(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Site Officiel
JURYS
Compétition Internationale
Président : Vittorio Storaro (directeur Photo, Italie)
Valerio Adami (artiste, Italie)
Niki Karimi (actrice et réalisatrice, Iran)
Lynda Myles (productrice, GB)
Tsai Ming Liang (réalisateur, Taiwan)
Aprna Sen (actrice, réalisatrice et écrivaine, Inde)
Compétition Vidéo
Danielle Arbid (réalisatrice, Lebanon)
Christian Frei (réalisateur et producteur, Suisse)
Citto Maselli (réalisateur, Italie)
Alexandra Stewart (actrice, Canada)
Laurence Weiner (artiste, USA)
Léopards de Demain
Alex Descas (acteur, Martinique/France)
Susa Katz (productrice, Allemagne/Suisse)
Morad Kertobi, (responsable départements court métrage du CNC, Algérie/France)
Joel Chikapa Phiri (producteur, Afrique du Sud)
Jean-Marie Teno (réalisateur, Cameroun/France)
Human Rights
Mohammad Bakri (acteur, Israel)
Dimitri (directeur de théâtre et acteur, Suisse)
Lia Van Leer (directeur Jerusalem Film Festival, Israel)
Jury Netpac
Izza Génini (réalisateur, France)
Leo Pescarolo (réalisateur, Italie)
PALMARES
- Léopard d'or : Nine Lives
- Prix spécial du jury : Un couple parfait
- Léopard d'argent (2ème) : Fractricide
- Léopard d'argent du meilleur premier ou deuxième film : 3 Grad Kaelter et Ma Hameh Khoubim
- Léopard pour la meilleure interprétation féminine : Les actrices de Nine Lives Kathy Baker, Glenn Close, Holly Hunter, Robin Wright Penn, Sissy Spacek, Lisa Gay Hamilton, Amy Brenneman, Elpidia Carrillo, Amanda Seyfried
- Léopard pour la meilleure interprétation masculine : Patrick Drolet (La neuvaine)
- Mention spéciale pour l'atmosphère visionnaire du film : The Piano Tuner of Earthquakes
- Léopard d'or vidéo : Les états nordiques et Masahista (Le Masseur)
- Mention spéciale vidéo : Between the Devil and Wide Blue Sea
- Prix du public : Zaina, cavalière de l'Atlas
- Prix Fipresci de la critique : A perfect day
- Prix du jury oecuménique : La Neuvaine
Tous les prix sur le site officiel du festival.
ILLUMINATA
Susan Sarandon (Portrait méritait bien son Prix d'excellence (reçu le soir même sur la Piazza Grande). Lors de sa Master Class (très achalandée), l'actrice américaine, récipiendaire d'un Oscar, a parlé de son métier avec ferveur. Mais dans un festival qui réserve une sélection entière aux films dédiés aux Droits de l'Homme, c'est son combat politique, son militantisme qui a séduit le public, généreux en questions. N'en déplaise aux journalistes qui râlaient du manque de place, il est tout à l'honneur du Festival de donner un accès aussi facile aux cinéphiles. Après tout le cinéma est une rencontre entre le spectateur et un auteur, parfois un acteur ou une actrice. Entourée d'un service d'ordre digne d'un Chef d'état (en ferait-on autant pour une star non américaine?), Susan Sarandon, bien maquillée, bien coiffée, tousse un peu, et prépare la rentrée scolaire de sa fille en Italie. Prête à parler, rétrospectivement, de son parcours d'obstacles.
"Un business très brutal." Elle n'a pas usurpé sa réputation. Sarandon n'a que faire de la langue de bois. "Je suis ici parce que tous mes plans ont échoué." Et d'énumérer tout ce qu'elle ne voulait jamais faire et qu'elle a fait : participations, seconds rôles, productions hollywoodiennes, télévision... Actrice culte (de la comédienne Alexandra Stewart aux journalistes branchés et homos, de jeunes comédiennes suisses à de vieux routards), elle banalise - par modestie? - son métier. "Je ne suis pas du genre à me prendre la tête avec une question psychologique de merde pour savoir pourquoi mon personnage doit marcher de gauche à droite."
