FFM Montréal




SOMMAIRE

Jacqueline Bisset
Infos Pratiques, Opinion
Actualité, Films
Palmarès
Programme, Jury
Forum

Star

Jackie Bisset

FFM 97


A c t u a l i t é
Second Jour - 23 août - Jacqueline Bisset

"Truffaut me manque..."

23.08.97/21.00 - Elle est arrivée simplement, sans gardes du corps, seule, décontractée, élégante. Pour sa conférence de presse, Jacqueline Bisset, a fait dans la classe: cheveux mi-longs, couleur auburn, un tailleur gris anthracite, et un chemisier gris pale, légérement ouvert sur le décolleté. Le maquillage relativement discret sur ce visage sublime. Elle pose franchement devant les photographes, alternant les poses, poussant les objets gênant.
"Bonjour. Bonjour tout le monde." In french dans le texte. Ici le bilinguisme c'est surtout des mots anglais qui s'intercalent dans des phrases françaises, et inversement. L'accent est délicieux, ajoutant un brin de sensualité à cette femme non seulement séduisante, mais aussi hyper-sensible. Irrésistible.
Dans ce lieu sordide du Complexe Desjardins (que fait le décorateur, qui a donné un diplôme à cet architecte?), elle illumine un peu cet amas de béton. Répondant aux questions.
Présidente du Jury
"Je conçois mon rôle comme un spectateur. Je dois dire que j'ai des goûts assez précis de ce que j'aime. J'aime quand il y a une vérité dans les films, de l'émotion. J'aime le "Psychological"."
Relativisant son rôle, elle explique que tout le jury exprimera ses goûts mais note que dans ce genre de Festivals, il y a rapidement un concensus autour de quelques oeuvres.
Jouant avec l'ambiguïté de certaines questions, elle conquiert l'assistance avec de l'humour: "Ce qui me séduit? C'est délicat. Les films, la vie c'est pareil...". Donc dans les films (et on suppose chez les hommes), elle apprécie "les détails dans le comportement des gens. Les silences. Cet instant suspendu après la parole. Je n'aime pas la violence. Ça ne me séduit pas du tout. J'aime la violence émotionnelle. Parler de gens heureux n'est pas très interessant. J'aime aussi beaucoup le charme...".
Hors, la vie, le monde, le cinéma pour Jackie, manquent de charmes. Le cinéma reflète la vie rappelle-t-elle.
Survient le souvenir de son réalisateur de La Nuit Américaine, François Truffaut: "Ses films me manquent, sa sensibilité. Pour moi c'est un vide. Il va peut être y avoir de nouveaux auteurs qui le remplaceront, mais il y a un "black Hole"."
Cinéma américain et cinéma européen
Pour Bisset, qui a travaillé avec Huston, Yates, Cukor, comme Truffaut ou Chabrol, "il existe très peu de différences entre le cinéma américain et le cinéma européen. Il y a quelques années, je disais que seule la bouffe était différente. Et ça amène des rapports différents. Mais ils commencent à mieux manger aux Etats Unis. L'Amérique c'est très hiérarchique. C'est curieux pour un pays démocratique. Supposé démocratique. Mais ils sont plus efficace. Les choses marchent mieux. C'est pas féroce ce que je dis....subtil."
Elle a abandonné le cinéma hollywoodien parce que "les films de là bas ne me ressemblent pas. Pour moi tout est une question de script. De "subtext". Même les silences sont dans un bon script." Il y aussi l'envie de travailler avec certaines personnes (elle recherche plus des projets de jeunes réalisateurs actuellement), "Vous comprenez, les acteurs sont entre les mains des metteurs en scène, il faut qu'il sache quel est notre travail, qu'il ne coupe pas des scènes où nous donnons des clés essentielles du personnage. C'est très cruel ça."
Jacqueline Bisset ne voit pas ce que l'on entend par différences entre le cinéma d'Hollywood et celui des autres pays. Hollywood est plus technique, l'acteur est traité différemment. Mais "je ne pense pas qu'il soit question d'un cinéma d'Hollywood ou pas. Il y a juste des différences de travail." Notamment le manque de respect mutuel entre la technique, la production et les artistes. "Je ne suis pas contre les Blockbusters. Mais je trouve dommage que des films sortent juste une semaine et sortent de l'affiche. Pas assez de pub substantielle. Et ils sont perdus. Ils n'ont aucune chance de se faire connaître du public."
Les acteurs, les réalisateurs...
Evidemment, les questions nostalgiques n'ont pas manqué. L'actrice n'a pas hésité à évoquer Roman Polanski, le cinéaste qui l'a le plus marquée. Même s'il l'a fait pleurer, "il me semblait omniprésent, il savait tout du métier, passionné, féroce, exigeant, discipliné. Plus j'ai travaillé, plus ces valeurs me sont restées."
Elle apprend. Elle apprécie la critique, surtout constructive, parce qu'elle apprend. Parfois les expériences sont douloureuses (co-produire Riches et célèbres), cela reste toujours enrichissant, "positif".
Cukor était autoritaire, gentil dans la vie, pas facile sur un plateau. Huston était exigeant, mais pas pour les détails.
Elle se rappelle aussi Marcello Mastroïanni, "vulnérable le matin. Décomposé. Puis il se reconstruisait, son apparence, son charme, son humour. J'étais touchée par lui."
Il y a eu aussi Sinatra, "doux, protecteur", et Steve MacQueen, une tête brûlée. Il fonçait tellement vite qu'elle avait eu peur de le rater...
Le cinéma
"Cinema is not just cinema". C'est une manière de communiquer, de se connaître. C'est fouiller ses sentiments, "surmonter ses peurs et les dépasser. Vous êtes plus fort après."
Bisset est extrêmement attentive à ce qui se passe dans le monde. Très concernée, elle lit les journaux, s'entoure de gens qui ont une profondeur d'âme. Elle est consciente des évenements, de la vie.
Celle qui se sent honorée d'être présidente ("C'est un vrai plaisir de voir deux films par jour pendant 10 jours") nous a offert une conférence pleine de grâce et d'humour. De mémoire et d'anecdotes.
Elle nous a aussi confié et détaillé son prochain film, Courtesan, un film qui se déroule dans la Venise du XVème siècle ("C'est un film d'époque...Évidemment...Je dis une bêtise là.") avec Catherine McCormack, qui sortira en janvier prochain.
Et Bisset reprend la pose pour quelques photos de plus. Une pro jusqu'au bout du vernis à ongle.

22.08.97/21.00 - Bell a encore réussi à placer ses bornes interactives au Complexe Desjardins. Le site Internet du festival s'y trouve. Possibilité d'y chercher de manière agréable et ludique ses films, et leurs horaires dans ce dédale de la programmation.
Ce stand sans humain (Info-Film) est situé juste au centre de la place publique du Complexe, à deux pas des conférences de presse (auxquelles le public est convié). Vous pouvez aussi "admirer" les affiches des films en compétition. Consulter ces bornes, c'est un peu vous préparer à l'avenir, et vous éviter de gacher du papier avec un programme commandité par...les Pages Jaunes.



copyright Volute productions 1996-1998
Rédaction.
Bisset / Infos, Opinion / Actualité, Films / Palmarès / Programme

Sommaire * Actualité * Festivals * Opinions!