Berlin 2016
18 films en compétition pour le jury de Meryl Streep. Le grand chelem des festivals est lancé pour la saison 2016, avec, au programme Denis Côté, Jeff Nichols, André Téchiné et Mia Hansen-Love.


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 (c) Ecran Noir 96 - 24









Anecdotes

Parlo Italiano

7 nominations pour La Vita è Bella, cela signifie que l'Italie est le pays étranger le plus nominé aux Oscars. Battant largement la France dans la catégorie Meilleur film étranger. C'est aussi la première fois depuis Z de Costa Gavras (1969) qu'un film est nominé à la fois dans la catégorie Meilleur film et meilleur film en langue étrangère. C'est le sixième film étranger nominé dans la catégorie meilleur film. Enfin le Benigni devient le film en langue étrangère le plus nominé de l'histoire des Oscars, battant les 6 nominations de Das Boot (Allemagne) et Fanny & Alexandre (Suède).

Le Roi Benigni

Trois nominations sur son seul nom: réalisateur, scénariste, acteur. Il rejoint ainsi Orson Welles, Warren Beatty et Woody Allen. On notera que Hans Zimmer est nominé dans les deux catégories musicales (comédie avec The Prince of Egypt et drame avec The Thin Red Line), que Sandy Powell est nominée 2 fois dans la catégorie costumes (Shakespeare, Velvet). Et surtout Randy Newman qui truste les musiques: 2 comédies (Pleasantville, A Bug's life) et la chanson de Babe.

Elizabeth

La Reine Vierge est à l'honneur. Titanic avait déjà établi une première puisque deux actrices étaient en nominations pour un rôle identique (Gloria Stuart et Kate Winslet pour celui de Rose). Ici Cate Blanchett et Judi Dench sont toutes deux nominées pour avoir joué la reine Elizabeth, à différents, âge, dans deux films distincts. Même la même année...Si cate Blanchett porte le film sur ses épaules, Judi Dench n'a que 8 minutes dans Shakespeare in love (3 scènes!).

Miramaximum

Pour la première fois dans l'histoire des Oscars, un studio, Miramax, enregistre sa septième nomination consécutive dans la catégorie meilleur film. Jusqu'à présent seul Le Patient Anglais a été victorieux. Shakespeare pourrait être le second: un Fiennes dans le casting, un Box Office équivalent actuellement, une startégie similaire... Et surtout, en 15 ans, c'est le film qui a eu le plus de nominations qui a en emporté la statuette suprême. Miramax enregistre au total 23 nominations (son record était 22 en 95, l'année de Pulp Fiction).



INTRO





Tout a commencé avec Whoopi en Reine Vierge (Reine d'Afrique), soit Elizabeth. Puis un montage des films sélectionns du siècle, avec quelques plans d'A Bout de Souffle, de Jeanne Moreau, de Catherine Deneuve... Et Whoopi nous a servi son monologue hilarant, en pronostiquant que Judi Dench jouerait Boy George après avoir faire les autres Reines d'Angleterre. Ce matin Whoopi s'était confiée au Los Angeles Times et avait confié qu'elle espérait présenter la cérémonie de l'an 2000 avec Billy Crystal.

Sous le signe de Shakespeare

Il est la vraie star de cette fin de siècle, et donc de cette cérémonie. Patrick Stewart (Star Trek) présentera d'ailleurs les 2 films en compétition, Elizabeth et SIL, ensemble. SIL part bien avec d'entrée un prix artistique remis par... son actrice toute de rose vêtue (couleur hyper tendance), la "gentille" Gwyneth Paltrow. C'est aussi l'occasion pour les "jamais nominables" dêtre sur scène: Mike Myers, Christina Ricci, Brendan Fraser, ou encore les excellents insectes de 1001 pattes... On retiendra pour la première fois le duo des divas Mariah Carey (écurie Sony) et Whitney Houston (écurie BMG) pour la chanson du Prince d'Egypte (champ de course DreamWorks). Il faudra subir Céline Dion une fois de plus...

Dr Robin

"Je vous rappelle le protocole: d'abord Steven Spielberg, ensuite tous les autres...". Les comiques entrent en scène. Chris Rock pour commencer qui joue les Jim Carrey du moment. Whoopi interpelle Roberto: "Tu comprends quelque chose?!" Roberto hilare lui répond non... Et après la ultra mimi Christina, c'est au tour de la sublime Liv Tyler aux cheveux courts (ne la manquez pas dans Cookie's fortune de Robert Altman) de présenter la chanson de son papa rocker. Les Oscars se mettent à jouer les airs des Grammys... Le show roule sur des rails. Mécaniquement, parfaitement. Tout le monde attend l'incident Kazan.

