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FEVRIER 2002
Paroles, paroles, paroles...
"Monstres sacrés, sacrés monstres"
Théâtre Molière / Maison de la Poésie
Avec André Dussollier
Jusqu'au 28 février 2002.
On connait la voix apaisante de Dussollier, "Monstres sacrés, sacrés monstres"
est l'occasion de voir une véritable performance d'acteur avec une présence
forte sur scène tout en s'effaçant derrière les vers qu'il récite. Le spectacle
d'André Dussollier est une sorte d'hommage simple et sincère à la beauté du
verbe poétique. Pour le meilleur et étonnamment pour le rire. Les nombreuses femmes du public furent vite séduites.
Dans une scénographie sobre, c'est la voix qui porte ce spectacle, ainsi que le très bon jeu du comédien qui semble ici comme chez lui.
Tantôt comique, tantôt tragique, André Dussollier demeure toujours
généreux avec le public. Ce spectacle est une pléthorique anthologie de la poésie française :
de Sacha Guitry à Roland Dubillard sans oublier Victor Hugo, Alfred de Musset,
Jacques Prévert, Henri Michaux ou Molière... Un choix plus guidé par le plaisir
que par une quelconque obligation de représentation. Et d'alexandrins
classiques à des montages surréalistes, "Monstres sacrés, sacrés monstres" est un
assemblage qui, par association d'idées ou par thèmes, évoque les sentiments
humains de l'amour à la peine, de l'exaltation au désespoir.
Critique de l'image
Exposition Mark Lewis à la Galerie Cent8.
108, rue Vieille du temple - 75003 Paris
Jusqu'au 23 février 2002.
Mark Lewis présente à la Galerie Cent8 ses subtiles oeuvres vidéos
qui regardent l'autre côté du cinéma.
En guise d'introduction, le film "The Pitch" - le baratin - est un monologue
rendant hommage aux oubliés du cinéma : les figurants. "Le caractère unique du
rôle de figurant au cinéma consiste dans le fait qu'il soit à la fois
présent et absent" énonce-t-il sur le quais d'une gare animée.
Les personnages de ces films sont des passeurs, des êtres qui mènent à l'autre
côté, mais il n'y a point de vertu démonstrative ou de récit dans ces oeuvres.
Simplement une recherche de maîtrise de l'image, une critique du cinéma en
allant là où les autres ne vont pas. C'est le cas de la vidéo "Jay's
Garden" qui ne s'intéresse qu'aux séquences intermédiaires des films pornographiques : le
résultat est un plan mobile qui suit les personnages dans un jardin de Los
Angeles, une sorte de labyrinthe dont on ne nous montre que la face angélique. Jardin des délices, ou des supplices? Jardin des sévices...
Avec ces vidéos, Mark Lewis questionne les effets et atours du cinéma et n'en
retient qu'un certain dépouillement, une mise à nu radicale.
Comme le dit le galériste Serge Le Borgne, Mark Lewis aurait pu être
critique de cinéma mais "ne pouvant y arriver par les mots, il utilise l'image".
A la poursuite de l'absolu.
"L'exaltation du labyrinthe"
En alternance jusqu'au 16 février 2002
au Théâtre National de la Colline.
Tél : 01.44.62.52.52"
Un père et un fils en quête de réconciliation, les crimes refoulés du passé, la
haine et la culpabilité, la trahison quotidienne du monde et des gens :
"L'exaltation du labyrinthe" est une pièce confrontant le spectateur à une
représentation de la réalité qu'il se masque. Mais cette fois-ci le texte
d'Olivier Py lui avait été "commandé" par Stéphane Braunschweig. Le résultat est un texte où les mots sont à la fois humains et féroces, et une mise en scène pure et raffinée. Un père, tortuonaire en Algérie et ancien ministre, souhaite remettre son fils dans le droit chemin de l'acceptation du pire, de
l'hypocrisie sociale et dujeu de masques. Le fils rebelle est seul et perdu, se nourissant
d'illusions et d'utopies.
Olivier Py est un créateur insaississable : auteur, acteur, metteur en scène et
même réalisateur en 2001 avec "Les Yeux Fermés". Ses textes sont des salves
mettant en garde la société contre son aspiration à la médiocrité.
Son dégoût du monde est compensée par sa foi. Celle-ci lui est révélée, à la fois,
par dieu et par le théâtre. "L'exaltation du labyrinthe" est plus qu'une évocation de relations humaines, il s'agit "d'une véritable réflexion sur l'histoire, comme le témoignage d'une
génération qui ne sait comment s'y raccrocher et qui refuse peut-être de vivre
son manque d'Histoire comme une fatalité" pour Stéphane Braunschweig qui met en
scène la pièce de façon très subtile.
Textes : Serge de Jésus Carreira
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