Raiders of the lost ark
1981 - 6 387 000 entrées France (3ème au Box office)
 

1936. Le gouvernement américain demande à l'archéologue réputé et expert des grands mystères de l'humanité, Indiana Jones, de retrouver l'Arche de l'Alliance, dans lequel se trouveraient les 10 commandements. Du Népal au Caire, il se lance à la poursuite de cette quête, en compagnie d'une de ses ex, Marion. Mais Hitler, à la veille de la seconde guerre mondiale, souhaite aussi s'emparer du trésor.

Scénario : Lawrence Kasdan (d'après un sujet de George Lucas et Philipp Kaufman)
Musique : John Williams
Image : Douglas Slocombe
Montage : Michael Kahn
Durée : 115 mn

casting:
Harrison Ford (Indiana Jones)
Karen Allen (Marion Ravenwood)
Alfred Molina (Satipo)
Denholm Elliott (Marcus Brody)

C'est le début d'une histoire d'amour. Celle avec Lucas l'intellectuel, le créateur d'Indy. Celle avec le public, qui voue un culte à cette saga divertissante. Celle avec le bonheur de faire du cinéma : filmer ce qui est nécessaire, délais et budget respectés, en respectant de très près les storyboards initiaux. Spielberg s'est amusé à le réaliser (il ne se considère pas comme l'auteur) et s'amuse encore à le revoir. Un plaisir total.
Steven Spielberg fut vite séduit par cette histoire très cartoon. Il y voyait l'occasion de rendre hommage aux séries de son enfance, très kitsch, du type " Zorro " ou " In the navy ". C'est aussi à cette époque qu'il souhaite réaliser un James Bond. Refus. Indy deviendra son 007. Il considère la saga comme une succession de chapitres. Il y aura donc trois films très différents, dans leur style, dans leur forme. Le 1ier , " Les aventuriers de l'arche perdu " est un sommet du genre. Il a été imaginé 4 ans auparavant, à Hawaï, alors que " Star Wars " sortait en salles. Le scénariste n'est autre que Kasdan, tout juste auréolé de sa mise en scène de " La fièvre au corps ". Et le personnage principal est incarné par Han Solo, soit, Harrison Ford. On sous estime souvent la nécessaire chimie entre ce type de personnage et son acteur. Tom Selleck était le premier choix. Son contrat sur la série " Magnum P.I. " le contraint à refuser.
Spielberg arrête de se référer aux grands cinéastes (il parodie quand même " Lawrence of Arabia ") et préfère exploiter sans scrupules la sous-culture qu'il adore. L'ironie et partout jusque dans les maladresses de ce superman très humain. Le fameux principe d'identification que prône le cinéaste pour la réussite d'un film. On s'attache vite à ces aventures héroïques et gauches, cyniques et drôles. L'administration Américaine s'en sort ridiculisée avec le final. Et les nazis font ici leur entrée dans le cinéma du réalisateur (après un " caméo " dans " 1941 ").
Mais la grande réussite du film tient dans la modestie affichée du projet. Le tandem Lucas-Spielberg considère la série comme une série B réjouissante et candide. Aucune prétention, juste de l'action. C'est sans doute cela qui a permit de ne pas en faire un film trop pompeux, mais bien au contraire, attachant. Le hasard a voulu que certaines des meilleures scènes soient dues à des trouvailles pour résoudre des problèmes de temps, de maladie, d'argent, ou de serpents… C'est le malheur qui a conduit à notre bonheur. On retrouve la violence et une certaine cruauté des précédents films. Le personnage principal fait penser à un ado éternel, bourré de grimaces et de second degré. Certaines séquences sont mythiques, jusqu'à être reprises dans de nombreux films, comme la saga des " The Mummy ", remakes inavoués. On en oublie facilement les quelques invraisemblances. Indiana Jones est une BD destinée à divertir, avec des prises de vues plus dynamiques et quelques effets spéciaux. Spielberg introduit une certaine dose de violence et des anti-héros, un prologue et un final spectaculaires. Un final totalement copié sur " Quatermass and the Pit" de Roy Ward Becker (67). Le réalisateur se défend souvent. Il insiste pour dire que Lucas est l'initiateur, l'auteur et le producteur. Il y a d'ailleurs de nombreuses références à " Star Wars ". Le cinéaste n'y voit qu'une série B bien foutue puisant dans les films du studio Republic et les comics de Carl Barks.
Techniquement, il accepte pour la première fois une seconde équipe, il reprend le bateau du film de Petersen " Das Boot ", il utilise des plans tournés pour d'autres productions (" stock shots ") et les effets visuels sont utilisés pour diminuer les coûts. Le film se tourne en 73 jours, sur les 90 prévus. Cette efficacité ne nuit jamais au film. Indiana se base sur trois œuvres : les James Bond, meilleur serial du cinéma, pour l'action, Tintin pour l'époque et l'esprit, et " L'Homme de Rio ", de Philippe de Broca, avec Belmondo et Dorléac. Cette comédie d'aventure est un must du 7ème Art, multipliant les moyens de transport, les paysages et les défis pour son anti-héros. Car il n'y a rien d'original chez Indy. Il y a toutes les phobies, tous les dangers en un seul film. Il frôle la surenchère, nous offrant un plaisir maximal, qui donnera la recette des blockbusters : " L'Arme Fatale ", " Flic de Beverly Hills ", " Mission Impossible " ou " Batman ". Toujours plus haut et plus fort. Une séquence d'action de dix minutes est un court métrage à elle toute seule, allant crescendo au fur et à mesure des épisodes. Le réalisateur de " Jaws " pousse plus loin avec une violence peu tolérée et du sang à profusion.
Cette aventure débute avec une mission ratée et se conclut sur une victoire amère. En cela, Indiana Jones est une parfaite synthèse du cinéma réaliste des 70's et des comics post-45. Avec un petit bonus : les effets d'ILM. Cet épisode sera l'un des meilleurs VRP de la boîte de Lucas. En fait Indy donne un coup de vieux à 007 et annonce la jeune génération de talents hollywoodiens des années 80 et 90. La domination serait totale !
 
      Dossier réalisé par Vincy + PETSSSsss
      (C) Ecran Noir 1996-2005