Tom et John

Anjelica Huston de passage, Tom Hanks barbu présentant John Glen, héros à l'image de l'Académie, un peu vieux, toujours fringuant, un montage sur les grands découvreurs et autres mythes magnifiés par le cinéma (de Schindler à Depardieu-Colomb). Les remerciemens sont toujours aussi plats: engagez des plumes!!!! On n'a pas l'impression que ces gens s'éclatent au travail... Et tout cela reste bien patriotique... gloire au cinéma de chez eux. Heureusement Whoopi est là. Victime de la mode, elle présente les costumes en format réel, sur elle. En esclave, elle s'étonne d'avoir la même taille qu'Oprah... qu'elle parodie. Rappelons que Whoopi a comemncé avec Oprah dans La Couleur Pourpre... Puis Sophia arriva. Un peu de dignité dans un monde de putes... Elle présenta La Vita è Bella, "un message clair dans toutes les langues". Loren est la seule actrice étrangère à avoir gagné un Oscar pour un film non anglophone. Pendant ce temps Benigni s'agite.

Le Show Roberto

Et il gagna! Monta sur le siège. Se fit applaudir debout par tous. "Thank You Sophia!" (La Loren au bord des larmes). "Merci pour cet océan de générosité..." Volubile, il s'emporta. Personne ne le coupa. Même Uma écouta son discours sur la foi, l'amour et cette vita molto bella. Et il dit: "Je veux embrasser tout le monde!" LA phrase de la soirée. Avec cette spontanéïté, il nous en ferait oublier les digestifs: Andie MacDowell, Geena Davis, des claquettes (qui remplacent les danseurs de l'an dernier), numéro raté, mais obligé. On se croierait dans "Fame" (d'ailleurs Irène Cara est là). Le tout est de faire rêver. Et il en faut pour tous les goûts. Finalement tout finira bien avec le compositeur de Fellini, Moretti, Benigni sur la scène battant au passage John Williams... Et Roberto ne (se) tient plus. Puisque c'est la catégorie "dance", voici Travolta...

Crooner

Travolta présente un montage de Scorsese en hommage à Sinatra. Scorsese rêve de faire un film sur Dean martin, et on connait sa passion pour le cinéma américain des années 50 et la musique de l'époque, notamment au travers de New York New York. Sinatra est mort en mai dernier, pendant le festival de Cannes, dont Scorsese était Président du Jury. Un hommage basé sur le regard de Blue Eyes. Anne Heche, adorable, se plantera royalement dans la présentation des Oscars scientifiques et techniques. Un peu confus. Alors que Jim Carrey, sur de son talent, insistera sur son absence dans la liste des nominés, malgré son Golden Globe. "Je ne viens que pour présenter l'Oscar du meilleur montage". Oscar qui reviendra, pour la deuxième fois, à Michael Kahn, 17 ans après son premier, Les Aventuriers de l'arche perdue.

La norme Jewison

Les stars se suivent et ne se ressemblent pas: Renee Zellweger dans un look Annette Bening. Nicolas Cage, devenu méga star, présente le 34ème Prix Irving Thalberg à Norman Jewison, canadien californien. Jewison a gagné directement ou indirectement 12 Oscars avec des oeuvres comme Dans La Chaleur de la nuit ou Clair de Lune (avec Cage, justement). Jewison a souvent filmé les minorités, les exclus sous un mode populaire (thriller, comédie romantique...). Comme Billy Wilder en 98, il arrive avec légéreté et quelques pas de danse. Conseil aux jeunes cinéastes: "Pensez aux histoires que vous racontez, pas à l'argent que vous voulez gagner."

Plus mauvais film...

Mais meilleurs effets spéciaux pour Au delà de nos rêves. Whoopi tente de contenir Roberto prêt à aller l'embrasser. Whoopi clame son ardeur, en masturbant son micro, pour celui qui a la force en lui, Liam Neeson. Kilmer débarque en cow boy, avec un cheval, pour rendre hommage à Roy Roger, figure country plouc du cinéma western à deux cents. Rogers est presque plus connu pour sa chaine de fast food que pour ses films. Après les découvreurs, donc, les garçons de vache... et leur beau drapeau étoilé. Enfin Helen Hunt arrive. Un peu de charme... Et beaucoup de rires puisque Benigni monte une fois de plus sur scène. L'Amérique est conquise par l'Italien: "Ca doit être une erreur, parce que j'ai épuisé tout mon vocabulaire anglais". Il sauve la Cérémonie en transformant le gala en conte de fée. C'est la première fois depuis 61 avec Sophia Loren, qu'un acteur non anglophone emporte ce prix prestigieux.

Extravaganza

Whoopi continue de détonner avec ses costumes excentriques. La soirée, toujours trop longue, trop formatée sous la même recette, n'emballe toujours pas. Seule la victoire "Benignesque", et donc du cinéma européen, permet de donner du rythme à cette agonie en paillettes. Mais Hollywood réserve ses stars: Damon et Affleck jouent les beaux gosses aux blagues salaces ("ce qui compte c'est la durée"). La Shoah devient la star involontaire de ces Oscars du siècle. L'Histoire rattrape le divertissement. Après Benigni, Spielberg producteur gagne l'Oscar du meilleur documentaire gràce à la Fondation du cinéaste, avec The Last Days. Quelques années après La Liste de Schindler, Steven Spielberg retrouve les honneurs avec l'holocauste et la mémoire.

