Production: Paramount, Mandalay, American Zoetrope
Réalisation: Tim Burton
(Batman, Edward Scissorhands)
Scénario: Andrew Kevin Walker, Kevin Yagher
D'après le roman de Washington Irving
Photo : Emmanuel Lubezki
Musique : Danny Elfman
Montage : Chris Lebenzon
Effets spéciaux : ILM

Casting:
- Johnny Depp (Ichabod Crane)
- Christina Ricci (Katrina Van Tassel)
- Miranda Richardson (Lady Van Tassel)
- Casper Van Dien (Brom Van Brunt)
- Christopher Walken (Headless Horseman)
- Lisa Marie (Lady Crane)
et aussi Martin Landau

 

 

 
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Johnny Depp
Christina Ricci
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Heads will Roll
Washington Irving (Yahoo!)
Article (Newsweek)
Sleepy Hollow 
USA /1999/ Sortie USA le 19 octobre 99  
Sortie France Printemps 2000 
 
(c) Paramount
 
Nous sommes dans la pittoresque Nouvelle Angleterre, dans le village de Sleepy Hollow. En 1780, Ishabod Crane - flic rationnel - veut prouver son courage à la femme la plus belle de la région, Katrina Van Tassel. Et accessoirement il cherche la vérité. Mais point de légende... Crane apprend que ce chevalier est un homme de chair et d'os, sans tête. Il attaquerait des hommes, les décapiterait et s'en irait avec leur têtes. Tout le village est en émoi. Mais le "constable" découvre aussi un lien généalogique entre tous ces meurtres.
 
   Il n'y a rien d'étonnant à ce que Tim Burton s'attaque à ce roman de Washington Irving. La recherche de l'amour pur entre des êtres bizarres, un univers macabre jonché de corps sans têtes, un tueur en série... on retrouve les éléments de ses films comme Batman, Beetlejuice, L'Etrange Noël de Mr Jack, et surtout Edward Scissorhands. Le même goût du macabre, la même ambiance "gothique", cette atmosphère de brouillard et d'arbres calcinés. Ces personnages rongés par une mutilation physique, et qui cherche à exprimer (maladroitement, j'en conviens) leur souffrance intérieure.

La tentative la plus ambitieuse...
Ce n'est pas la première fois que Sleepy Hollow est adapté au cinéma. Dès 1896, un film muet avec Joseph Jefferson portait le titre de Rip leaving Sleepy Hollow. D'autres suivirent : The Legend of Sleepy Hollow (1912) d'Etienne Arnaud, The Headless Horseman (1922) avec Will Rogers, un dessin animé de Disney en 1949 (The Adventures of Ichabod et Mr.Toad), un court métrage animé (narré par Bing Crosby!) en 58, ou encore le film TV The Legend of Sleepy Hollow (1979), avec Jeff Goldblum dans le rôle d'Ichabod.
On considérera donc, qu'artistiquement, le projet de Tim Burton est assurément le plus ambitieux. Outre son compositeur habituel, Danny Elfman, il a choisi un spécialiste des couleurs pastels et kitschs pour la photo de son film, Emmanuel Lubezki (A Walk in the Cloud, The Birdcage, Meet Joe Black). Une lumière esthétisée donc. Le choix du directeur artistique est tout aussi intéressant : Ken Court. Lui non plus n'a jamais travaillé avec Burton. Il s'est occupé de films aussi divers que Ladyhawke, Aliens, un James Bond, BraveHeart et Wing Commander... Il a aussi travaillé sur des tournages comme Indiana Jones, Flash Gordon, d'autres 007, La déchirure et les Aventures du baron Munchausen.
Coté scénario, Burton a fait confiance à Andrew Kevin Walker à qui l'on doit les sombres et paranoïaque scripts de Se7en et 8MM. Il faut donc s'attendre à une refonte moderne et palpitante de cette histoire, avec gadgets et costumes d'époques. Mais évidemment cela ne suffirait pas à faire de Sleepy hollow, un événement...

De Superman à James Bond...
Le projet a commencé avec l'avortement de Superman returns. Et affrontera le 19ème James Bond en salles. En effet, Sleepy Hollow bénéficiera du très fréquenté (et familial) week-end de Thanksgiving pour sa sortie américaine, presque 3 ans après le sous-estimé Mars Attacks!
Entre temps les gens du marketing, qui ne veulent pas voir leurs têtes coupées, se seront démenés pour faire parler de ce film "artistique". De nouveaux livres sur Burton seront en librairie : My Art and Films pour commencer, qui commentera l'influence de ses peintures et dessins sur sa propre oeuvre cinématographique et The Art of Tim Burton's Sleepy Hollow, sorte de bouquin sur le making of. Un an après le début de son tournage, le film sera donc en salles. Il aura juste fallu 6 mois de post-prod, et la première bande annonce est apparue lors de la sortie de South Park. Le web avait même lancé la rumeur irréaliste d'une sortie estivale. Alros que le sujet même du film incite à le voir en automne.
Il n'y a pas que la personnalité de Burton qui fascinera les médias. Le Box Office du film intéressera peu de monde, sachant qu'hormis Batman, Burton n'a jamais atteint un large public. Vanity Fair a déjà réunit le couple de la saison, Depp et Ricci. Les deux stars du bizarre. Lui a tourné avec Waters, Kusturica et par deux fois avec Burton (avec qui il forme presque une osmose cinématographique). Elle a testé les plateaux de Sonnenfeld, Waters, Lee ou Gallo. Il est tout naturel que la fille de la Famille Addams tombe amoureuse de celui qui fut Edward aux mains d'argent. Jamais couple n' a été aussi logique à Hollywood. Deux physiques atypiques, deux séducteurs de l'étrange. Deux visages expressifs, même muets. On espère la chimie... et on espère que Depp, sous le regard de Burton, sera meilleur que dans ses récents films. Ses flops ne vont pas aidé la commercialisation d'un film aussi peu hollywoodien.

La raison de Burton...
Il se sentait très mal et plus que décourager quand Superman fut rappeler au sol. Il venait d'investir des mois de sa vie dans ce projet. Et les dernières versions du scénario étaient plus que prometteuses.
Il reçu ce cript, qui là encore parlait de superpouvoirs, un conte de fée au budget relativement peu élevé. Burton n' a qu'une seule réponse à donner lorsque finalement on lui demande le pourquoi de cette histoire :"J'ai toujours voulu faire un film avec un personnage qui n'aurait pas de tête."
Mélangeant poésie et fantastique, fantaisie et cauchemars, légende et Histoire, Burton filme un thriller à la Edgar Allan Poe. On frôle l'horreur, la peur est au rendez-vous. L'enfer n'est pas loin. Et l'ombre de Mr Jack rode. Dans le brouillard, élément récurrent de ce film.
Ou peut-être n'est-ce en fait qu'une superbe histoire d'amour entre une demoiselle en détresse et un homme prêt à tout pour la conquérir. A la fin de l'été, le montage final n'est pas achevé et Burton lui même avoue ne pas savoir dans quelle direction partir... Ou feint de nous le révéler.