablement long. On finit par se demander si Manuel Poirier na pas fait fausse route en retirant, au fil des écritures puis au montage, les confidences en voix off du personnage de Félix et certaines séquences de repas animées de dialogues entre père et fils. Au final, seule la dernière scène répond aux attentes. Une fin ouverte captivante, bouleversante même. Mais ce concentré démotions narrive-t-il pas un peu trop tard ?
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