Berlin 2016
18 films en compétition pour le jury de Meryl Streep. Le grand chelem des festivals est lancé pour la saison 2016, avec, au programme Denis Côté, Jeff Nichols, André Téchiné et Mia Hansen-Love.


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 (c) Ecran Noir 96 - 24






Le site du festival

Toulouse, du 28 septembre au 7 octobre

Parrain du festival : Jorge Semprun

Invité d'honneur : Elías Querejeta

Compétition longs métrages

53 días de invierno de Judith Colell
Atlas de geografía humana de Azucena Rodríguez
Los Borgia de Antonio Hernández
La caja de Juan Carlos Falcón
Ficción de Cesc Gay
Fuerte Apache de Mateu Adrover
La soledad de Jaime Rosales
Tuya siempre de Manuel Lombardero
Yo de Rafa Cortés

Le jury professionnel des longs métrages

Jean Becker, scénariste, réalisateur et Président du jury
Luc Béraud, scénariste et réalisateur
Laura Del Sol, comédienne
Sophie Deschamps, scénariste
Fabio Zenoni, comédien

*****

Spania Siempre

Pour ceux qui pensent qu'il n'y a pas qu'Almodovar et Amenabar en Espagne, le festival Cinespana propose depuis 1996 une plongée dans la cinématographie hispanique contemporaine, permettant à la fois de découvrir de jeunes réalisateurs et de savourer des talents confirmés. Une programmation transversale (courts et long métrages, documentaires, fictions) grâce à laquelle les cinéphiles français peuvent rattraper une petite partie de leur immense retard. Car il faut bien l'avouer, en France, quand on entend une langue ibérique dans une salle de cinéma, c'est le plus souvent… devant un film argentin !

Voilà pourquoi on est a priori enthousiaste devant cette douzième édition du festival toulousain qui, en une dizaine de jours (du 28 septembre au 7 octobre), rend un hommage substantiel au producteur Elias Querejeta, présente plusieurs dizaines d'œuvres éclectiques, met à l'honneur les femmes réalisatrices, consacre une journée à la Communauté autonome de Valence, permet de rencontrer les différents réalisateurs (-ices) et comédiens (-iennes) présent(e)s et offre une rencontre d'exception avec le parrain du Festival, l'écrivain et scénariste Jorge Semprun. Une multitude d'angles pour obtenir un instantané le plus nuancé possible d'une cinématographie qui s'avère aussi diverse (car enrichie par les fortes disparités régionales) que dynamique.

On constate en effet la présence en compétition de trois premiers longs métrages (La Caja de Juan Carlos Falcón, Fuerte Apache de Mateu Adrover et Yo de Rafa Cortés) et de deux films (sur neuf) réalisés par des femmes : Judith Colell (53 días de invierno) et Azucena Rodríguez (Atlas de geografía humana). La section panorama ("le meilleur de la production récente") réunit quant à elle dix-sept longs métrages (dont Suspiros del corazón de Enrique Gabriel, Skizo de Jesús Ponce ou encore El menor de los males de Antonio Hernández) et autant de courts, tous genres et thématiques confondus. Enfin, la sélection "Voies-Off, un cinéma différent et expérimental" met en avant une quinzaine d'œuvres (courtes comme longues) à vocation alternative et forcément intrigantes… Quand un festival, quel qu'il soit, provoque un vrai désir de cinéma, la moindre des choses est de rendre ce désir, et le plaisir qui ne manquera pas de s'en suivre, le plus communicatif possible. Voilà pourquoi en 2007 Ecran Noir est partenaire de Cinespana et vous proposera plusieurs chroniques en direct de Toulouse !





El diaro de Maria paulina





Mardi 2 Octobre
Ce premier jour au festival Cinespana est avant tout un moyen de prendre le pouls du présumé malade... et de constater presqu’immédiatement qu’il se porte comme un charme. Mieux, il se présente à Toulouse sous son meilleur jour, celui du dynamisme et de la variété. Parmi la douzaine de films qu’il est possible de voir aujourd’hui, on trouve en effet un documentaire sur le poète José Angel Valente, un portrait social de femmes aux prises avec les difficultés de la vie, une comédie sentimentale joyeuse, une tragédie familiale... de quoi en finir rapidement avec les idées reçues sur un cinéma espagnol qui tournerait en rond.
Impression renforcée à la fin des projections, grâce à la découverte de deux films extrêmement intéressants non seulement pour leurs qualités cinématographiques, mais également pour les thèmes dont ils traitent. El vuelo del guirre de Teodoro et Santiago Rios (sélectionné dans la catégorie « panorama du cinéma espagnol contemporain »), aborde la délicate question de l’émigration des îles Canaries à Cuba et au Venezuela. Au travers de la touchante rencontre entre un grand père et son petit fils, les deux réalisateurs parlent des douleurs de l’exil et des difficultés du retour : comment renouer avec son histoire, son passé et sa famille après quarante années d’absence ? Plus gai que mélancolique, le film ne manque pas non plus de souligner l’ironie tragique de la vie : « Avant, c’est nous qui migrions, et maintenant c’est l’inverse », remarque l’un des personnages tandis que tournent en boucle à la télévision les images d’embarcations de fortune amenant les nouveaux migrants vers la terre promise... A découvrir, notre rencontre avec Santiago Rios et Carlos Alvarez-Novoa.