Mais très vite l'interview "classique" se transforme en tribune politique. En vision du cinéma. "Tous les films sont politiques, The Nutty Professor comme Les Ailes du désir. Même un film d'Arnold Schwarzenegger a un message politique. Il est juste entre les lignes." Et elle ajoute, avec humour : "Aux Etats Unis, vous pouvez faire de la politique si vous êtes un mauvais acteur." Ce qui sous-entend qu'elle n'en fera pas? "Je pense que les images affectent les gens. Vous devez avoir conscience de cette responsabilité." C'est un des critères qui dicte ses choix. Féministe, activiste, actrice, mère, femme émancipée, Sarandon cumule tous les clichés de l'artiste engagée issue de la culture seventies. Et comme Jane Fonda, elle est devenue une cible médiatique facile. Elle refuse le rôle d'expert, ou de porte parole. Elle relativise même le rôle de témoin du monde qu'on lui prête parfois. Elle espère juste que les gens ouvriront les yeux. "Maintenant qu'il y a Internet, où il y a plus de libertés, moins de monopoles, j'espère que les gens trouveront de la vraie information." Qualifiant Bush de bouffon, elle précise "pourtant ce qu'il fait n'a rien de drôle."
Elle aura réussi à nous faire sourire, malgré les sujets sérieux abordés. Côté métier, elle ne se fait aucune illusion : il est difficile de survivre à Hollywood dès qu'on dépasse les 40 ans. "Certains décideurs croient que le monde c'est un homme d'un certain âge avec une femme beaucoup plus jeune. Ce n'est pas ça la réalité. Ce n'est pas ça qui va toucher les gens." Elle accompagne la vie de Tim Robbins, son cadet, depuis des années. Son réalisateur préféré? "Je dois répondre Tim sinon je ne pourrai pas rentrer à la maison..."
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LUCARNES GRANDEUR NATURE
Un écran géant en plein air, c'est, plus que le Léopard, le véritable symbole de Locarno. Lorsque vous êtes réalisateur de votre premier film, qu'il est diffusé, ici, devant des milliers de personnes, à la belle étoile et au son des cloches, cela ne manque pas d'impressioner. Après un discours plein d'humour, la cinéaste d'On a clear day, nouvelle comédie britannique à la Full Monty, s'était assise par hasard à côté de moi pour voir son film sur cet écran mastodonte, au milieu des spectateurs (les entendre rire, les sentir émus). Et si le film touchait juste - on riait comme on se retenait de pleurer - germanophones, francophones et italophones (qui a dit que l'Europe n'existait pas?), rien ne pourra faire oublier à Gaby Dellal les sensations que lui a procuré cette projection singulière et unique en son genre. Car, là où le FFM de Montréal a échoué, Locarno est parvenu à concilié l'audace de la programmation et le succès public.
Cette année, point de X-Men ou de Mort dans la peau. Le piratage rend la tache plus ardue pour les festivals : les studios américains refusent de bousculer leurs plans de lancements. Il faudrait avancer Locarno de quelques semaines pour faire coïncider la manifestation avec le calendrier hollywoodien. Le FFM de Montréal a souvent été confronté à un problème similaire de calage de dates, trop proche de Venise et Toronto. Locarno doit lui aussi se positionner en fonction d'un Festival de Venise redevenu agressif en terme de compétition, depuis que Cannes laisse échapper quelques bijoux à vocation populaire au profit d'une politique très auteuriste. Dans ce jeu de chaise musicale, l'événement suisse s'en tire bien en misant sur les talents de demain, les formats vidéos, un cinéma plus expérimental et un véritable travail de mémoire.
Et si la présence de Susan Sarandon, glamour et engagée à l'image de Locarno (voir encadré), compense la déficience des films américains, c'est surtout la rétrospective Orson Welles (tous ses films, des extraits inédits, des ateliers, des débats) qui marque notre attention et les foules du monde entier. Plus que jamais il est vital de rendre à César ce qui est à Orson. Et aux autres. Le cinéma va devenir de plus en plus un mix - remakes, oeuvres hybrides, ... - à l'instar de la musique, concurrencé par les jeux vidéos (action) et la télévision (narration). Il faut comprendre, assimiler son histoire, son processus. Impossible de ne pas voir par exemple la filiation d'un Ramon Salvarez, déjà sélectionné à Berlin il y a 3 ans, désormais en compétition ici, digne héritier d'Almodovar.
