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BELLE-MAMAN Sa première vraie comédie depuis L'Africain!
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Sortie en France le 10 mars 99
Production: AMLF
Réalisation: Gabriel Aghion
Scénario: Gabriel Aghion, Danièle Thompson
Sujet original: Jean-Marie Duprez Photographie: Romain Winding
Musique: Bruno Coulais, Stormy Bugsy, Rita Mitsouko, Bellini, Puccini, Verdi...
Montage: Luc Barnier (102 minutes)
Casting:
Catherine Deneuve (Léa)
Vincent Lindon (Antoine)
Mathilde Seigner (Séverine)
Line Renaud (Nicou)
Stéphane Audran ( Brigitte)
et aussi Jean Yanne (Paul), Danièle Lebrun (Josette), Idris Elba (Grégoire), Artus de Penguern (Pascal), Françoise Lépine (Nathalie), Laurent Lafitte (Franck).....
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CRITIQUE
Aghion à réaction
«- C’est quoi le PACS? »
Ce mariage devait être The mariage. L’avocat épouse l’avocate, fille d’avocat. Et de Léa. Mais voilà Léa, c’est le désordre absolu. L’amour sans foi ni loi qu’elle a hérité de sa mère. Du coup le gendre tombe amoureux de la belle-mère.
Comme dans Pédale Douce, Gabriel Aghion - il le revendique d’ailleurs - fait un cinéma d’acteur, mêlant l’amour et l’humour, le bon goût et les blagues salaces, le drame et la comédie, un regard sur notre société et les comportements humains. L’observation est issue du café-théâtre, ce qui rend l’analogie évidente avec les films de Leconte. Mais c’est surtout de Rappeneau qu’il est le plus proche, par sa mise en scène, le rythme et cette quête de la femme idéale, et donc chiante et impossible.
Ce n’est pas que le décor, mais Belle Maman ressemble au Sauvage. Avec une dose de références « gay », qui fait le lien avec Pédale Douce: la fête, la musique, les hommes en boxer-briefs (CK de rigueur)....
Et les tabous.
Le mot d’ordre d’Aghion, c’est bien « Fuck les tabous!!! » Sa famille tuyau de poil finit en joyeux bordel relationnel. Pour mettre de l’ordre dans les sentiments, il faut non seulement assumer ses désirs, mais aussi désordonner les liens familiaux classiques. Avec une tolérance à son paroxysme, le cinéaste mélange les races, les sexes, les âges. Et prône l’amour sans conditions, sans prison, sans l’opinion des autres.
Les dialogues fonctionnent à merveille, dans la plus pure tradition du sous entendu de la comédie américaine. Le scénario est écrit dans le but de ne pas subir un seul temps mort: la mécanique est parfaitement huilée, malgré un léger ennui à l’opéra. Et certaines séquences osent passer du plaisir au délire. Il faut voir Danièle Lebrun et Catherine Deneuve chanter « Marcia Baila » des Rita Mitsouko dans des w.c. hommes. Aghion aurait pu pousser plus loin l’allégorie en transformant cette scène en tableau surréaliste.
Il est clair que tout le film repose essentiellement sur son casting, parfait. Lépine joue les Laroque. Mathilde Seignéer qui n’a jamais été aussi jolie, nous rend crédible un rôle un peu secondaire. Jean Yanne, égal à lui-même dans le registre bourru, bourgeois et bon vivant.Stéphane Audran en folledingue. Artus de Penguern en père de famille amoureux de Franck.
Les deux mamans... Line Renaud, qui est aussi une bonne actrice, en fumeuse de cigare, qui préfère le gazon aux garçons. Danièle Lebrun, magnifique, en alcoolo insouciante. Et le marié, Vincent Lindon, gendre idéal, alliant sans failles sa face masculine et son côté sensible, son autorité et sa dépendance affective.
Mais qui résisterait à Catherine Deneuve? Léa, elle l’a. Elle fume des joints, fraude les douanes, tchatche avec des racailles, tabasse des flics, se tape un black beau comme un Dieu, et chante un rap (de Stormy Bugsy, hymne d’anniversaire pour sa mère. Bref Deneuve comme vous ne l’avez pas vue depuis longtemps. Elle l’avait dit dans Les Voleurs de André Téchiné: « elle ne sort pas du couvent ». La voilà dévergondée, rayonnante, directe, émotive et frimeuse, audacieuse. Car Deneuve n’a pas mis les pieds dans la comédie depuis L’Africain en 84. Film salutaire donc pour l’héroïne du Sauvage.
La comédie est stylée, élégante et grand public, dynamique et moralement progressiste, bref à l’image de la star, qui comme Ardant il y a 3 ans abat les préjugés.
N’oubliant pas les implications dramatiques de ces électrochocs sociaux, Gabriel Aghion équilibre avec du comique peut être gratuit. Mais volontairement, il se situe loin des comédies britanniques, et proche de la veine des comédies spectaculaires à la française.
Avec une scène finale (à travers les yeux des enfants), il s’offre une conclusion naïve et légère, qui n’appelle aucune argumentation. Pour ceux qui se posent encore des questions sur la moralité de ses propos, et dans l’esprit tout est bien qui finit bien, « y a rien à comprendre. »
(Vincy)
BUZZ
2 ans après Pédale douce, Gabriel Aghion fait son retour avec une comédie toujours un peu sociale, évidemment transgressant certains tabous, volontairement sexuelle et provocatrice.
Il n'y a donc pas de raison que ça ne marche pas, même si... L'effet de surprise de Pédale Douce n'aura pas lieu. Et si La Deneuve monte au front (y compris en participant le 7 mars à L'émission grand public de Michel Field, Public), certains s'agaceront peut être de la voir trop présente sur les écrans...
Il n'empêche: cela fait 15 ans que Deneuve n'a pas fait de comédie, et Le Sauvage a 23 ans...
Entourée d'un casting de choc, chantant un rap du très tendance Stormy Bugsy, et avec un côté cocotier en arrière plan, ça devrait fonctionner au Box Office, malgré une rude compétition. Il suffirait d'un César à Deneuve le 6 mars, pour que le Box Office du 10 la sacre définitivement... Mais ce ne sera pas le cas. Ni César,n ni sacre. Sauf quand le film passera à la télé. La revanche de la blonde aura lieu.
In Libération, lors de la sortie de Stepmom et de Belle-Maman, Sarandon dit: "Qu'est-ce que j'apprends? Catherine Deneuve joue dans un film qui s'appelle Belle-Maman?» s'enquiert-elle, intriguée. Eh oui, les hasards de l'actualité ciné sont tels qu'elles se retrouvent toutes les deux [elles ont joué dans The Hunger] dans le rôle principal d'un film qui porte le même titre (stepmom veut dire belle-mère)."
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