Un amour de crise familiale ! On s'amuse, on rit, on s'attache à ces personnages au bord de la crise de nerfs, vie moderne et quête de bonheur insatiable obligent. On jubile tant le duo Huppert / Frot est pétillant, de la légèreté aux situations les plus graves. Graves mais jamais pathétiques, fort d'un sens de la dérision brillamment aiguisé. Pour son premier long métrage Alexandra Leclère aura bien fait de viser haut. Le résultat est épatant. Malgré une trame plutôt binaire, quelquefois prévisible, un tantinet trop parisianiste et / ou provincialiste, Les sÏurs fâchées est un film espiègle, débordant de cet humour rare qu'on aime tant dans le cinéma français : un humour subtil, constant et toujours inattendu. Pour une fois, on aurait tort de s'en priver. De quoi passer l'éponge sur quelques clichés, inhérents à la personnalité des deux sÏurs. D'abord, la Parisienne, Martine : ultra fermée, maussade, totalement éteinte, égoïste et jalouse. Bref, une vraie chieuse. Puis, la provinciale, Louise, fraîchement débarquée du Mans : extraverti, boute-en-train, dévouée, franchouillarde et naïve à souhait. On frôle la parodie. Heureusement, les deux comédiennes nous offrent un jeu qui va bien au-delà de ces purs archétypes. Réactives, spontanées, touchantes et incroyablement justes, Huppert et Frot, sans oublier François Berléand, tirent véritablement le film vers le haut, orchestrant toute l'histoire et sa narration.
Comique de situation, dialogues pimentés, interprétations excellentes, personnages extrêmes au tempérament bien trempés, décalages d'ambiances bluffants, fort d'un mélange astucieux de tragi-comique : Les sÏurs fâchées est un vrai petit délice. Un excellent divertissement pour vos sorties ciné de fin d'année. A voir, immanquablement, si vous aimez les comédies intelligentes.