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DE DEAUVILLE
DU 30 AOUT AU 08 SEPTEMBRE 1996 Parallèlement au cycle d'avant-premières, le Festival de Deauville, qui se déroule du 30 août au 8 septembre 1996, comporte une section compétition. Dix films sont ainsi soumis à la réflexion d'un jury présidé cette année par Charlotte Rampling et dont font partie Melvil Poupaud, Dominique Farrugia, Sabine Azéma, Ornella Mutti, René Cleitman, Laura Morante, Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni. Parmi les dix films qui espèrent le Grand Prix ou le Prix spécial du jury, deux ont déjà reçu un accueil chaleureux aux Etats-Unis : "The Substance of Fire", avec Timothy Hutton, et "Entre chiens et chats", interprété par Uma Thurman, Ben Chaplin et Jeane Garolfo, révélation de la télévision américaine déjà remarquée au côté de Winona Ryder dans "Génération 90". C'est la deuxième année que le festival remet ses prix. En 1995, les lauréats ont été : "Ca tourne à Manhattan", "Denise au téléphone" et "les Frères McMullen".
Les films programmés sont :
Eddie Murphy a passé le week-end à Deauville. Dans le cadre du 22e Festival du cinéma américain, il a présenté hier soir "le Professeur Foldingue (The Nutty Professor")", de Tom Shadyac, qui sort mercredi en salles. A 35 ans, l'acteur noir américain revient au premier plan, après l'échec de ses derniers films. Avant ce retour déjà marqué par un triomphe aux Etats-Unis ("le Professeur Foldingue" a dépassé les 100 millions de dollars de recette), Eddie Murphy a traversé un passage à vide qui en a fait un autre homme. "Big Night", de et avec Stanley Tucci. C'est l'histoire très drôle de deux frères Italiens qui ont ouvert leur pizzeria aux Etats-Unis. L'un des deux est le patron de l'affaire très chic et désireux de faire fructifier son affaire, l'autre c'est le cuisinier très strict quant à l'art culinaire. L'aspect dramatique de cette histoire réside dans le fait que leur restaurant se trouve en face d'un autre beaucoup plus fréquenté. Ils préparent une opération, une grande soirée, où devrait venir un invité de marque leur permettant de relancer leur affaire... Cette étude sur les ambitions de ceux qui ont cru au rêve américain est relativement bien menée, malgré quelques longueurs. Un scénario intéressant avec des moyens simples et de bons acteurs.
"Décroche les étoiles" ("Unhook the Stars"), de Nick Cassavetes, est bien un film qui valorise la chaleur humaine. Le réalisateur est bien le fils de son père (John). Ce point commun est confirmé par la présence de Geena Rowlands, veuve de John et mère de Nick. Dans ce film, elle y est bouleversante. Gérard Depardieu, producteur du film, lui a fait ce superbe compliment : "Vous êtes belle". On ajoutera cette magnifique réplique de Geena Rowlands dans le film : "Ici même, dans cette vie, on peut se réincarner. On change...". Et Nick Cassavetes ajoute lors d'une interview : "Le plus beau sujet au cinéma, c'est l'amour...". "Hard Eight (Sydney)", de Paul Thomas Anderson. Dans la catégorie des polars non commerciaux, Hard Eight tire son épingle du jeu. L'acteur principal Philip Baker Hall nous y fait la démonstration de son talent. Si de plus vous aimez l'univers des jeux de Casino, vous serez gâtés.
Raconter "Schizopolis", de Steven Soderbergh, est mission impossible. Il faut y aller, se laisser emporter par la force décapante des images, par l'humour parfois à la limite du maivais goût, par la loufoquerie apparente d'un film illustrant parfaitement l'atmosphère fin de siècle d'une Amérique actuelle et foldingue. On y voit la projection de fantasmes les plus délirants d'un auteur, scénariste, metteur en scène et acteur : Steven Soderbergh. Il ne faut surtout pas chercher à comprendre avant, pendant et après le film. C'est le sage conseil de l'auteur fou. "Petits mensonges entre frères (She's the One)", de et avec Edward Burns. Sur une trame de deux frères, l'un riche et arriviste, l'autre pauvre et bohème, l'éternelle rivalité autour d'un même amour. C'est un film agréable pour la mise en scène, le jeu très juste des acteurs et la diversité des lieux choisis. Et les dialogues sont succulents.
"The Funeral", d'Abel Ferrara, est un film noir et violent, habilement mis en valeur par la lumière (contre-jours et atmosphères sombres), ainsi que par la sobriété du jeu des acteurs, en particulier Christopher Walken dans un rôle sur mesure. On notera aussi la présence d'Isabella Rosselini dans un second rôle. "Walking and Talking", de Nicole Holofcener : c'est l'amour, le sexe, l'amitié. Le sujet est beau, mais le résultat est décevant. On se promène, on discute... C'est tout. Dommage. "Fantômes contre fantômes" ("The Frighteners"), de Peter Jackson. Tout le talent de Peter Jackson au service d'un film fantastique aux effets spéciaux incomparables et au rythme soutenu. Michael J. Fox est excellent. A signaler la ressemblance plus que troublante de l'actrice principale, Trini Alvarado avec Andy MacDowell. Attention : Ames sensibles s'abstenir.
