|
Génération
sacrifiée
Galia. Tu es la dernière
de la bande. Tu devrais te lancer
Au cours d'une
visite dans un musée, Micha fait la connaissance de Galia. De cette
rencontre fortuite va naître un amour impossible dans une russie vivant
les années grises de la stagnation brejnévienne.
Ces adolescents, sacrifiés mais pas soumis, se donnent rendez-vous
surles toits des immeubles avec leurs camarades pour boire de la vodka,
chanter des chansons des Beatles. C'est la paradis. Mais un paradis artificiel,
car l'un d'entre eux se jette dans le vide. Démarrer un film sur
une chute est un comble. Mais, c'est de là que surviennent tous les
événements à venir dans cette histoire.
Galia, cette jeune fille descendante d'une famille d'aristocrates, aujourd'hui
déchue, va se rapprocher de Micha, une jeune garçon dont le
principal défaut est d'être bègue. Mais cet amour n'est
pas du tout du goût de Varvara, la mère de Galia. Elle lui
préfère un futur époux beaucoup plus digne d'elle:
un militaire de l'armée soviétique. Et pour la mère,
"la famille, c'est comme la constitution stalinienne: on se tait et on obéit".
Mais Galia n'a plus envie d'obéir. D'ailleurs, la relation qui unit
Galia à sa mère est pour le moins étrange. Bien souvent,
elle l'appelle "tante" au lieu de "mère", comme si elle refusait
le lien direct, comme si elle cherchait à s'en détacher.
Et Galia et Micha cherchent à s'éloigner de ce monde d'adultes
irresponsables et alccoliques. Sa mère ne se sépare jamais
d'une bouteille de vokda planquée dans son corsage qu'elle utilise
régulièrement, afin d'oublier, sans doute, ses origines aristocratiques.
Cette fuite en avant se retrouve dans tous les personnages adultes de cette
terrible histoire. Seuls les adolescents essaient de faire face à
la réalité. Même Micha. Notamment lors des moments où
il se souvient de l'assassinat de sa mère lorsqu'il était
plus jeune.
Dès le départ, le spectateur sait que ce long métrage
ne se termienra pas sur une note de joie, voire d'espoir. Tout converge
pour que la relation de Micha et Galia finisse mal, d'une manière
ou d'une autre ( à cause de la mère, de l'appel de Micha sur
le front afghan). L'alcoolisme omniprésent permet de faire dire à
l'un des personnages que "on boit ça et on est comme des anges au
paradis". Mais cette illusion les conduira tous à vivre mal cette
vie, encore empreinte de l'univers stalinien. Quelques verres plus loin
améneront Galia à poser pour des photos érotiques afin
d'avoir assez d'argent pour partir avec Micha. Mais même là,
le cinéaste nous fait croire que l'amour est aussi une illusion.
Car, comme beaucoup d'hommes, Micha est un lâche. Et il préfère
se pendre au cou d'une autre fille plutôt que de lutter aux côtés
de Galia pour vivre ensemble leur amour. Et lorsque Galia découvre
cela, c'est un véritable désenchantement.
Ce film, à l'opposé d'un Roméo et juliette,
possède quelques qualités. Dont l'essentielle réside
dans les sentiments forts et violents qui constituent l'intégralité
de cette histoire. On lui reprochera toutefois quelques remarques. Il subit
trop de longueurs de plans et de durée. Par exemple, le film aurait
très bien pu se terminer à partir du décès de
la mère de Galia. Mais le cinéaste semble radoter un peu trop
pour nous obliger à suivre son histoire jusqu'au bout. En outre,
Evgueni Lounguine veut aborder trop de thèmes simultanément,
mais ne prends pas le temps de les approfondir. Ce qui en fait un film plutôt
superficiel. C'est bien dommage. Un film aussi caustique aurait pu être
mieux réussi si le réalisateur s'en était tenu à
un ou deux thèmes. La dispersion n'est jamais bonne. Malheureusement,
ce film en est l'exemple.
Chris
|
|
|
BUZZZZZ
Evgueni Lounguine
avait quitté la Russie pour éviter d'aller mourir en Afghanistan.
Arrivant en France, non par désir mais pour survivre, il écrit
pour le théâtre, réalise des documentaires, puis écrit
et réalise Des Anges au paradis.
Beaucoup des acteurs de ce film sont des non-professionnels comme Konstantin
Gaiokho, rencontré par hasard dans la rue où il jouait de
la guitare. Quant à Dinara Droukarova, elle est connue en France
grâce à deux films de Vitali Kanevski (Bouge pas, meurs,
ressucite et Une vie indépendante).
|
|