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L'AMBIANCE DU FESTIVAL
Le Festival du Film de La Rochelle se déroule dans une ambiance très conviviale d'abord parce qu'il est ouvert à tous. Il permet ainsi à tout le monde, pendant dix jours, de s'adonner au cinéma actuel et à sa mémoire. Chacun peut profiter des salles obscures et des rencontres qui sont organisées chaque jour. Lors des conférences quotidiennes, on a ainsi pu croiser Fernando Arrabal, Catherine Wyler, Alejandro Jodorowski, Joao Mario Grilo, Karen Chakhnazarov, Silvio Sordini et Danièle Dubroux. Nombre de réalisateurs sont également venus présenter leurs films : Laurent Perrin (30 ans), Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien), Liv Ullmann (Infidèle) et enfin Roy Andersson (Chansons du deuxième étage) que nous avons pu interviewer.
Enfin, les lieux de projections, sur le joli vieux port de La Rochelle, n'a rien gâché au plaisir d'être là…
LES CHIFFRES
Avec un budget relativement bas (2,7 millions cette année), le financement du festival reste difficile. L'essentiel des fonds sont publics : 580 000 francs de la mairie de La Rochelle, 400 000 francs du Centre National de la Cinématographie , 330 000 francs du Conseil Régional, 220 000 francs du Conseil Général, 130 000 francs de l'Union européenne et 240 000 francs cumulés issus des ministères de la culture et des affaires étrangères. Mais l'essentiel des fonds provient du public. Avec ses 58 000 entrées payantes cette année, les spectateurs entrent dans le financement du festival de façon primordiale.
Malheureusement, des dates avancées par rapport à 1999 ont entraîné une baisse de 12% de la fréquentation. En effet, la majeure partie du festival se déroulant en juin cette année (contre juillet l'année dernière), nombre de spectateurs n'ont pu se libérer.
Le déficit de 100 000 francs de 1999 risque donc d'être creusé en 2000.
L'ANNEE PROCHAINE
Pour pallier cette baisse d'affluence, Jackie Marchand, le directeur de la Coursive (lieu du festival et partenaire en termes de logistique) et Jean-Loup Passek, le directeur artistique du festival, se sont engagés à retenir les dates de l'année prochaine : le Festival International du Film de La Rochelle 2001 aura lieu du 29 juin au 9 juillet.
D'autre part, la programmation (étudiée dès l'automne par Sylvie Pras et Prune Engler) risque d'être alléchante avec plusieurs projets : un hommage à un réalisateur asiatique et à Blake Edwards, un panorama consacré à un pays d'Afrique, ainsi qu'une rétrospective sur Joseph Mankiewicz qui nous permettrait de revoir All about Eve avec la sublime Bette Davis, Le Limier avec Lawrence Olivier et Michael Caine, sans oublier La comtesse aux pieds nus avec le fameux tandem Bogart-Gardner.
Bref, une perspective de réjouissances…
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CINEFOLIES OU SALLE BOYARD?
Parmi tous les festivals qui se déroulent l'été en France, du 23 juin au 3 juillet 2000 a eu lieu le 28ème Festival International du Film de La Rochelle. Ce festival a pour particularité de proposer un large panorama du cinéma de tous les horizons temporels et géographiques. On a pu ainsi voyager dans le temps en passant du passé (les rétrospectives sur William Wyler et Brigitte Helm), au présent (les hommages à des réalisateurs divers tels que Danièle Dubroux , Fernando Arrabal, Alejandro Jodorowsky…) puis au futur (la sélection " Le monde tel qu'il est " avec ses films inédits, dont certains ont été présentés à Cannes). Le voyage s'est également fait dans l'espace puisqu'on a pu y voir des films de nationalités très différentes avec tout d'abord un panorama sur le cinéma islandais mais aussi des films d'Inde, Allemagne, Grande Bretagne, Taiwan, Italie, République Tchèque, Iran, Brésil, Mexique, Suède, Grèce, Hongrie, Pologne, Norvège, Espagne, Portugal et France.
LES RETROSPECTIVES
Détaillons le programme et parlons d'abord des rétrospectives. Elles ont été au nombre de trois. Tout d'abord, il y a eu celle consacrée à Brigitte Helm, la célèbre actrice allemande découverte par Fritz Lang pour Metropolis (elle y interprétait le double rôle de Maria et de son ersatz maléfique). Elle a été une des rares actrices du muet à s'adapter sans problème à l'apparition du cinéma parlant. Après une carrière relativement riche (elle a tourné avec divers réalisateurs, de Lang à Pabst, en passant par L'Herbier) elle s'est retiré du monde du cinéma en 1935 pour élever ses quatre enfants. Dans le cadre de cette rétrospective, l'équipe du festival a eu une excellente idée : projeter deux de ses films avec un accompagnement musical. Le premier, La Mandragore de Henrik Galeen a été, pendant ses 2h07, accompagné classiquement par un pianiste. Grâce au second, nous avons pu vivre une expérience intéressante : regarder Metropolis avec la musique (en live) de deux DJs techno. Cet accompagnement, pour le moins inhabituel, a très largement relevé le côté moderne du film de Fritz Lang.
