1980
Kagemusha
de Akira kurosawa
(Japon)

Gros plan sur l'année 1980
Les Prix et Jurys

C’est au XVIe siècle que se dispute la couronne du Japon entre plusieurs clans ennemis. Shingen, un des trois aspirants principaux au trône, désire unifier son pays pour faire cesser le bain de sang qui coûte la vie à des milliers de semblables. Nobukado, son frère et quasi jumeau, fait acte de double: la présence de Shingen est alors senti doublement par ses rivaux. Nobukado sauve un futur crucifié d’une mort certaine; ce criminel, d’une ressemblance incroyable avec Shingen, devient «le guerrier-ombre» qui, dans le cas où Shingen serait assassiné, le remplacerait momentanément afin que le rêve de Shingen se réalise, c’est-à-dire la victoire de son clan, le clan Takeda.
La mort de Shingen met le guerrier-ombre en premier plan, il réussit à berner ses adversaires et ses propres hommes jusqu’au jour où il est découvert; le véritable héritier du trône est couronné, seulement pour subir une défaite éclatante.

Ce film de Kurosawa s’aventure dans les dédales du double avec on ne peut plus d’aisance. Que ce soit la double identité de son leader politique où celle du Japon oscille entre la vérité et le mensonge, ou la féroce beauté par laquelle Kurosawa organise les chorégraphies de ses batailles sanglantes, ô combien somptueuses, une chose est certaine: ce dédoublement assure un propos inquiétant, où le masque du pouvoir risque de tomber à tout moment, où l’honneur en prend pour son rhume. Notez la scène initiale où Shingen rencontre son guerrier-ombre. Ce plan d’ensemble stable de cinq minutes met en scène tous les symboles que nous retrouverons dans le film: la domination posée de Shingen, la vénération de Nobukado pour son frère, et l’agitation compréhensible d’un voleur minable (le guerrier-ombre), accusant Shingen des pires infamies.

Christian Roy


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