ISABELLE HUPPERT

PORTRAIT

Une Affaire de femme
par Vincy - Avril 1997 / Avril 1998 / Octobre 2001

    Isabelle HuppertRares sont les actrices qui arrivent à incarner avec autant de détermination des personnages faillibles et solides à la fois, dramatiques et sans gravité.
    Isabelle Huppert aura eu deux carrières. Une où son nom figurait parmi les têtes d'affiche écloses dans les années 70,: aussi légère que Miou Miou, aussi mystérieuse qu'Adjani, aussi séduisante que Nathalie Baye.
    Déjà elle se singularisait en jouant dans diverses familles du cinéma Français: Blier, Pialat, Tavernier, Téchiné, Godard et Kurys.
    La dentellière prenait encore plus d'essor avec ses partenaires masculins: une génération au dessus, telle la soubrette au milieu des barons du cinéma. Elle les affronte, sans hésiter, en cette période de libération de la femme.

    Toute cette période, jusqu'en 1987, lui a permis de voguer au gré des vagues: les plus hautes avec Violette Nozière et Coup de Torchon, mais aussi les plus lointaines, tournant en Allemagne ou aux Etats Unis.
    Sa carrière américaine commença avec une des plus grandes super-productions hollywoodiennes: Les Portes du Paradis. Qui menèrent le studio (United Artists) et Cimino en enfer.
    Isabelle Huppert n'était ni glamour, ni comique. Juste une fille banale en vedette, qui cherchait à nous surprendre.
    10 ans après son prix d'interprétation à Cannes, ses choix semblaient plus hasardeux, moins heureux. C'est alors que Claude Chabrol rentre de nouveau en scène.
    La relation entre un réalisateur et une comédienne est primordiale dans le déroulement d'une vie d'actrice. Comme Deneuve-Téchiné ou Béart-Sautet, il y a Huppert-Chabrol. Le Hitchcock français, le bon vivant amateur de polars a changé de sujets avec Isabelle Huppert: avortement, roman classique, fait divers...
    Et toujours des rôles de femmes très forts...Une affaire de femmes lance Huppert dans sa plus belle décennie, avec un sujet controversé (ce qui lui correspond assez bien), et une affiche la montrant plus féminine que jamais. La vedette est née.

    Il y aura Madame Bovary par la suite, l'adaptation d'un des plus grands personnages de la littérature française, la réponse au féminin à Cyrano de Rappeneau.
    Enfin il en fait une postière (personnage souvent filmé chez Chabrol) dans La Cérémonie, où elle devient la complice de Bonnaire toutes deux un peu folles, ou marginales. Un rôle qui la consacre à Venise, aux Césars et aux Etats Unis. Un personnage réaliste, déterminé, errant. Une sorte de symbiose avec son image.
    Il y aura eu des aventures étrangères (dans le cinéma indépendant américain ou le cinéma académique italien), et puis toujours sa fidélité aux femmes: Christine Pascal, Diane Kurys, ses soeurs,...
    Aussi, un de ses films les plus sous-estimés, face à Auteuil, dans La Séparation. Encore une femme actuelle, sans prétention. Juste dans son époque. Reflets de celles que l'on croise dans le métro ou sur les autoroutes. C'est peut être ce charme qu'elle amplifie avec les années, cette recherche de la perfection, sans que l'on ressente l'effort, qui nous fait de plus en plus succomber à son talent.

    Car il est indéniable et reconnu. Sa liberté est d'ailleurs totale désormais. Si Bovary a tout lu, Huppert, elle, peut tout jouer.
    Et elle vit depuis La Cérémonie ses plus belles années: au théatre (où elle a joué Mary Stuart à Londres) comme au cinéma, où elle s'impose dans le rôle de Marie Curie dans une des pièces de théatres les plus populaires de ces dernières années, portée à l'écran. Huppert y retrouve Noiret. Et redécouvre la comédie.
    Puis Chabrol, dans l'un des films les plus attendus de l'année 97, avec un duo jamais vu: Isabelle et Michel Serrault. Deux grands noms du cinéma, sous l'oeil du maître: Rien ne va plus. Au contraire tout va bien pour Isabelle Huppert, future star de l'année, comme Ardant l'année d'avant.

    Cette grande abonée au festival de Cannes y revient chaque année avec ses films culottés, ses interprétations troubles et provocantes, ses sentiments qui se perdent dans l'inconscient de chacun. Elle est le reflet d'une société qui a un mal-être qu'elle renvoie à la perfection. Elle réussit encore à nous suprendre, en tueuse froide chez Chabrol, en mère reniée chez Ruiz, en épouse baffouée et psycho-rigide chez Assayas, en manipulatrice dans Saint-Cyr.
    Son goût pour l'aventure lui fait traverser des univers cinématographiques radicaux, d'Ozon à Dahan. Et quand on croit qu'elle se répète, qu'on a déjà vu son rôle de névrosée passionnelle et écorchée vive, elle nous bluffe avec sa virtuosité clinique dans La Pianiste d'Haneke. Elle n'hésite pas à pisser, à se saigner le sexe, à baiser sur du carrelage froid, à se planter un couteau, à se détruire dans la beauté d'un amant irrésistible. Et sur scène, elle plonge la tête dans la flaque de Médée, et en sort hagard, les yeux rougies, le visage paralysé par la folie. Huppert est une tragédienne qui vit ses extrêmes de façon intellectuelle. Frissons garantis.

Isabelle Huppert

BOX Office (France)

1 - Coup de torchon
2 - Coup de foudre
3 - Mme Bovary
4 - La Dentelière
5 - Violette Nozière
6 - La Cérémonie

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