Le K Kazan

Puis Scorsese (bis) et De Niro entrent en scène. Donnant la caution cinématographique nécessaire à l'Oscar d'honneur qu'ils présentent: celui du cinéaste Elia Kazan, immigré et filmant les marginaux, réalisateur des histoires passionnelles et des conflits de la société. La controverse est cependant là : Kazan a dénoncé de nombreux artistes durant le McCarthysme. Alors doit-on récompenser un réalisateur génial, même si ses prises de positions passées sont logiquement contestées ? Cependant la salle est mitigée. Ses pairs, comme Warren Beatty, se lèvent avec d'autres. Tandis que des acteurs, tels Nick Nolte, restent assis les bras croisés. Kazan a déjà eu deux Oscars. Il ne s'excuse toujours pas pour ses erreurs commises. Il préfère s'éclipser après un court discours. Embarras. Pourtant le choix était là. Et n'y-t-il pas d'autres grands cinéastes jamais oscarisés (Kubrick...), qui auraient pu être à sa place???Cependant on notera que les anti-Kazan étaient minoritaires dans la salle, et plus nombreux dans la rue.

Catherine, Céline, ...

Goldberg en Shakespeare, fallait oser. "Je n'ai jamais autant changé de costumes depuis ma première audition." Clin d'oeil à Steven. La sublissima Catherine Zeta Jones, en rouge flamboyant, présente l'immaculée trop maquillée Céline Dion, en duo avec Bocelli. Les voix ne cassent pas le décor et les luminaires. Mais d'ores et déjà les ventes en supermarché des disques de l'un et l'autre cartonneront demain... Meryl Streep a aimé apparemment. Et Emily Watson en pleure d'émotion. C'est une autre sang chaud qui donnera le gagnant de la meilleure chanson: Jennifer Lopez. On craque totalement. Pas besoin de Playboy ce soir... Spielberg emportera une nouvelle récompense, indirectement, avec la meilleure chanson pour le dessin animé Le Prince d'Egypte, qu'il a produit. Terrain habituellement dominé par Disney.... Avec une transition un peu légère, Alan Pakula, Jean Marais, Kurosawa, Roddie McDowall, seront parmi les nécrologies de l'année.

Politically

Après l'astronaute John Glen, le général Colin Powell. Hollywood mélange les genres et glorifie l'Amérique sous toutes ses formes. Le message est inquiétant. Qu'est ce qu'un militaire, qui plus est introduit par le patron du cinéma US, Jack Valenti, vient faire ici, pour présenter un film de guerre censé être humaniste et pacifiste?! Désormais on pourrait croire à de la propagande... Moment oublié très vite, nous sommes dans le spectacle de l'éphémère, avec la présence de la superbe Uma Thurman. Pour l'instant la plus belle robe de soirée. Ryan continue de récolter les prix technique, sans surprise, et humile un peu plus La Ligne Rouge, favori des critiques européens, par son coté intello sans doute.

Panthère rose

Miramax emporte tout sur son passage. SIL et La Vita sont vainqueurs dans les catégories artistiques. Après le couronnement de Benigni, celui de la "Grace Kelly new age", Gwyneth Paltrow, qui a eu le bon goût de remercier Joseph Fiennes son partenaire. Après le glamour, le Cinéma. Spielberg présente l'hommage à Kubrick, "celui qui nous aura emmener dans des territoires que nous n'imaginions pas". Visionnaire jamais oscarisé. La honte n'étouffe pas Tinseltown. L'hommage fut plutôt expédié. Les derniers Oscars sont distribués. SIL continue sa récolte. Miramax jubile. Gods and Monsters s'octroie enfin un prix. Les indies ne s'en sortent pas si mal... Costner, qui s'essaie au come back, s'offre un moment de respectabilité en décernant le titre de meilleur réalisateur. Danse avec les loups, souvenez-vous... Steven gagne, logiquement. Et nous offre un discours fade et sans intérêt ; dédié à ses enfants, à son père. Il avoue: il le souhaitait cet Oscar. On aurait aimé un peu plus d'engagement de la part du champion de la soirée.

FINAL

Et la cerise finale sur le gateau : Shakespeare In love, meilleur film. C'est plutôt rare que le meilleur cinéaste et le meilleur film soient différents. C'est un couronnement personnel pour Harvey Weinstein, et Miramax, ("et ses deux gamins pourris"), deux ans après Le Patient Anglais... Une jolie fin... Le studio aura investit 15 millions de dollars en pub pour mettre à genoux le soldat Ryan, favori. En plus une comédie. Et toujours aucun risque de la part des Oscars. Goldberg clot la cérémonie, avec des plumes en plus, et donne rendez vous au prochain siècle. On peut aller dormir...avec pleins de rêves exaucés.



Vincy