(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'âge des possibles
Cette douzième édition du festival des scénaristes a préféré les chemins de traverse aux sentiers balisés. Là où de nombreux festivals, souffrant d'un financement de plus en plus difficile à rassembler, mise sur les stars, les "coups", ou essaient de se développer tout au long de l'année avec des activités pérennes, "Bourges" opte pour l'expérimentation, les écritures nouvelles, un cinéma engagé, intellectuel.
"La culture est en danger" clame sa Déléguée générale, Isabelle Massot.
Ecran Noir aurait tendance à dire : "l'écriture est en danger." Et pas seulement les moyens qui lui sont alloués, souvent ridicules - combien de scénaristes travaillent gratuitement pour des producteurs en attendant que celui-ci puisse lancer de manière concrète le projet ?
Il est effarant de constater comment nos "histoires" en France son mal écrites (pour la télévision) ou inintéressantes (pour le cinéma). Il suffit d'entendre les quolibets ou de lire les critiques acerbes dans les festivals internationaux. Alors, certes, il y a des exceptions : des scripts bien ciselés, des sujets qui abordent des propos universels, 'est-à-dire autre chose qu'une histoire de nombrils dissertant sur la face cachée du monde.
Hélas, les producteurs n'exigent que des pitchs frappants (mais souvent, ensuite, mal élaboré) ou des photocopies de succès établis pour faire travailler un casting pré-établis. On peut s'inquiéter de l'originalité, de la pertinence et même de la qualité des points de vue qui seront transposés sur le grand écran.
Le festival des scénaristes va donc s'octroyer une semaine de réflexion avec la cinéaste militante Pascale Ferran (Lady Chatterley); une séance de mémoire avec Jean Gruault (voir actualité du 6 février)) ; un coup de projecteur sur Pablo Agüero, réalisateur argentin, ayant fait aboutir son projet de fiction présenté au Forum des auteurs en 2006, Salamandra. Une bonne nouvelle si on considère qu'un festival se doit de suivre un projet qu'il a initié et le mettre en perspective dans la durée.
Cependant, le Festival, dans les années à venir, va devoir s'ouvrir et accepter paillettes, médias et lumières. Oui, l'écriture est un travail souvent solitaire, toujours dans l'ombre. Mais si nous voulons qu'elle vive, qu'elle soit reconnue, que les écueils mentionnés plus haut soient évités, alors "Bourges" devra s'adresser au plus grand nombre et multiplier les exercices de pédagogie, d'interactions et les diffusions de séries emblématiques ou de films exemplaires. Montrer ce qu'est un bon scénario et pas seulement inciter à écrire un scénario.
Devenir un Festival de référence non plus pour les seuls professionnels mais justement attirer ceux qui, aujourd'hui, sous estiment l'emprise de l'écrit sur les images.
vincy
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