La seconde rétrospective a été consacrée au réalisateur américain prolixe William Wyler avec la projection de 24 de ses 46 films datant de 1925 à 1970 (dont les célèbres Hauts de Hurlevent avec Merle Oberon, Lawrence Olivier et David Niven, La maison des otages avec Humphrey Bogart, l'illustre Ben Hur avec Charlton Heston, La rumeur avec Audrey Hepburn et Shirley Maclaine, Funny Girl avec Barbara Streisand et Omar Sharif). Ce cinéaste, pour lequel le critique André Bazin déclarait "Vive Wyler à bas Ford !", fût considéré comme l'un des grands réalisateurs américains. Il a notamment fait tourner de grandes actrices américaines, dont Bette Davis dont il aura su mettre en valeur le caractère indépendant et tranché.
Enfin, la dernière rétrospective a permis aux festivaliers de redécouvrir la filmographie en solitaire de Stan Laurel, le comparse d'Olivier Hardy, avec plusieurs courts-métrages de la collection Lobster.
LES HOMMAGES
Parallèlement à ces trois rétrospectives, plusieurs hommages ont été rendus. Premièrement, à Danièle Dubroux, cinéaste française qui a réalisé des perles d'absurdité débridée telles que Le Journal du Séducteur et L'Examen de Minuit. Le festival nous aura permis de (re)découvrir des films plus anciens tels que Les Amants terribles et l'émouvant Borderline, longs-métrages dans lequel le côté loufoque de la réalisatrice transparaissait déjà, mais de manière plus intimiste, plus discrète.
Il y a également eu le double hommage à Fernando Arrabal (Espagne) et Alejandro Jodorowski (Chili) que l'on peut rapprocher puisqu'ils ont tous les deux fait partie (avec Rolland Topor) du mouvement Panique. Le cinéma de ces deux réalisateurs anarchistes reste très particulier puisqu'il tourne autour de thèmes érotiques, violents, sanguinaires, cruels, parfois scatologiques, et souvent empreint d'une symbolique un peu curieuse qui peut paraître légèrement sibylline. Parmi leurs films, on peut noter le premier de Jodorowski, Fando et Lis tourné en 1968 et narrant les relations d'un couple dont la jeune femme est paralysée. Le tournage a pour particularité de montrer de réelles tortures et du vrai sang. Une expérience qui donne le " la " pour leurs œuvres à venir !… D'autres hommages ont également été rendus à Karen Chakhnazarov (Russie), Joao Mario Grilo (Portugal) et Silvio Soldini (Italie).
LE MONDE TEL QU'IL EST
Comme chaque année, le festival a également programmé une sélection internationale de films non encore parus (dont certains ont fait partie des sélections cannoises). Parmi eux, on a ainsi pu voir Code inconnu de Michaël Haneke, Bread & Roses de Ken Loach, Le tableau noir de Samira Makhmalbaf, C'est la vie d'Arturo Ripstein , le superbe Yiyi d'Edward Yang, et le loufoque et magnifique Chansons du deuxième étage de Roy Andersson. Là encore, la diversité des origines a fait légion avec l'Allemagne (Pas plus pas moins d'Eoin Moore), le Brésil (Saudade du futur de Marie-Clémence et Cesar Paes), l'Inde (Karunam de Jayaraaj), la Pologne (Wojaczek de Lech Majewski), la République Tchèque (Eeny Meeny d'Alice Nellis et Hanele de Karel Kachyna)…
LE PANORAMA DU CINEMA ISLANDAIS ET LES SEANCES SPECIALES
Le Festival du Film de La Rochelle aura aussi permis de découvrir le cinéma islandais des vingt dernières années, ainsi que des films pour enfants et des soirées exceptionnelles avec la projection de Capitaines d'avril, le premier film de Maria de Medeiros, d' Infidèle de Liv Ullmann (en présence de la réalisatrice). Enfin, le dernier jour, les festivaliers ont pu participer à la "Nuit blanche sur la route", avec la projection, entre autres, de L'épouvantail de Jerry Schatzberg, de Voyage à deux de Stanley Donen et de Cocorico Monsieur Poulet de Jean Rouch. Cette nuit se terminant, pour les plus résistants, par un petit déjeuner sur le Vieux Port de La Rochelle.
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