Le Delluc est une sorte de Goncourt du cinéma. Tantôt récompensant un espoir jugé prodige, tantôt vénérant un talent qui a fait ses preuves décennies après décennies.
Créé en 37, ce prix attise les convoitises et devient presqu'une sorte de teaser aux Césars. Chéreau, par exemple, récipiendaire l'an dernier avec son Intimité, fut nominé dans la catégorie meilleur réalisateur.
Présidé par Gilles Jacob, par ailleurs Président du festival de Cannes, le jury de spécialistes établit sa sélection en plusieurs étapes; en commençant par une sélection drastique.
6 films se retrouvent finalistes en 2002 : une femme, un gay affiché, un docu, trois comédiens, un immigré...
Dans l'ordre de préférence pour Ecran Noir, nous avons 8 femmes de François Ozon, représentant de la France aux Oscars, énorme succès. Même s'il n'est pas le favori pour l'exigeant Delluc, il parait bien parti pour les Césars, combinant 3.7 millions de spectateurs et une critique favorable. cela fait 5 ans qu'un film grand public (On connaît la chanson) n'a pas reçu le Delluc.
L'Adversaire de Garcia est le seul film en provenance de la Compétition Officielle du Festival de Cannes. Ayant malgré sa noirceur séduit un million de spectateurs, le film de Garcia a partagé critique et public. Mais l'oeuvre reste stylée et Garcia un gage de qualité.. Ce serait la torisième fois seulement qu'une cinéaste serait récompensée.
Michel Blanc (Embrassez qui vous voudrez) fait partie des rares "comiques" respectés par la profession en tant qu'auteur. Peu de films dans le genre de la comédie (même si elle est dramatique) ont emporté le Delluc. Parmi eux Tati, Rappeneau, Dréville, Resnais. Contrairement aux autres récents vainqueurs, Blanc ne bénéficie ni d'être une révélation marquante, ni un réalisateur quasi vétéran.
Amen de Costa Gavras pirrait créer la surprise. Même si Costa est le seul des "nominés" à l'avoir déjà eu (en 72 pour Etat de Siège). Peu de cinéastes l'ont obtenu deux fois ou plus : Resnais, Sautet, Deville, Malle. Et tati si l'on compte le Delluc des Delluc. Cependant, lauréat du prix SACD, en compétition à Berlin, Amen est un film qui a choqué, plu, et Costa Gavras un réalisateur qui renoue avec les honneurs.
Mischka de Jean-François Stévenin est sans aucun doute le film le plus surprenant de la liste. Même si son échec public fut injuste, le réalisateur eut le droit à la couverture des Cahiers du cinéma et les louanges de la presse parisienne. Avec Garcia et Blanc, on note que la motié des Delluc potentiels sont des acteurs passés réalisateurs, chacun dans leur registre. A part Tati et dans une moindre mesure Chéreau, aucun comédien n'a eu ce prix avec un film réalisé par lui-même. Mais Stévenin n'en est pas à son coup d'essai et sa sensibilité justifie sa présence ici.
Enfin, on peut miser sur un documentaire. Etre et avoir a plusieurs atouts. Succès populaire (1 300 000 spectateurs), le film eut le droit à une avant-première cannoise. Il est l'héritier de récents vainqueurs socio-réalistes : Y aura-t'il de la neige pour Noël? et Ressources humaines. Défendu becs et ongles par Télérama (forcément : les enseignants sont accros au magazine), le film n'est pas notre favori; jusqu'à présent aucun documentaire n'a eu ce prix. Seul un dessin animé l'a obtenu (Le Roi et l'oiseau de Grimault).
Mais des ex-aequo sont possibles, comme ce fut le cas en 62, 87, 90 et 97.
Résultats le 11 décembre.

Vincy / 03.11.02