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Palmarès : le triomphe du roi et de ses sujets
Triomphe attendu pour Le discours d'un roi de Tom Hooper qui remporte les quatre plus prestigieux prix décernés lors de la cérémonie 2011 : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur principal (Colin Firth) et meilleur scénario original.
C'est aussi le retour en grâce des frères Weinstein après la relative traversée du désert du milieu des années 2000. Les
deux magnats hollywoodiens ont été les premiers à croire en ce film, et bien leur en a pris !
Pour autant, on est loin du grand chelem puisque Le discours d'un roi, nommé en tout dans onze catégories, a dû partager les honneurs avec ses outsiders (un peu comme aux Césars, en somme). Ainsi, ça n'a pas marché pour Geoffrey Rush et Helena Bonham-Carter, respectivement battus par la
nouvelle performance physique de Christian Bale, il est vrai très bien dans The fighter, et par Melissa Leo, elle-aussi
transformée pour son rôle de mère possessive et castratrice dans le même film. Ce sont d'ailleurs assez logiquement les deux
seules récompenses pour le biopic de David O'Russel.
D'un point de vue strictement comptable, Inception ne s'en sort pas si mal avec 4 récompenses, mais il s'agit avant tout de prix "techniques" (photo, son, effets spéciaux). De toute manière, les comédiens du film n'étaient pas nommés. Ce n'est guère mieux pour
The social network, même s'il est reconnu pour deux de ses incontestables qualités : le scénario et le montage. On est loin
des 4 Golden Globes de janvier dernier... Depuis Benjamin Button, Fincher a gagné le droit de concourir pour les Oscars, ce
qui est un mieux, mais pas encore celui de gagner. Un certain Martin Scorsese a vécu la même chose pendant des années...
Avec Black swan, Darren Aronofsky est encore moins bien loti, mais au moins les votants ne sont-ils pas passés à côté de la prestation de l'année, la ballerine névrosée et bouleversante incarnée par une Natalie Portman au sommet de son art. Oscar mille fois mérité, malgré la concurrence non négligeable d'Annette Benning (The kids are all right, qui repart sans rien) et de Jennifer Lawrence, formidable dans Winter's bone, autre grand "oubli" des votants.
Toutefois, les vrais perdants de la soirée, ce sont les frères Coen qui rentrent chez eux bredouilles malgré dix
nominations. Réussi et populaire, True grit n'est pourtant parvenu à s'imposer sur aucun poste. Les deux réalisateurs ont eu leur tour en 2008 avec No country for old men et sans doute ne pouvaient-ils pas enchaîner aussi rapidement une nouvelle moisson de statuettes...
Enfin, on peut tout de même signaler les deux Oscars artistiques pour Alice au pays des merveilles de Tim Burton, la belle
victoire d'Inside job de Charles Fergusson, meilleur documentaire, et l'évident succès de Toy story 3 dans la catégorie
animation.
En revanche, pas de fierté nationale cette année puisque les rares Français en compétition ont fait chou blanc : pas de
nouvelle récompense pour Alexandre Desplat, pas de miracle pour L'illusioniste qui avait peu de chance face à Toy story 3 et
même pas de "back door" Oscar puisque Hors-la-loi (qui concourait officiellement pour l'Algérie) s'est vu préférer Revenge
de la Danoise Susanne Bier.
Nominations : Des Oscars dans l'attente de Discours
Avec 12 nominations, le classique (mais intéressant) Discours d'un roi est clairement le favori de ces Oscars 2011. Il truste la plupart des catégories reine et fédère tous les publics. Pour Colin Firth et Geoffrey Rush, ça devrait être la bonne année.
Certes, cette razzia était attendue. Mais les Oscars ont reconnu que cette année la qualité provenait d'une nouvelle génération de cinéastes, autrefois à la marge du système. Les Coen, déjà oscarisés (No Country for Old Men) font presque figure de vétérans. Avec 10 nominations, et près de 150 millions de $ au box office, leur plus gros succès, le western True Grit, à l'instar d'Unforgiven en 1993, est déjà l'un des gagnants de cet hiver.
Deux films suivent dans le nombre de citations. Inception de Christopher Nolan et The Social Network de David Fincher. Un triomphe mondial et un drame multi-primé. Le premier a surtout récolté ses 8 nominations dans les catégories techniques. DiCaprio est le grand snobbé de l'année alors qu'il a été le champion du box office. Ainsi Shutter Island repart bredouille. Dans le même genre, le Polanski, The Ghost Writer, grand chouchou des palmarès en Europe, a été oublié. Le film sur le créateur de Facebook aurait pu espérer plus que ses 8 citations, vu l'incroyable razzia obtenue chez les critiques de tout le pays ou encore ses 4 Golden Globes. Reste qu'en étant en lice dans 4 catégories artistiques, Fincher, après Benjamin Button s'affirme comme un habitué de la cérémonie, après des années de mépris.
Plus étonnant, les 7 nominations de The Fighter et les 6 de 127 hours (Boyle confirme lui aussi son impact dans la profession après Slumdog) qui surclassent Black Swan (5 nominations). Le Darren Aronofsky, vu son succès en salles, aurait pu s'attendre à mieux. Il fait tout juste jeu égal avec Toy Story 3. Un film d'animation cinq fois nommé (dont scénario, montage son, et meilleur film!) c'est une belle performance pour Pixar.
On peut aussi noter les 4 nominations pour les films indépendants The Kids are All Right et Winter's Bone. Ou encore les deux jolies citations pour Biutiful (dont acteur). Chez les français, L'illusionniste n'a aucune chance face à Toy Story 3, mais c'est déjà bien. Alexandre Desplat a pris une carte de fidélité. Et le film algéro-français Hors-la-Loi rattrape l'oubli des Césars.
Pour finir, reconnaissons que les Oscars vont faire durer le suspens dans de nombreuses catégories principales : actrice (Portman / Bening), réalisateur (Fincher/Coen), film (Le discours d'un roi/The Social Network/True Grit). Mais ce qui va se jouer à Hollywood, c'est le come back, ou pas, des Frères Weinstein. Avec Le discours d'un roi, ils pourraient retrouver leur martingale qui leur a fait gagner tant d'oscars dans les années 90, jusqu'à Chicago en 2003. 16 nominations depuis 1990 dans la catégorie meilleur film (et trois statuettes), avec parfois deux titres par an!
Et on le sait tous : Hollywood aime les Happy ending, les grands come-backs et les belles histoires.
vincy
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