Mais le festival de Locarno est avant tout une fenêtre ouverte sur les autres formes de cinématographies. En cela l'ère Bignardi, qui s'achève avec cette 58ème édition, aura été symbolique d'un cinéma d'avant-garde et ouvertement politique. Du scénario populaire (Familia) au film indépendant US (Lonesome Jim), de l'oeuvre quasi avant gardiste (Un couple parfait) au film hybride culturellement (The Passenger).
La vidéo prend une place de plus en plus importante dans le paysage filmique. Plus encore que le support, les genres muent. Notamment en Asie, où le documentaire croise la fiction (Masahista par exemple sur les bordels homos). Sleepless Night, quand le jeune cinéaste chinois Brian Fung calque une fiction illustrant une émission de radio nocturne où les gens confient leurs angoisses et leurs peines. So much rice, à l'opposé, n'est qu'une fiction, dont la plasticité noir et blanc est étonnante et n'a plus rien à voir avec l'usage habituel du numérique. Dans tous les cas, et l'on peut inclure le court métrage d'Apichatpong Weerasethakul (Tropical Malady), Riviera, Citizen Dog ou le film espagnol : la musique pop y joue des rôles de plus en plus majeurs dans la narration, en guise d'évasion ou d'aliénation. Et quand ce n'est pas des chansons, ce sont des univers graphiques ou théâtraux qui se mêlent. Et si le mélange hybride est rarement réussit - Mirrormask comme The Piano Tuner échouent à nous évader dans leurs rêves oniriques à cause de mises en scène statiques et de scénarios trop littéraires - il reste une ouverture intéressante pour que le cinéma assimile les nouvelles images, nées du multimédia ou de la propagande consumériste (vidéo clips, publicité...).
Locarno aura montré que le cinéma s'interroge sur son rôle, sa forme. En cela l'immense hommage à Orson Welles, qui n'hésitait pas à faire de l'inachevé une oeuvre en soi, n'apporte pas seulement du prestige à la manifestation, mais une profondeur en matière de réflexion sur le 7ème art. Locarno met à égalité toutes sortes de films, quelque soit leur financement, leur support, leur durée, leur genre. Comme s'il fallait que le cinéma redevienne un laboratoire. Ce n'est pas le seul festival à prendre cette orientation. Cannes a déjà sa Cinéfondation. Et nous avons pu voir trois courts métrages sud-coréens directement commandés par un Festival local, signés par trois cinéastes connus. Si le résultat final est bancal (voire insupportable concernant Haze), l'approche est intéressante car elle confirme une orientation anticipée par beaucoup depuis quelques années : des films opéras pour les masses et des oeuvres destinées aux critiques et rares cinéphiles qui n'auront pas d'oeillères, regardant sans discrimination The Lady from Shanghai, 20 centimetros et Rize. Cela exige de la curiosité.
Bignardi peut s'en aller la tête haute, artistiquement parlant. Jolis feux d'artifice avec ses stars américaines, cette programmation éclectique. Epuisée par la rivalité avec Venise, elle est remplacée par Frédéric Maire, personnalité incontestable (et jeune!) du cinéma suisse. En revanche, son successeur va devoir faire du Festival un marché, un lieu où les professionnels puissent y faire leurs emplettes et des échanges, mais aussi de "rebooster" la compétition officielle, maillon faible des Festivals (à l'exception de Cannes et Venise). Quitte là encore à innover en allant chercher de nouvelles professions pour ces nouveaux formats...
