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NOVEMBRE 2004

SUR LA ROUTE DE LA GRANDE VADROUILLE

par Harry Stote

Carnets de voyage
Sur la Route de la Grande Vadrouille. Les coulisses du tournage.
de Vincent Chapeau - Eds. Hors Collection 2004- 118 pages

Alors que la télévision vient de nous rediffuser pour la nième fois ce film franco-français, V. Chapeau nous présente un livre très détaillé sur la grande et les petites histoires du tournage. De Vézelay jusqu’au Studios de Billancourt il restitue toutes les péripéties qui ont émaillées la mise en scène. En outre, le tout est illustré par de nombreuses photos montrant les conditions picaresques où se trouvaient acteurs, producteurs et administratifs.
Le lecteur se retrouve au sein des décors, des montages et des trucages. Mais, plus encore, il est plongé dans l’atmosphère étonnante qui régnait sur les lieux (et parfois en dehors) du tournage. Le trio De Funès- Bourvil- Terry-Thomas ne pensant qu’à améliorer le scénario par de nouvelles blagues et/ou de nouveaux gags. On apprend que toute la troupe aimait faire honneur au bien boire et bien manger de chaque région.
Il faut surtout retenir comment G. Oury et ses techniciens ont pu réaliser les trucages et comment la mise en scène finale a été construite. Il en est ainsi du vol des planeurs et surtout des partitions à l’Opéra. Ces dernières ont été réalisées aussi bien dans la salle de l’Opéra Comique que dans les égoûts avec une maîtrise digne du cinéma américain. La relation de ces épisodes est peut être la plus pertinente du livre.
Il ne faut pas oublier que ce film est resté premier au Box-Office jusqu’en 1998 (sortie de Titanic) avec plus de 17 millions de spectateurs (sans compter depuis 1976 les diffusions télévisuelles). De plus, ironiquement (comme dans le cas des Tontons Flingueurs) les esthètes du cinéma ont matraqué ce film avec férocité (Cahiers du Cinéma, n° 186, Janvier1967: “Le film le plus fauché (?) et le plus minable de l’année”). Mais le Canard Enchaîné l’avait encensé, c’est tout dire.
En dépit de quelques maladresses d’écriture (des répétitions) et de présentation (des détails parfois inutiles, des allers et retours dans le temps difficiles à cerner), les amoureux du cinéma et des grands comiques seront à même de posséder ce livre. Ils sauront comment la méthode de construction du film, “a priori” anachronique, fut, en fait, aussi précise.

L'AFFAIRE DU SIECLE

par Harry Stote

Aïe
“L’affaire du siècle.” - J. J. Beneix - B. D. Dieuleveult
Eds. Glénat/Cargo Films- 2004- BD 90 pages
Tome 1. Château de Vampires à vendre.

“Il était une foisÉ”, mais malheureusement ces vampires d’opérette sont bien loin de Dracula. En fait, ils apparaissent peu crédibles et fort peu attrayants. Dans ce premier tome l’histoire n’inspire que peu d’intérêt. Il est vrai que le scénario et les dialogues sont réduits au minimum. Dans certaines pages le nombre d’onomatopées dépasse le nombre de mots. De plus certaines des rares phrases ne sont pas très françaises et les jeux de mots sont faibles: l’Emir Abel, ouaisÉ!, et pourquoi pas le Calife Horni? Enfin le dessin semble parfois seulement ébauché laissant un parfum de non-finition. Donc l’ensemble est assez faible car la trame qui est annoncée en page de couverture est loin du contenu de cette bande dessinée. Attendons le Tome 2!

S'AGITE ET SE PAVANE

par Vincy

Beacuoup de bruit pour rien
Théâtre Comédia à Paris
24 sept / 21 nov 2004 - mise en scène de Roger Planchon
par Vincy

Le théâtre était vide. D'ailleurs la pièce ne sera plus jouée avant la date butoir. Malgré la présence de Berroyer et Borotra, le texte de Bergman 'naura séduit que peu d'aficionados. loin de moi de vouloir, une fois de plus, tirer sur le corbillard : mais force est de constater que le théâtre privé parisien ne se porte pas très bien. La saison, d'Ondine aux Montagnes Russes, de Casta à Delon donc, en passant par Ardant-Depardieu ou autres têtes d'affiches coûteuses, ne compensent pas le peu d'intérêt des pièces (qui ne sont plus en phase avec les attentes du public) ni la désuétude des spectacles (qui n'innovent plus et ne séduisent plus un public potentiel).
S'agite et se pavane est une pièce symptôme : beau casting, grand auteur, metteur en scène renommé, et décors impressionnants. Salle vide.
Ce ne sont pas les acteurs qui sont en cause. Planchon, alors? Certainement : les comédiens s'agitent, se pavanent, mais font nombre de mouvements inutiles, de traversées de scènes fatiguantes, de moulinets exaspérants. Cette grandiloquence épuise. Il aurait fallu mieux maîtriser l'espace, et ainsi le rythme aurait été plus soutenu. Car pendant qu'ils bougent, ils ne jouent pas. Et le texte est long à se dérouler du début (captivant) à la fin (ennuyeuse). Il aurait fallu couper pour ne pas nous endormir. Il aurait fallu densifier pour ne pas nous étourdir. La pièce a les défauts des récents téléfilms de Bergman : statique, bavarde, vaine. Que de vide à remplir! Le huis-clos peut-être objet de suspens ou de tragédie, ici, il n'est que brassage d'air et de superficialités. C'est regrettable car Berroyer est formidable, et mérite nos louanges.
Pour le reste, cette ode au cinéma par l'un de ses maîtres aurait peut-être eu davantage sa place sur pellicule que sur scène. Ou alors avec un regard plus critique et moins vaniteux que celui de Planchon.

 
 
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