- Filmo Jane Birkin
 

(C) 96-01 Ecran Noir

Ceci est mon corps
France
Sélection officielle (en compétition)
Projection: 17 Mai 2001
Sortie en salle : 29 août 2001 (France)

Réalisation: Rodolphe Marconi
Production: Gémini Films
Scénario : Rodolphe Marconi et Gilles Taurand
Image : Carlo Varini
Montage : Isabelle Devinck
Musique : Niko Bikialo
durée 87 mn
Louis Garrel (Antoine)
Jane Birkin (Louise Vernet)
Elisabeth Depardieu (Christiane)
Didier Flamand (Gabriel)
Mélanie Laurent (Clara)
et aussi Didier Beace, Annie Girardot
 
Antoine étouffe : HEC en bout de route, la reprise de la boîte à Papa, une famille qui ne se soucie pas de lui, une copine sédentaire avec qui il baise mal. Un jour on lui propose un rôle de cinéma, par hasard. Il accepte. Prêt à tout plaquer. Cependant il se laisse obséder par deux personnes : l'acteur qui s'est suicidé et qu'il remplace, et la réalisatrice, qui baisait avec l'acteur.
Les scandales et les vérités éclatent. Il se retrouve seul, désemparé. Il doit chercher son chemin.
 
 
C'est le premier film de Rodolphe Marconi. Son court métrage Stop (99) avait reçu le Prix du jury du court métrage à Cannes. Il avait fait la Villa Médicis (époque où il a rencontré l'acteur pricpal, Louis Garrel, fils du réalisateur Philippe Garrel). Au départ ce réalisateur était comédien. il a donc collaboré avec l'un des compères de Téchiné, le scénaritse Gilles Taurand. Produit par Paulo Branco (Les ames fortes de Ruiz, Oliveira...), le film se retrouve en Quinzaine des réalisateurs. On note ainsi un casting classieux, avec Jane Birkin en tête de pont. C'est son premier film français depuis On connaît la chanson de Resnais (un tout petit rôle, le temps d'une scène avec Bacri) et sinon depuis le Mocky de 94 (Noir comme le désir). Une longue absence.
Evidemment le titre a été jugé comme une provocation par les intégristes religieux, qui s'approprient donc le vocabulaire de la Bible. L'affaire est portée devant le Tribunal de Paris, quelques jours avant la sortie du film. Le juge a d'ailleurs autorisé le film à porter ce titre...
Ces mêmes "fidèles" avaient protesté lors des sorties de The Last temptation of the Christ et Je vous salue Marie (respectivement Scorsese et Godard).
Enfin, ne vous y trompez pas, malgré le titre : le cul est peu présent. On peut même noter une invraisemblance. Après un coït apparemment précoce, le jeune homme se retire totalement propre du côté du petit oiseau, très petit pour un membre venant à peine d'éjaculer. C'est bien de simuler, mais gare aux gaffes quand même...
 
L'ECOLE DE LA CHAIR

"Tu sais papa, je crois que j'ai aussi perdu la foi."

A l'origine, il y a les influences, l'histoire, le ton. Nous nous situons dans l'empreinte d'un cinéma français proche de Téchiné, Corsini, et pas très loin de Jacquot. Le jeune réalisateur y laisse aussi son empreinte, composée d'images abstraites (ballet, mathématiques, nus), de personnages fugaces mais essentiels.
Ceci est mon corps aurait pu s'envoler de lyrisme et de romantisme, s'amouracher pour une histoire sordide et immorale, se coller à un sujet dramatique, une errance fatale.
Le film débute bien, s'embourbe, et s'enfonce scène après scène dans une impasse.
Les acteurs sont bons, les jeunes comme les vieux, même si les seuls dont tombe amoureux sont les plus fous : Girardot, mais surtout Jane Birkin, en vieille féline mystérieuse, inquiétante, cruelle. Elle sauve le film : ses scènes sont les mieux écrites, et on un sens psychologiquement. Si les acteurs sont la préoccupation visible du jeune cinéaste - ils lui rendent bien - il aurait dû être moins exigeant d'eux et s'imposer la même rigueur sur le scénario et la réalisation. Certaines scènes sont complètement ratées (la dispute entre Garrel et Birkin). Des personnages sont baclés, notamment la mère (Elisabeth Depardieu méconnaissable avec ses lèvres au collagène) et les deux gamines.
Le film accumule les clichés, les banalités, les déjà-vus. Il n'y a rien de neuf dans le discours. le script est épouvantablement mal écrit, sans aucune ambition cinématographique. Ce nombrilisme aux frontières de l'autobiographie ne nous interpelle jamais, ne nous renvoie à aucune émotion, ne nous révèle rien.
On ne peut pas s'attacher à ces coprs sans intérêts, ces vies comme toutes les autres, et l'absence d'action dramatique. On s'égare, un peu plus, à chaque minute qui passe, jusqu'à se fondre dans le flou des lumières de la ville, sans aucune réponse. Il n'yavait aucun but. On peut être poète à condition d'avoir le style.
Marconi n'est pas mauvais : l'introduction avec cette répétition de ballet, la séquence d'anniversaire de la grand mère (Annie Girardot volant la vedette à tous), ou encore ces flashs sur ces corps nus sont autant d'impressions fortes et instantanées. Mais elles ne conduisent nulle part. Il n'y a aucun imaginaire, juste un rêve quelconque de couper le cordon de manière amateure.
C'est un peu l'idée de ce premier film. Couper le cordon de ses influences de manière amateure. Un jeune homme paumé, ça n'a rien de neuf dans le cinéma français. d'autant quand il y a l'aspect à certains moments d'un téléfilm "socio-réaliste" pour France 3.
On aurait aimé que le film approfondisse la métaphore charnelle, corporelle, le besoin de la peau, du mouvement, comme dans la danse. Au lieu de cela, on nous livre un essai sur les tourments d'un adolescent, totalement insipide. Reste la musique, très Ircam, mais séduisante.

Vincy-