HISTOIRE
La fin de la seconde guerre mondiale est proche. La jeune et belle Marie s'ennuie à mourir dans la propriété de son mari, Jérôme. Elle rêve de Paris, de vie, de nouba.
Mais Jérôme se plait dans son château, avec sa mère et sa femme, loin du brouhahas et des bruits de bottes.
La Normandie est "colonisée" par les Allemands, et les Américains s'apprêtent à l'envahir. Quand Julien atterit dans le verger du couple. Un résistant.
Pour Marie, c'est une occasion inespérée de s'amuser. Pour son mari, c'est source d'ennuis.
Toute cette petite vie paisible va voler en éclats!
CRITIQUE
LA SAUVAGEONNE
La Vie de château est a priori une petit film, le premier de l'immense Rappeneau. Tous ses thèmes y sont déjà présents : l'amour impossible entre un duo improbable, la chieuse de service qui ne cherche qu'à se faire désirer, la quête de la femme idéale et les obstacles pour la conquérir, ... Le tout avec une réalisation déjà alerte, aventureuse, où l'humour et le drame historique se cotoient. De nombreux films - Le diable par la queue a repris l'idée d'un château en décomposition - ont recopié la formule. On devine aussi la présence de Saitet au scénario.
Lorsque Noiret tente de caresser une Deneuve endormie, et ne la touche pas, on pense à Mr Arnaud faisant la même chose avec la jolie Nelly.
La vie de château est un bijou, lumineux et printannier, en noir et blanc, presqu'un eden au milieu de l'apocalype. Rappeneau manie on script comme un maître, avec rythme, et déjà, un ouci de l'esthétime.
Il est servi par de formidables jeunes acteurs, encadrés par des vétéran fabuleux (Pierre Brasseur, qu'on retrouvera dans Les Mariés de l'an II). Noiret, pas encore Alexandre bienheureux, protecteur incompris. Garcin, héros malgré lui, en amant malheureux. Et bien évidemment, le coeur de cette comédie, Catherine Deneuve, rayonnante de beauté et pleine de pêche. Le ton casant ou la voix mielleuse, courant à travers champs, elle est la figure de l'insousciance et de la liberté, refuse la prison dorée au milieu de pommiers, et s'évertue à créer les problèmes. 10 ans avant Le Sauvage, la voici déjà chiante, fuyant le bonheur de peur qu'il ne la sauve, et têtue. Voire orgueilleuse. Un rôle en or, loin de Demy et Polanski. Elle électrise chacune des séquencespar sa simple présence, dans ce scénario fait sur mesure pour ce qui était à l'époque une vedette montante.
Le film réussit la prouesse d'équilibrer un vaudeville amoureux, le débarquement de Normandie, et les contradictions politiques d'une France sous l'occupation. Cette recette fera merveille, donnant de l'intelligence à ce genre de cinéma, et insufflant de la fantaisie dans une époque bercée par la Nouvelle Vague. La vie de chateau est tout le contraire de La Grande Vadrouille : léger, féminin, champêtre, sans gags forcés, mais avec de vrais ressors dramatiques, ce qui n'empêche pas de se divertir et de vouloir demeurer dans cet état de grâce permanent.
(Vincy)
