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Production : Castle Rock Ent. / Shangri-La Ent. / Playtone / ImageMovers / Goldon Mean / Warner Bros
Réalisation : Robert Zemeckis
Scénario : Robert Zemeckis & William Broyles Jr. d’après le livre de Chris Van Allsburg
Montage: Jeremiah O’Driscoll & R. Orlando Duenas
Photographie: Don Burgess A.S.C. & Robert Presley
Costumes: Joanna Johnston
Décors: Rick Carter & Doug Chiang
Effets Spéciaux: Ken Ralston & Jerome Chen
Son : William B. Kaplan, C.A.S.
Musique: Alan Silvestri
Durée: 93 mn
Casting :
Tom Hanks: Le contrôleur, le père, le garçon, le vagabond, Scrooge, le Père Noël
Nona Gaye : La fille
Eddie Deezen : Je-sais-tout
Peter Scolari : Le garçon solitaire
Leslie Zemeckis: Soeur Sarah, la mère
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The Polar Express (Le Pôle Express)
USA / 2004 / Sortie en France le 01 décembre 2004
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L’oreille aux aguets, un jeune garçon tarde à s’endormir le soir de Noël tandis qu’il espère enfin surprendre le généreux donateur qui le comble de cadeaux le 25 décembre de chaque année. Son attention est soudain détournée par des bruits assourdissants venant de l’extérieur de la maison. Un train occupe le centre de la rue enneigée. Le contrôleur en descend et réclame au gamin médusé son ticket pour le Pôle Nord.
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La cinquantaine passée, Chris Van Allsburg pourrait bien incarner la providence pour les studios hollywoodiens toujours à la recherche de nouveaux concepts de films. Auteur illustrateur, l’homme a acquis une notoriété évidente dans le milieu de l’édition enfantine qui s’est traduite par un véritable succès populaire. Nombre de ses ouvrages sont ainsi devenus des classiques de bibliothèque, à commencer par The Pole Express, mais aussi The Stranger ou The Garden of Abdul Gasazi. L’univers de Van Allsburg prend ses racines dans le quotidien familier d’une Amérique d’un classicisme tirant sur les années 50 mais s’échappe systématiquement vers des contrées surréalistes que ne renieraient ni le Dr Seus ni J.K. Rowling, heureuse maman de Harry Potter. Tout comme ces auteurs, Van Allsburg a déjà eu les honneurs d’une transposition cinématographique d’une de ses histoires puisque Joe Johnston adapta il y a quelques années Jumanji avec Robin Williams. Un carton qui devrait se rééditer puisque le tournage de la récente suite Zathura est d’ors et déjà tablée pour 2005 avec Tim Robbins au casting et David Koep au scénario. Suivront vraisemblablement dans la foulée The Widow’s broom et The Sweetest fig dont les droits ont trouvé acquéreurs.
Tom Hanks et Robert Zemeckis n’ont pas pour seul point commun leur amour du cinéma qu’ils ont concrétisé à travers deux collaborations fructueuses (Forrest Gump et Cast away) mais ils ont eu pour habitude de conter en boucle l’histoire du Polar Express à leur progéniture avant Noël. Les voir unir leurs efforts pour produire l’histoire sur grand écran parait alors incontournable.
La concrétisation technique du film n’était pourtant pas aussi évidente. Zemeckis souhaitait coller au plus près du rendu plastique des illustrations de Van Allsburg. Cela interdisait la prise de vue réelle tout comme le cartoon classique pas assez fidèle stylistiquement. Restait par conséquent l’option de l’image de synthèse et ses limites techniques. L’impératif pour que le réalisateur se lance dans l’aventure restait de pouvoir faire évoluer les personnages de façon crédible dans leur environnement virtuel. La technique de la motion capture (animation d’un personnage virtuel calquée sur les mouvements d’un mime réel) ne lui paraissait pas assez évoluée pour espérer un résultat crédible. La sophistication du procédé rebaptisé pour l’occasion Performance capture, affine les possibilités, en particulier au niveau des expressions du visage. Robert Zemeckis était donc assuré de réaliser comme il l’affectionne une nouvelle prouesse technologique et Tom Hanks promis à de longues heures d’interprétations suggestives en costume d’homme grenouille dans un décours dépouillé à l’extrême, d’autant plus que l’acteur incarne de multiples protagonistes du film. Les mouvements en boîte, le réalisateur pu s’adonner aux joies de la mise en scène virtuelle, le matériau 3D dont il disposait étant modulable à l’infinie. Si aucun élement de The Polar Express n’est plus à proprement parler réel, ses collaborateurs habituels l’entourent cependant toujours pour ce nouveau projet, mettant au profit de la conception visuelle du long métrage leurs compétences artistiques. On retrouve donc à la photographie Don Burges, inséparable depuis Forrest Gump, le monteur Jeremiah O’Driscoll et même la costumière Joanna Johnston créatrice de la robe de Jessica Rabbit.
L’increvable Steven Tyler (chanteur d’Aerosmith ou père de Liv, selon les repères culturels) accepta l’invitation pour poser sa voix sur une des compositions de la bande originale confectionnée par Alan Silvestri et poussa le dévouement dans l’implication jusqu’à prêter ses traits et ses attitudes à un elfe apparaissant fugitivement lors de la fiesta finale du Père Noël.
