Jacques Tati
Filmo
   

1974
Parade

1971
Trafic

1967
Playtime

1958
Mon Oncle

1953
Les Vacances de monsieur Hulot

1948
Jour de fête

1947
L'Ecole des facteurs

1935
Gai dimanche

1932
Oscar, Champion de tennis

 

  
à venir
 
 
 
 
 
Liens Ecran Noir
  - La Vie en Tatirama Expo
- Festival de Cannes 2002
Surf
- Site de fan (1)
- Site de fan (2)
Boutique
- Les films de Tati en vidéo (VHS, DVD)
- Les livres sur Tati
Tout sur Jacques Tati
Jacques Tati
Portrait
 
  MONSIEUR BURLESQUE

Jacques TatiUne carrière cinématographique commencée en 1932 avec Oscar, champion de tennis, court-métrage dont Tati a écrit le scénario, qu'il interprète, mais dont la mise en images a été confiée à Jack Forrester. L'année précédente, Jacques Tati, né Tatischeff, a débuté sur les planches avec un spectacle de pantomimes sportives. Car le sport, en particulier le rugby, est son loisir favori depuis l'adolescence ; dans les vestiaires, après les matches, il en mimait devant ses coéquipiers pliés de rire, les diverses phases de jeu, les interventions de l'arbitre, les réactions du public.

Dans les années 30, il trouve l'occasion de reprendre, devant la caméra, quelques-unes de ses pantomimes : sur le tennis dans l'Oscar déjà cité, la lutte dans On demande une brute de Charles Barrois (1934), ou la boxe dans Soigne ton gauche de René Clément (1936), le plus connu des courts-métrages - il y en a eu cinq avec Gai dimanche de Jacques Berr (1935) et Retour à la terre, le premier signé Tati en 1938 - qu'il interpréta avant la guerre. Mais l'essentiel, en ce début de carrière, demeure le music-hall où Tati s'est taillé une solide réputation. Avec son numéro, 'Impressions sportives", il a fait le tour des scénes françaises et européennes ; il fallait le présenter au Radio City Music Hall de New York lorsqu'en septembre 1939, il doit revêtir l'uniforme...

  • "De Gaulle, facteur..."
  • Jour de FeteAprès la guerre, Tati apparaît dans Sylvie et le fantôme (1945) - il est le fantôme - et dans Le Diable au corps (1947) d'Autant-Lara. Il investit ses cachets dans L'Ecole des facteurs (1947), ultime brouillon du film auquel il pense depuis son Retour à la terre où sévissait déjà un impayable facteur rural. Ce film, c'est Jour de fête que Tati réalise et interprète en 1949 et que les distributeurs, maîtres de la sortie en salles, ne trouveront pas drôle... Heureusement, une projection surprise, à Neuilly, connaît un triomphe grâce auquel Jour de fête peut enfin rencontrer un immense public, surpris et ravi de rire autant.

    Monsieur Hulot"C'est alors que j'ai eu l'idée de présenter M. Hulot, personnage d'une indépendance complète, d'un désintéressement absolu et dont l'étourderie, qui est son principal défaut, en fait, à notre époque fonctionnelle, un inadapté". Avec son "visage à la Prévert sur le corps de De Gaulle" (Michèle Manceaux), M. Hulot, alias Jacques Tati, va promener sa silouhette dégingandée sur la plage des Vacances de M. Hulot (1953) ; arbitrer dans Mon oncle (1953) l'éternel conflit de l'ancien et du nouveau ; plonger avec le courage de l'inconscience dans l'univers cybernétique de Playtime (1968) et affronter dans Trafic (1970) l'hydre automobile aux cent gueules de chauffards.

  • Le temps et l'argent.
  • Tati avait coutume de dire aux apprentis cinéastes : "Le cinéma, c'est un stylo, du papier et des heures à observer le monde et les gens". Pour écrire ses films, du premier au dernier gag et en prévoir tous les rouages ; pour imaginer, sur la bande-son, le moindre bruit, sa modulation, son intensité, son rythme ; pour faire exister, avec un visage, des vêtements, une silouhette et des signes particuliers, le plus humble des personnages, à peine entrevu sur l'écran, Tati avait besoin de temps et le prenait. Quatre ans entre Jour de fête et Les Vacances..., cinq entre Les Vacances... et Mon oncle, dix entre Mon oncle et Playtime.