"Multiplicity (Mes doubles, ma femme et moi)". La remarque réalisation de ce film, l'originalité du sujet et le talent de Michael Keaton et Andy MacDowell font de ce film un plaisir sans faille. 2 heures de comédie avec plusieurs exemplaires de Michael Keaton : à ne pas rater. "Bienvenue dans l'âge ingrat" ("Welcome to the Dolhouse"), de Todd Solondz. Une jeune actrice Heather Matarazzo, très à l'aise dans un rôle d'écolière martyrisée. Il faudra pourtant de la patience pour passer le cap de la première heure de cette histoire caca-boudin. Nous n'avons pas réussi. "Los Angeles 2013" ("Escape From L.A."), de John Carpenter. 2013, Los Angeles s'est détaché du continent. Le scénario de ce film semble avoir disparu également. Kurt Russel, héros invicible, semble s'ennuyer au beau milieu d'une débauche d'effets spéciaux. Nous aussi. La suite de New York 1997 est bien décevante, John Carpenter nous avait habitué à mieux. "No Way Home", de Buddy Giovinazzo. Une amitié aussi solide que celle des frères Larabito, quelle merveille ! Le problème est que l'un des deux frères est un salaud, ce qui conduira à tous les excès. C'est le thème de ce très bon film, où portraits psychologiques bien trempés et violence bien dosée nous ont réellement séduit.
"Independance Day", de Roland Emmerich. Voilà une rencontre du 3e type qui décoiffe ! Cette super-production, qui raconte l'invasion de la Terre par des extraterrestres, a suscité un enthousiasme quasi-général. Nombreux sont ceux qui ont adoré le film tant pour les effets spéciaux que pour un scénario auquel on croit sans difficulté. Certaines des répliques du film sont des clins d'oeil à la série "X-Files (Aux Frontières du réel)" ou au film "Rencontre du 3e type". On peut éventuellement dénoncé le message du film favorable à l'hégémonie américaine sur le monde.
Cérémonie de cloture. Globalement, la soirée fut grandiose. Il y a eu pourtant quelques sifflets pendant le discours de Chouchan et Halimi, quand ils ont évoqué, assez maladroitement, le problème de l'attente, dans les files prévues à cet effet, avant de pouvoir accéder aux projections. C'est finalement Lionel Chouchan qui a eu le mot de la fin, en remerciant Dieu pour son film : "Une semaine de grand soleil pour le Festival de Deauville !". Voici, donc, les résultats du 22e Festival de Deauville :
Il faut faire remarquer les conditions d'accueil qui, cette année,
sont déplorables. On reste choqué par le manque d'amabilité
des gardes, vigiles et autres hôtesses qui font de cette fête
du cinéma un défilé de 14 juillet, où les
festivaliers n'ont plus le choix des escaliers, des portes, des trajets.
Cette impression négative est d'autant plus dommage que c'est
une "nouveauté" cette année. Habituellement, le Festival
se déroulait dans une ambiance bonne enfant, à la différence
de celui de Cannes. A quand les films obligatoires ??
Eddie Murphy, Forest Whitaker, Kevin Spacey, Joel Schumaner, Sandra Bullock, Matthew McConaughey, Nick Nolte, Rebecca De Mornay, Marie Stuart Masterson, Michael Madsen, Gena Rowlands, Matt Dillon, Gérard Depardieu...
Emmanuelle Béart n'était pas là, samedi soir, lors de la cérémonie d'ouverture de ce 22e Festival de Deauville. Pas plus que Jean Reno, autre acteur français, figurant au générique du "Mission : Impossible" de Brian De Palma, présenté en avant-première, dans le cadre de cette soirée inaugurale. Jean Reno prépare son mariage : cela peut servir, éventuellement, d'excuse. Mais Emmanuelle Béart ? Elle qui a fait le déplacement jusqu'à Los Angeles, en juin dernier, pour assurer la promotion de ce film qui bat des records de recettes aux Etats-Unis. Deauville était l'endroit idéal pour souligner que le cinéma américain peut avoir besoin de talents français. Mais "l'exception culturelle", avec son côté papiers en règle, est peut-être devenue aux yeux d'Emmanuelle une cause plus négligeable que d'autres missions plus pathétiques.
Emeute dans la file d'attente pour une des projections du Festival. Le jeune comédien Renaud Roussel ("Les Années fac", sur TF1) n'avait qu'un badge "I" (Invité, avec attente). Repéré par les fans et chasseurs d'autographes, Renaud Roussel s'est vu attribuer un badge "V" (pour VIP, sans attente).
Le 4 septembre, dans le cadre de Jazz et cinéma, Robert Altman (coiffé d'un superbe Stetson) et Joshua Redman furent à Deauville pour la présentation du film "Robert Altman's Jazz 34 : Remembrances of Kansas City Swing", filmé par le réalisateur au cours des répétitions des scènes de jazz de Kansas City. Destiné à l'origine pour la télévision dans une version de 52 mn commentée par Harry Bellafonte, Altman a monté un film de 72 mn, produit par Ciby 2000 réunissant les meilleurs musiciens de jazz d'aujourd'hui.
Paramount annonce pour Noël la sortie de "Star Trek : first contact", la suite de "Star Trek : the next generation", avec Patrick Stewart dans le rôle du capitaine Picard. |
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