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CRITIQUE DU FILM
Le Diable par le jeu
Il est toujours désagréable de voir un cinéaste autrefois génial se fourvoyer dans un film aussi moche et ennuyeux.
Roman Polanski n'a pas été inspiré avec cette Neuvième Porte. Si le scénario a le mérite de simplifier l'intrigue du livre originel, le film est une oeuvre artistiquement kitsch et cinématographiquement peu inspirée. Ni les effets spéciaux, ratés, ni les comédiens, n'ayant rien à jouer, ou alors dans une outrance caricaturale, ne peuvent combler une mise en scène qui s'essouffle aussi vite que le suspens; seul le héros tente de se motiver avec cette quête du livre diabolique, sans se soucier que le spectateur a décroché depuis longtemps.
Le script s'emballe pourtant positivement pendant le premier tiers du film, jusqu'à l'arrivée de Depp à Paris, grâce à une multiplication des lieux, des personnages, des mystères. Mais nous comprenons trop vite le rôle de Seigner (qui ne sert ici que de figurante jusqu'à sa scène finale qui atteint les sommets du ridicule) et la caméra explique lourdement chaque geste, chaque scène. Le comble est évidemment ce jeu entre deux images apparemment similaire, ou, comment jouer au jeu des erreurs au cinéma? Aucun des motifs psychologiques ne dépassent le stade du cliché. La scène de la secte est un ratage grotesque comparée à celle du dernier Kubrick. Osons-le dire, cette Mort aux trousses trop explicite et "dans l'air du temps" nous laisse froid.
En se penchant sur ce thème pourtant très "hot" et polémiste que sont les Sectes (satanistes dans le cas présent), l'auteur de Rosemary's Baby qu'ona connu soit plus mystique, soit plus audacieux, nous offre un regard conventionnel, absent de critiques, sans aucun jugement. Bref, un film qui sert la soupe à des pratiques condamnables, et les rendrait même crédibles. Surenchère naïve et inutile, cette Neuvième Porte aurait pu être plus incisive, voire fatale à ceux qui l'approchent.
A moins que cette lumière illuminée du final ne signe le crépuscule d'un réalisateur génial qui ne se sent plus attiré par les histoires à dormir debout...
Vincy Thomas
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Devant l'enceinte fortifiée d'une ville, une femme agenouillée offre
son cou au bourreau. Au fond, une roue de la Fortune, avec trois
personnages : l'un au sommet, l'autre qui monte, le troisième qui
descend.
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