    PlaytimeIl avait aussi besoin d'argent : il engloutit des millions dans l'édification du gigantesque décor futuriste de Playtime. Le tournage s'y prolongea des mois ; le légendaire perfectionnisme du cinéaste ne fut pas responsable de tous les retards, car il fallut souvent attendre l'arrivée d'argent frais ! Et lorsque apparurent enfin sur l'écran géant de l'Empire ces images bourrées de gags dans leurs moindres recoins, certains crièrent à la démesure, à la mégalomanie... Vaincu par l'incompréhension d'une critique pressée et par les mises en demeure de ses créanciers, Tati dut tailler dans le vif, couper des séquences entières. Rien n'y fit, car le public n'était plus au rendez-vous. Déjà gorgé de télévision et bombardé d'images choc montées au pas de charge, il avait perdu cette patience qui lui avait permis, dix ans auparavant, de s'introduire en douceur dans le monde nonchalant de M. Hulot.

    Jacques TatiConfronté à l'échec de son entreprise prométhéenne, Tati trouva quelque réconfort dans les louanges prodiguées par certains confrères, en particulier celles de François Truffaut qui lui écrivit : "C'est un film qui vient d'une autre planète où l'on tourne les films différemment. Playtime, c'est peut-être l'Europe de 1968 filmée par le premier cinéaste martien, "leur" Louis Lumière ! Alors il voit ce que l'on ne voit plus et il entend ce que l'on n'entend plus et filme autrement que nous".

  • Ses ailes de géant...
  • Jacques TatiAprès Trafic qui ne lui permis pas de renouer avec le succès ni d'éponger ses dettes, Tati se voit offrir, par la télévision suédoise, l'opportunité de réaliser un film avec les moyens tehniques et financiers des productions télévisuelles. C'est Parade (1974) où Tati revient au cirque et au music-hall de ses débuts. En bon M. Loyal, il présente une succession d'attractions entre lesquelles il reprend ses pantomimes d'autrefois : le footballeur, le pêcheur à la ligne, le tennisman, la cavalier... Ce sera son dernier film.

    Après Playtime, cette oeuvre titanesque, aura eu raison de celui qui avait cru possible de faire tenir le monde dans un écran, d'y faire entrer à sa suite des millions de spectateurs et de y les laisser retrouver leur chemin, armés d'intelligence, de sensibilité et de la certitude qu'au terme du voyage, un éclat de rire les délivrerait de l'angoisse.

    Chris - Février 1998
     

     
    Bio Express
      1907 (Le Pecq) - 1982 (Paris).
    De son véritable nom Tatischeff.
    A préparé l'Ecole des Arts et Métiers.

    Palmarès
    Jour de Fête (1948): Prix du Meilleur Scénario au Festival de Venise
    Les Vacances de Monsieur Hulot (1953): Prix Louis Delluc, Prix de la critique internationale au Festival de Cannes, Prix du Festival de Berlin
    Mon Oncle (1958): Oscar, Prix spécial du jury au Festival de Cannes, Prix Méliès

    A l'instar de Chaplin inventant Charlot, Tati, ancien acteur de music-hall, invente Monsieur Hulot.
    Sa mise en scène épurée et quasi abstraite, ses gags subtils et purement cinématographiques (il expérimente beaucoup) traduisent à merveille les dérèglements, les rites, le ridicule d'un monde en mutation ("Mon Oncle", 1958 ; "Playtime", 1967 ; "Trafic", 1971 ; "Parade", 1974) dont Tati nous décrit la volonté de maîtrise obsessionnelle.
    Ce regard cruel et minutieux, mais toujours attentif aux signes d'humanité, est unique et irremplaçable.
     

      Je veux que le gag ait le plus possible de vérité.

     
     
     
       (C) Ecran Noir 1996-2002