Noël approche et il est de bon ton de coller à l’actualité pour divertir. Sans compter le nombre de spectacles spécifiquement dédiés aux plus jeunes qui se bousculent dans les salles, les fêtes de fin d’année inspirent beaucoup de productions. On aura pris soin de sortir Bad Santa en France relativement hors saison pour ne pas troubler les familles en plein réveillon. Ces dernières pourront de toute façon se jeter sur Surviving Christmas ou Christmas with the Cranks. Quant à The Polar Express, malgré des critiques peu clémentes, il devrait pouvoir éponger son budget très conséquent situé au dessus des 150 M de $ sur l’ensemble du marché international. Comme quoi le miracle de Noël n’en a pas fini de se répéter.
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DÉSUET PAR MILLIERS
« Personne n’est obligé de voir le Père Noël… »
Un louable cadeau de fin d’année que nous propose Robert Zemeckis en tentant de réhabiliter dans son innocence un certain esprit de noël plutôt en perdition ces temps ci, en tout cas bien entamé par les conventions actuelles, entre matraquage publicitaire intensif et rush dans les magasins avant les soldes. Un peu de fantaisie que diable ! Pour conjurer le mauvais sort, le choix du réalisateur s’est porté sur une œuvre emblématique de Van Allsburg qui traite le thème de Noël avec cette approche suggestive si particulière à l’auteur. Le livre regroupe une multitude d’images au charme étrange dont les évocations oniriques invitent l’imaginaire à vagabonder. D’un point de vue plastique, Zemeckis se sera attaché à ne pas trahir le style de Van Allsburg pour ne pas en perdre la puissance fantasmagorique. A raison. Il aura aussi tenu à respecter la trame globale du récit, un voyage initiatique, mais avec le devoir de développer l’histoire afin de l’adapter aux contraintes dynamiques du cinéma spectacle. Déjà moins évident que les deux supports cohabitent dans leur philosophie. Autant le livre tend à pousser le lecteur à aller plus loin dans le songe, autant le film expose, pour mieux impressionner la salle, les événements à un rythme effréné, invitant à beaucoup plus de passivité contemplative. Dés lors l'aventure depouillée de son cachet énigmatique, il devient facile de convaincre n’importe quel St Thomas de porter un minimum de crédit à ce qu’il voit révélé en long et en large sans trop avoir à développer outre mesure sa foi en l’invisible. La promenade se fait du coup sans trop de convictions tant le dessin animé se conforte sans surprendre véritablement par son seul folklore de Noël vaguement suranné (les petits elfes bûchant dans leur usine à jouet du bout du monde conditionnée selon les bonnes vieilles méthodes du taylorisme), un peu comme si l’essence du mythe était hors de notre époque et que notre modernité souhaitait le figer définitivement en un cliché immuable sans vouloir en réinventer les codes. L’action de The Polar Express se situe approximativement dans les années 60 – durant l’enfance du narrateur -, un âge d’or qui confère à une toute autre naïveté. Si l’ensemble ne sent pas tout à fait le sapin, ça fleure bon indéniablement la nostalgie.
Pour ne pas rebuter les plus jeunes qui n’ont pas connu ces temps si favorables à l’innocence, ni les ados obsédés par la Playstation, l’astucieux Zemeckis a parié sur la technologie digitale qui emballe systématiquement la globalité du public. Le procédé permet la réalisation de quelques séquences virtuoses comme cette folle envolée d’un ticket de train dans la campagne enneigée. Pour le reste, les prouesses sont moins flagrantes, à commencer par le premier argument de vente, la si vantée Performance Capture bien peu convaincante. Les clones réalistes de The Polar Express souffrent du même handicape que ceux de l’innovateur Final fantasy : un manque cruel de vie. Certes, les mouvements des personnages sont réalistes, d’une fluidité quasi parfaite la plupart du temps (encore que l’épisode du balais des serveurs de chocolat semble mécanique et assez artificiel), mais que dire du manque total d’expression des protagonistes qui ne renvoient aucune émotion tangible. Tom Hanks et les enfants se retrouvent transformés en de curieuses marionnettes peu engageantes, à mi chemin entre le musée Grévin et un club de fumeurs qui aurait un peu trop abusé de substances illicites, le regard fuyant et perdu dans le vague. La question se pose alors sur le peu d’intérêt que représente la recréation d’un acteur humain numérique (surtout si celui-ci est toujours vivant) par rapport à l’effort énorme demandé pour aboutir à une représentation totalement satisfaisante. Le pire comédien amateur ferait dix fois mieux l’affaire au niveau du jeu !! Il est encore trop tôt pour parler de progrès réel, la technique n’en étant qu’au stade expérimental. Reste que si le vrai esprit de Noël réside dans le coeur comme l’évoque un des personnages du dessin animé, encore faut-il que ce cœur ne soit pas trop synthétique pour laisser filtrer l’humanité tant espérée. Cette perfectibilité empêcher l’expédition du Polar Express de faire date dans les annales cinématographiques comme le fit en son temps l’impayable Roger Rabbit, un tour de chauffe tout au plus.
PETSSSsss-
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