vincy, live
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LUMIERE SUR LES GRANDS FAUVES
Prestige, auteurisme et lumières fantastiques. Du 3 au 13 août 2005, Locarno vivra au rythme de son 58ème festival, hautement placé sous le signe du voyage intérieur. Intimes traverses, à la fiction ; manifestes artistiques, controverses politiques et sociales au documentaire : cette 58ème édition sera celle des cinéastes de poigne. Les écrans s'illumineront sur 38 pays. Des œuvres tranchantes qu'elles traitent d'asphyxie, de déséquilibres (chez Fabienne Bertrand, Mary McGuckian ou encore Luciano Melchionna), de crises intimes (Ramon Salazar, Nobuhiro Suwa, Rodrigo Garcia, Samir, Antonio Capuano) ou grands drames et fléaux contemporains (Christian Frey, Marco Turco). Du jusqu'au boutisme et de l'audace, conjugués à tous les temps et genres. Des artistes, bien sur… Mieux que ça : des génies avec Orson Welles et Vittorio Storaro. Cette 58ème édition se veut zélées sous le feu de personnalités telles que John Malkovich, Terry Gilliam, Abbas Kiarostami, Robert Altman, Francis Ford Coppola, Nagisa Oshima, ou encore Wim Wenders. Clin d'œil à Anne Villacèque, Valeria Bruni-Tedeschi et Bruno Todeschini en lice parmi les 15 films de la compétition officielle. Voyage à Cuba, au Magrehb… Locarno serpentera aussi l'Afrique. L'humanité qu'elle soit belle ou haïssable, ses blessures, ses chimères, ses droits, des formes, des couleurs, expressions et accusations. Plus que jamais, il n'y aura pas de demi-teinte. Le festival est engagé dans une nouvelle course aux lettres de noblesse. Locarno 2005 : ardeurs et réflexions.
Compétition Internationale
- 3 Grad Kälter de Florian Hoffmeister
- 20 Centimetros de Ramón Salazar
- Antarmahal de Rituparno Ghosh
- Un couple parfait de Nobuhiro Suwa
- Fratricide de Yilmaz Arslan
- La guerra de Mario de Antonio Capuano
- Keller – Teenage Wasteland de Eva Urthaler
- Ma hamed Khoubim (We Are All Fine) de Bizhan Mirbagheri
- Mirrormask de Dave McKean
- La neuvaine de Bernard Émond
- Nine Lives de Rodrigo Garcia
- A perfect Day de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige
- The Piano Tuner of Earthquakes de Quay Brothers
- Riviera de Anne Villacèque
- Familia de Louise Archambault
- Snow White de Samir
- Face Addict de Edo Bertoglio
Piazza Grande
Projection à la belle étoile de Being John Malkovich, Don't Come Knocking, Nashville, The Flyer, Citizen Dog, Merry Christmas Mr Lawrence, One From The Heart, Murderball, On a Clear Day, …
Locarno Excellence Awards
Les comédiens John Malkovich et Susan Sarandon; le directeur photo Vittorio Storaro (par ailleurs président du jury)
Léopards d’Honneur
Terry Gilliam, Abbas Kiarostami et Wim Wenders
Rétrospective
"The Magnificient Welles" : rétrospective monographique dédiée à Orson Welles. 75 films de Welles ou traitant de Welles, dont Citizen Cane, The Stranger, The Lady From Shanghai, Macbeth, The Magnificent Ambersons, F For Fake, Immortal Story, ….
Hommages
- L'industrie cinématographique et la culture cubaines, avec Yo Soy Cuba de Mikhail Kalatozov (1963) et le documentaire Soy Cuba, O Mamute Siberiano de Vincente Ferraz (2004)
- L'Afrique et le Maghreb : compétition de courts métrages (27 films) et rétrospective monographique
- Albert Maysles, avec Christo et Jeanne-Claude : Christo's Valley Curtain, Running Fence, Islands, Christo In Paris, Umbrellas
- le directeur photo Vittorio Storaro : évènement lumino-technique, expositions, projections de ses plus beaux films en tant qu'auteur de la lumière. Vittorio Storaro animera un masterclass sur le cinéma et la lumière
Human Rights
- Little Birds de Takeharu Watai et Voices of Iraq de Eric Manes et Martin Kunnerth
- Expo photos "Etre. The Face of Human Rights", par Lars Müller, du 6 au 14 août
Sabrina
Vincy, Sabrina
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