Happy, Texas

Voilà. C'est fait. George W. Bush est Président des Etats Unis au terme d'une campagne fade et d'une élection rocambolesque. Nul ne doutera de mon opinion sur le résident de la Maison Blanche. Involontairement, les USA viennent de nous donner une belle leçon à retenir et méditer sur les limites de la démocratie.
Mais que vient faire " W " dans un édito de cinézine ? Figurez-vous que cet olibrius du bureau ovale me rappelle un personnage de cinéma, et le film qui le décrit. Rien à voir avec le Président de " Mars Attacks ! " ou un titre du type " Dumb and Dumber ". Le film date d'une vingtaine d'années. Il réunit deux stars de l'époque ; l'acteur le mieux payé du moment, Burt Reynolds, et la chanteuse country ultra-populaire Dolly Parton. " La cage aux poules " - traduction franchouillarde de " The Little Wharehouse in Texas " - fut un classé dans le Top 10 du Box Office américain cette année là. Il comprend notamment un bijou musical composé et écrit par Miss Dolly, " I will always love you ". La chanson fut reprise par Whitney Houston pour devenir le titre phare d'un autre film " The Bodyguard ". Voilà pour le décor.
Cette comédie romantique et musicale prend place dans le plus célèbre bordel du Texas, état plutôt plouc et carrément conservateur. Viennent se détendre et jouir du repos du guerrier , les politiciens, l'équipe de foot, les puceaux à papaÉ Dolly y est la mère maquerelle de ses filles pleines de joies et Burt son amant de shériff.
Au détour d'une (é)mission de TV, people et trash, genre chien de garde populiste, un animateur - un frustré qui met une chaussette roulée dans son slip pour faire croire qu'il en a - s'en prend à ce symbole de la débauche, pointant sans honte sa caméra sur chacun des clients. Scandale. Le peuple, les médias, le Bordel et sa bourgade en viennent à interpeller le Gouverneur du Texas !
(Petit aparté pour ceux qui ont du mal à suivre mon délire : Bush Junior était Gouverneur du Texas avant d'être choisit comme Président.)
Le Gouverneur du film est évidemment un connard de première, assez benêt, totalement impuissant à décider quoi que ce soit, incapable d'avoir des convictions. Bref ce gouverneur ne fait un choix qu'après lecture des sondages d'opinion, ne suivant que l'avis de la majorité.
Voilà à quoi me fait penser le nouvel " Homme le plus puissant du monde ", l' "Homme de l'année " (Time Magazine). Un moraliste démago, un sans opinion, un Ne Se Prononce Pas. Ou si peu qu'il en dit des bêtises. La morale de l'histoire du film est que le bordel a été fermé, mettant au chômage de charmantes jolies filles.
Si on élargit un peu le champ, on notera que les seins légendaires de la Parton ont toujours été de bons arguments de vente pour ses disques.
Quelques années plus tard, ce fut même la Maison Blanche qui devint un bordel avec les aventures de Clinton-la-braguette. Ce raccourci exhibe une hypocrisie made in America. Et Bush ne fait bien qu'illustrer le déclin de l'empire américain, la descente aux enfers du système démocratique, Hollywood se moque de son Président en faisant tour à tour un clôné (Kevin Kline), un dément stupide (Jack Nicholson), un superhéros (Harrison Ford), un cÏur à prendre (Michael Douglas), une bête de campagne tacticienne (John Travolta)É A quand le parkinsonien, gaffeur et ancien acteur Reagan en vedette d'une comédie des frères Farelly ?
D'ailleurs on peu aller plus loin et imaginer Tony Blair dans " Y a-t-il un flic pour sauver la Reine ? ", Jean Chrétien dans " Le Corniaud " et Jacques Chirac dans " La vache et le prisonnier " ?

Il serait quand même temps que la politique devienne moins un show. A force les campagnes vont se calquer sur les scripts des studios : transparentes.

Vincy 02/02/01  
 


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