Tout aussi ancré dans une réalité proche de nous, Fuerte apache de Mateu Adrover (compétition officielle) suit le quotidien d’un centre pour mineurs où se croisent petits délinquants, enfants des rues et adolescents violents. Sans angélisme mais avec un maximum de compassion, le réalisateur filme les moments de grâce (comme cette paëlla impromptue partagée dans les rires), les coups durs et le découragement intense qui saisit trop souvent les éducateurs. Il ne masque pas les difficultés immenses qui attendent ses personnages mais prend soin de garder intact l’espoir qu’il place en chacun. Quelles que soient les circonstances, montre-t-il, il faut continuer d’y croire, ne serait-ce que pour ne pas devenir fou.

Mercredi 3 octobre
L’événement du jour, c’est la présentation du film Candida de Guillermo Fesser, bon prétendant à un prix du public. On y suit les aventures tragi-comiques de Candida, femme de ménage malmenée par la vie qui s’efforce malgré tout de rendre les autres heureux. Une sorte d’Amélie Poulain à l’espagnole, la folie trash en plus, qui bénéficie d’un contexte et d’une genèse hors du commun. L’intrigue est en effet basée sur la vraie vie de Candida Villar (l’interprète principale), qui a travaillé pendant des années au service de la famille du réalisateur. Dans une très grande détresse financière, la véritable Candida a connu de nombreux drames familiaux que le réalisateur a dû édulcorer pour les besoins de la fiction. Afin de ne pas trahir la réalité, il a en effet pris garde à mettre systématiquement l’accent sur la joie de vivre communicative de son héroïne : ainsi, même les moments les plus douloureux (avortement, mort d’un enfant) sont entourés d’un aura de légèreté qui les rend supportables. C’est là la plus grande réussite du film, son aspect immensément humain et compassionnel qui trahit la relation de complicité et de respect qui unit le réalisateur et son actrice.
Aujourd’hui, Candida a abandonné serpillères et balais pour endosser le rôle de critique de cinéma dans l’émission de Fesser, en attendant de découvrir le prochain projet qu’il lui réserve. Une si belle histoire aux airs de conte de fées méritait bien une petite interview...

Jeudi 4 octobre
Hasard de la programmation, ce dernier jour à Toulouse est l'occasion de découvrir deux comédies qui réussissent le mini exploit d'être à la fois drôles et profondes, confirmant la tendance déjà observée au cours de ce festival d'aborder les sujets les plus sérieux sous un angle léger. El proximo oriente (le proche orient) de Fernando Colombo nous entraîne ainsi dans un quartier d'immigrants de Madrid où l'on suit les aventures d'un boucher se convertissant à l'Islam pour entrer dans une famille d'origine bangladaise. Evidemment conçu pour prôner le métissage et l'acceptation des différences, le film mêle habilement pédagogie de la tolérance et comique de situation. Evitant la plupart des pièges propres à ce type d'intrigue (l'éthnocentrisme, l'opposition systématique des deux cultures, les personnages stéréotypés…), il montre combien l'on apprend aux contacts de gens différents, mais aussi que les différences sont parfois moins flagrantes qu'on l'aurait cru.

Por que se frotan las patitas (Pourquoi se frottent-elles les pattes ?) d'Alvaro Begines raconte, lui, l'étrange journée d'un homme qui apprend coup sur coup que sa mère est partie vivre avec des squatteurs, que sa femme s'est réfugiée dans un monastère bouddhiste et que sa fille s'est enfuie pour rejoindre son amoureux. Au travers de ces trois générations de femmes, c'est tout un pan de la société espagnole et du noyau familial qui sont interrogés. Les hommes, ici, ne sont capables que de subir ou de suivre, et les femmes prennent les choses en mains pour se réapproprier leur vie. Bien plus profond qu'il n'y paraît avec ses séquences chantées et ses chorégraphies hilarantes, le film de Begines aborde en vrac la peur de la mort, la recherche d'un sens à l'existence ou encore le besoin de reconnaissance au sein de la sphère familiale. Comme le précédent, il fait surtout preuve d'un immense humanisme à l'égard de ses personnages, quels que maladroits ou mal fichus qu'ils soient. Les scènes entre la grand-mère malade et le petit fils squatteur qu'elle s'est choisi rayonnent ainsi de chaleur et de complicité. Une telle pudeur couplée à tant d'émotions, le tout dans une comédie plutôt délirante, quelle leçon d'élégance !

Palmarès

Violette d’Or du Meilleur Film : LA CAJA de Juan Carlos Falcón

Meilleure Interprétation Masculine : Álex Brendemühl (Yo) de Rafa Cortés

Meilleure Interprétation Féminine ex-aequo : Cuca Escribano (Atlas de geografía humana d’Azucena Rodríguez) et Aina Clotet (53 días de invierno de Judith Colell)

Meilleur Scénario : Cesc Gay et Tomás Aragay (Ficción de Cesc Gay)

Meilleure Musique Originale : Joan Valent (La caja de Juan Carlos Falcón)

Meilleur Espoir : Aina Clotet (53 días de invierno de Judith Colell) ; Mention à Kathy Saunders (Los Borgia)



Coup de Cœur du jury des Lecteurs de la Dépêche du Midi : Atlas de geografía humana d’Azucena Rodríguez

Meilleur Court-métrage : Nati de Javier Aparisi ; Mention à La dama en el umbral de Jorge Dayas

Meilleur Documentaire : Los perdedores de Driss Deiback

Prix du Public : Fuerte Apache de Mateu Adrover





MpM