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   spécial Cannes
 
 
 
Réalisation: Claude Mouriéras
Production: Rezo Productions
Distribution: Rezo Films
Scénario: Claude Mouriéras
Image: William Lubtchansky
Son: Jean-Pierre Duret, Brigitte Taillandier
Décor: Wouter Zoon
Montage: Monique Dartonne
Durée: 1h36

Interprétation:
Michel Piccoli (Louis)
Miou-Miou (Laure)
Sandrine Kiberlain (Béatrice)
Natacha Régnier (Claire)
 

 Tout va bien, on s'en va
2000 / France / Projection à Cannes le 11 mai / Quinzaine des réalisateurs
 
Au début, tout va apparemment bien. Trois soeurs vivent à Lyon. Laure, l'aînée, s'occupe de la maison de famille et donne des cours de tango. Béatrice, la cadette, gagne bien sa vie et se croie indispensable parce qu'elle aide financièrement ses deux autres soeurs. Et enfin Claire, la petite dernière, une pianiste, qui n'arrive pas à se fixer et vit dans un squat. Mais un homme réapparaît dans leur existence quinze ans après l'avoir quittée, un homme qui va bouleverser leur vie pour la deuxième fois. Louis, leur père. Chacune des soeurs va réagir à sa façon mais toutes se posent la même question: pourquoi?
 
 
Claude Mouriéras a abordé le milieu du cinéma à travers le métier de directeur de la photographie avant de réaliser des documentaires et des films de fictions: Nuit de Chine (CM, 1989), L'écrivain, le peintre et le funambule (CM, 1990), Hélène Grimaud pianiste (documentaire, 1997), etc. Tout va bien, on s'en va est son troisième film de fiction.
 
Le goût du père.

" Béa, qu'est-ce qui se passerait si papa revenait? - Qui ça? "

L'ombre du père absent pèse sur l'histoire, qui aborde aussi le sujet délicat de la mémoire. Que peut-on oublier, volontairement ou non? Doit-on, pour une erreur, effacer tous les souvenirs? Et est-ce facile de se souvenir, quinze ans après, surtout quand la mémoire se dérobe? Une chose est sûre, le temps qui passe n'efface rien. Les trois soeurs, de part leur âge au moment de la fuite e leur père, ont des réactions très différentes. La plus jeune l'a idéalisé et est prête à pardonner contre un peu d'amour. La deuxième refuse de discuter avec celui qu'elle considère aujourd'hui comme un inconnu mais qui lui ressemble tant. L'aînée, quant à elle, a effectué le travail d'oubli pour elle-même, mais aussi pour ses soeurs. L'apparition du père se fait progressivement dans l'histoire. Peut-être un peu trop lentement d'ailleurs. Son brusque retour n'est expliqué qu'à la fin, qui est la partie la plus riche et la plus intéressante du film avec un très bon montage de flash-backs. La mémoire allant de paire avec la vieillesse prend alors toute son importance. Que se passe-t-il quand l'homme ne peut plus se souvenir, quand les êtres autrefois aimés deviennent de parfaits inconus? Cela vaut-il le coup de vivre sans passé, sans repères? Le film soulève de douloureuses questions tout en ne faisant finalement que les effleurer. Le réalisateur s'est surtout attaché aux soeurs et à leurs réactions, prolongeant cette histoire du père absent jusque dans les retrouvailles. Malgré une mise en place un peu longue qui prend le temps de bien installer les personnages, le film, porté par d'excellents comédiens, sonne très juste.

Muriel 

 
 
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