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Avis après visite

On ne peut qu'approuver l'initiative du Centre Pompidou de reprendre l'exposition du MBAM tentant un lien entre Hitchcock et son époque. L'art moderne ne s'arrêt pas aux tableaux et le cinéma y a toute sa place. Dans la lignée de l'expo Pop, le Centre Pompidou semble vouloir séduire les masses avec des sujets grand public. Il est regrettable que l'exigence qui caractérise ce lieu ne soit pas au rendez-vous de ces grandes messes qui se transforment en parc d'attraction, en compilation des meilleurs moments, voire en grand magasin populaire où l'on trouve de tout pour remplir de l'espace.

Cependant, il y a un vrai plaisir à parcourir cette exposition si l'on aime le cinéma d'Hitchcock. On y découvre des objets familiers, on revoie des scènes cultes, on s'imprègne de l'ambiance d'un film.
Hélas, le mélange ne fonctionne pas. On ne sait pas où les commissaires de l'exposition ont voulu en venir. Quel est l'objectif réel de cette démonstration?
Est-ce un hommage à Hitchcock? Est-ce le lien entre le cinéma d'Hitchcock et les autres arts? Est-ce la preuve qu'Hitchcock fut visionnaire ou inspirateur?
Les trois confluent vers un océan tourmenté et vague qui laisse une impression d'insatisfaction en sortant de l'expo.
Quel rapport entre les ciseaux de Dial M for murder, les 32 photos où l'on voit Hitchcock dans son film, les affiches de ses films, les photos de tournage, des oeuvres de Hopper et Braque, ou encore Man Ray?
Le lien de cause à effet, de l'oeuvre d'art à la scène cinématographique, n'est pas avéré. C'est même souvent tiré par les cheveux. L'exposition est symptomatique de cette volonté de refléter l'air du temps, en exploitant la culture pop à travers notre époque. On recycle. Et souvent on interprète tellement subjectivement que cela diminue l'intérêt du sujet. Cela réduit même les oeuvres des uns et des autres.
Magritte, un favori de l'exposition, n'avait pas de propos cinématographique. De même, Hitchcock n'avait pas de propos pictural. Ce qui en ressort c'est bien qu'Hitchcock est un produit de son époque, de sa culture. Rien d'étonnant chez un cinéaste. Et de même, il a influencé le regard artistique qui lui a survécu.
Mais il est difficile d'analyser les influences artistiques d'une scène, en se basant simplement sur des oeuvres qui lui étaient contemporaines.

Parfois, c'est grossièrement mis en avant : quand on fait le rapport entre un magazine de mode (Harper's bazaar) et une robe de Grace Kelly, on est dans une lapalissade complète.
C'est de temps en temps subtil. Et surtout intéressant. La recherche des thématiques est à ce titre l'objet le plus fascinant de l'expo : le voyeurisme (Fenêtre sur cour) est largement supérieur aux autres même si on reconnaît que la Femme noyée, le Désir et le double, les Inquiétudes, les Monuments fascinent.
La mise en scène est brillante par moments, incohérente tout le temps. On navigue entre anachronismes, cocktails de thèmes,...
Il y a heureusement de belles salles : les objets dans ses films, les caméos, les storyboards originaux...
Il y aussi des gâchis : l'oubli du parallèle entre la chute de la Statue de la Liberté (Saboteur) et celle du Mont Rushmore (North by Northwest).
Il y a enfin des évidences comme Dali, un chouchou du Centre Pompidou.

Au final, on reprochera la confusion des genres, des points de vue. Le motif de l'exposition est totalement justifié, notamment, en effet, si cela sert de référence pour un futur Musée du cinéma.
Mais on assiste plus à un Best Of d'Hitchcock; les visiteurs s'intéressent plus aux produits dérivés ou aux objets en rapports directs avec les films plutôt qu'aux oeuvres d'art ayant censé inspiré le maître.
A trop vouloir expliquer le mystère, on tue la magie du cinéma. Cette exposition multimédia (musiques, films, tableaux, dessins, objets...) est une réussite dans sa forme. Elle est une frustration dans son fond. Peut-être qu'il s'agissait d'une mission impossible de disséquer l'inspiration artistique d'un maître du septième art et d'essayer d'en percevoir ses influences.
Les choix sont arbitraires et donc contestables.

Mais il reste au moins une chose : l'éloge d'une oeuvre d'art, cinématographique qui plus est, et donc la consécration d'un Artiste nommé Hitchcock. En cela, on sent déjà que le cinéma va devoir rentrer au Musée. En espérant qu'il reste un spectacle "vivant".

Vincy 

 
   (C) Ecran Noir 1996-2001