Production : Epithète Films, France 3 Cinéma & Rhône-Alpes Cinéma
Réalisation : Gilles Legrand
Scénario : Philippe Vuaillat, Marie-Aude Murail & Gilles Legrand
Photographie : Yves Angelo
Son : Laurent Poirier, Anne Le Campion & Thomas Desjonquères
Musique : René Aubry
Montage : Andréa Sedlacockova
Durée : 94 min

Casting :

Jacques Villeret (Gaspard)
Jules Angelo Bigarnet (Tom)
Michèle Laroque (Valentine)
Claude Brasseur (Robert)
Clovis Cornillac (Pierre)

 

 
Jacques Villeret sur EN
Michèle Laroque sur EN
Site officiel
  (c) Ecran Noir 96-04
Malabar Princess 
France / 2004 / Sortie France le 3 mars 2004 
 
 
Tom, depuis la disparition de sa mère, est un petit garçon très perturbé. Pour son bien, son père décide de le mettre en pension chez son grand-père dans le massif du Mont-Blanc. Tom découvre alors, avec une curiosité vive, un petit monde rustique qui lui était jusqu’alors inconnu : son grand-père maternel qu’il ne connaissait pas et avec lequel les débuts sont quelque peu difficiles, sa nouvelle maîtresse qui va le prendre sous son aile, et la montagne, que s’évertue à dynamiter Robert, un ami de son grand-père aux tendances rustres, afin de découvrir les vestiges d’un avion écrasé une cinquantaine d’années plus tôt, le Malabar Princess. Persuadé de pouvoir retrouver sa mère, il n’a de cesse de faire des recherches dans la montagne.
 
   Malabar Princess est le premier film de Gilles Legrand, producteur chevronné qui a à son actif la production de plusieurs films dont Ridicule et La Veuve de St Pierre de Patrice Leconte, Tenue correcte exigée de Philippe Lioret et Je règle mon pas sur le pas de mon père de Rémy Waterhouse.

Le réalisateur s’est inspiré d’un réel événement survenu le 3 novembre 1950 : la catastrophe aérienne du Malabar Princess, lors de laquelle périrent l’équipage et les quarante passagers. Cet avion indien s’écrasa dans le massif du Mont-Blanc et ne laissa aucun survivant. Pendant les secours, le guide René Payot, chef de file des équipes de Chamonix, périt à son tour dans une crevasse. Les recherches, trop dangereuses en novembre à cause de la fraîcheur de la neige, furent abandonnées et l’épave de l’avion, ainsi que les corps, restèrent prisonniers des glaces pendant de nombreuses années. Ce n’est que récemment que des morceaux, dégagés par les lents mouvements des glaciers, firent leur apparition. Cet événement, qui eut un large retentissement à l’époque, inspira l’écrivain Henri Troyat pour " La neige en deuil " et, outre atlantique, le réalisateur Edward Dmytryk pour The Mountain avec Spencer Tracy et Robert Wagner (1956).

Pour ses interprètes, Gilles Legrand a fait appel à Michèle Laroque (Pédale douce, Ma vie en roseÉ) dont il salue la générosité et le talent. Malabar Princess est par ailleurs l’occasion de rassembler Jacques Villeret (auquel le réalisateur a pensé dès l’écriture) et Claude Brasseur. Les deux comédiens, outre leurs rôles dans Le bal des casse-pieds d’Yves Robert et Les acteurs de Bertrand Blier, ont joué ensemble dans la pièce de théâtre " Le dîner de cons " de Francis Weber. Quant au rôle du père de Tom, il a été confié à Clovis Cornillac, le fils de la comédienne Myriam Boyer qui a été remarqué pour ses rôles dans Karnaval de Christian Vincent et plus récemment dans le truculent Une affaire qui roule d’Eric Véniard.
Enfin, le rôle principal est campé par Jules Angelo Bigarnet. C’est le second film de ce jeune comédien, fils d’un acrobate de Zingaro et d’une actrice, puisqu’il a déjà interprété un des fils d’Isabelle Nanty dans Le Bison. A noter que l’on a pu voir son camarade Damien Jouillerot dans Monsieur Batignole de Gérard Jugnot et dans RRRrrrr !!! d’Alain Chabat.
 

 
LE VIEIL HOMME ET L'ENFANT

" - C’est ça que je veux faire quand je serai grand.
- Du bobsleigh ?
- Non. Vieux. Comme ça, je serai mort moins longtemps.
- Eh bien, elle a pas dû s’ennuyer la psychologue...
"

Malabar Princess est une jolie fable sur un petit garçon qui tente de surmonter la disparition de sa maman. Dans la peinture de ce thème difficile, le réalisateur, dont c’est le premier film, fait preuve d’une subtilité et d’un entrain intéressants. C’est un peu les aventures de Tom à la montagne et Gilles Legrand réussit à rendre son personnages principal et ses tribulations attachants. Ce petit garçon, tant qu’il n’a pas compris ce qu’il est advenu de sa maman, ne se résigne pas, pose des questions et enquête. Les réponses des adultes étant elliptiques et ne le satisfaisant pas, il décide de se débrouiller tout seul et de découvrir la vérité. Il se raccroche ainsi à l’histoire du Malabar Princess et se dit que, comme l’épave de l’avion indien, sa maman est prisonnière des glaces.
Dans la description de ces aventures, le réalisateur a su peupler son film de plusieurs personnages secondaires très réussis. A commencer par celui de Gaspard, interprété par un excellent Jacques Villeret, pour la première fois grand-père, qui nous est montré aussi facétieux que son petit-fils et dont les répliques sont une des joies du film. Et puis l’irascible et bourru Robert campé par un Claude Brasseur plus vrai que nature. Sans oublier la maîtresse Valentine à qui Michèle Laroque apporte une gravité bienveillante et maternelle.

Malabar Princess est à la fois un film pour enfants et pour adultes. Rien n’y est trop simpliste, sauf la fin. Au contraire, tout apparaît sous l’angle malicieux du regard de Tom, ce qui donne au film une vivacité plutôt séduisante. Le grand atout du film, en plus de son interprétation, est la peinture des relations entre les personnages et surtout celles entre un grand-père et son petit-fils. En plus léger, le film de Gilles Legrand a un petit air du Vieil homme et l’enfant que Claude Berri réalisa en 1966. Ici, la toile de fond de la guerre est remplacée par la disparition d’une mère. Dans les deux films, on retrouve une description émouvante des liens profonds qui unissent peu à peu les deux générations.
Même si Malabar Princess est un joli film, on peut néanmoins regretter que le réalisateur, dans sa volonté de filmer en décors naturels, ait eu si largement recours à un équipement léger et aux images numériques qui privent le film d’une dimension que lui aurait conféré un tournage en scope.
Enfin, il est par ailleurs dommage que, sur la fin, le film s’enlise un peu. Après la fraîcheur et le rythme de la première partie, le film traîne un peu en longueur pour aboutir à un dénouement quelque peu simpliste pour le coup, ce qui atténue beaucoup le charme éprouvé jusque là.

- Laurence