SOMMAIRE
Jacqueline Bisset
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Rod Steiger Interview
Filmo notée
Sur les quais (54) - nomination Oscars
Oklahoma! (55)
Al Capone (59)
Le jour le plus long (62)
Main basse sur la ville (63)
The Pawnbroker (65) - nomination Oscars
Docteur Jivago (65)
Dans la chaleur de la nuit (67) - Oscar, Golden Globe
W.C.Fields and Me (76)
Mars Attacks! (96)
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A c t u a l i t é
Huitième Jour - 29 août - Rod Steiger
- La Vérité si je mens, Rossini
Sur le front
29.08.97/23.00 - Hommage à Rod Steiger. Il sera rendu au très chic Théatre Jean Duceppe dimanche soir: une plaque commémorative, quelques extraits de films, un entretien avec l'acteur, sur scène.
Et cette après midi dans l'Agora du Complexe Desjardins, c'était un show-man qui nous livrait son numéro, comme pour mieux animer l'endroit le plus sinistre de Montréal.
Et il y est parvenu. Un véritable tour de force. Ce vieil homme rondouillard, sans un cheveu sur le caillou, et qui se déplace avec son assistante et une béquille (et vice versa), a fait preuve d'humour et d'intelligence, nous éclairant un peu plus sur l'un des acteurs les plus méconnus d'Hollywood.
Steiger ne signifie peut être pas grand chose pour un non cinéphile. Sa filmographie est pourtant impressionnante. (voir ci contre)
Il a joué de nombreuses fois à la Télévision (y compris dans The Simpsons), et a interprété plusieurs personnages historiques: Napoléon, Capone, deux fois Mussolini, W.C. Fields...
Un monument né en 1925, avec une étoile sur Hollywood Bvd depuis avril dernier. A l'esprit critique, le monument. Très politisé même. Agnostique, sans éducation réelle ("Je me suis éduqué à travers mon métier, mes personnages") mais résolument de gauche.
Son métier en Amérique et en Europe
"En Amérique, il n'y a aucun respect pour les artistes...Les enfants sont ignorants, personne ne les initie. Aujourd'hui les comédiens à la télé sont trop gatés. De mon temps, il fallait au moins apprendre son texte par coeur.".
Il a beaucoup travaillé en Europe et particulièrement en Italie. Il a noté des différences, à son avis, fondamentales.
"J'ai passé de merveilleux moments, notamment avec Francesco Rosi. La bouffe italienne est excellente. Je préfère travailler en Europe parce que les artistes, les acteurs, les réalisateurs y sont respectés. Aux Etats Unis, ce sont les producteurs qui possèdent l'oeuvre et le droit du "final cut" (montage).
En Europe, les cinéastes ont le final cut. Ce sont leurs films. On m'a proposé de réaliser mes films en Amérique. Mais comme je n'avais jamais le droit au montage final, j'ai refusé. C'est un crime artistique!"
De même qu'il a refusé de signer un contrat exclusif avec un studio dès le début de sa carrière. Il voulait garder sa "liberté de choix."
La conscience politique d'un acteur
Il a beaucoup insisté sur la responsabilité sociale des rôles, des acteurs qui les choisissent.
Il est ainsi très fier de ses personnages historiques (il aurait voulu en jouer tout le temps) et regrette que les acteurs contemporains ne prennent pas leurs repsonsabilités: "Ils défendent la violence en la jouant, en la donnant comme modèle!"
Rodney Steiger appuie cette volonté personnelle d'avoir choisi ses films en fonction de sa pensée idéologique. "Il faut être solidaire en tous temps. Pas seulement pendant les catastrophes. Savoir être responsables. Nous sommes tous liés les uns avec les autres. Dans une salle de cinéma, les gens sont rassemblés, pleurent ou rient en même temps. C'est la preuve qu'il y a un lien entre nous tous."
Il prend pour exemple Patton (qui finalement a valu un Oscar à George C.Scott) qu'il a refusé; Steiger a des convictions pacificistes. "Bien sûr cela aurait considérablement changé ma carrière. Mais je venais d'avoir un Oscar et je pensais être assez fort...".
Sa carrière a en effet culminé en 67, avec Dans la Chaleur de la nuit. "Sidney Poitier était un de mes amis. C'est grâce à cette contribution, notre amitié, que ce film a pu être fait. C'est ce qui a donné ce film. Il s'agit du premier film où un blanc frappe un noir qui le frappe à son tour. C'était très osé à l'époque. Moi, j'allais dans la salle pour voir et entendre la réaction du public juste pour cette scène.".
Pourtant son film favori reste The Pawnbroker de Sidney Lumet. L'un des premiers films a traité des conséquences des camps de concentration. Il y joue un survivant des camps, en prise avec les tourments psychologiques qui l'assaillent (à travers des flashbacks).
Un artiste exemplaire qui tourne encore. On le verra aux côtés de John Turturro (Animals) ou Irène Jacob (Incognito). Un passionné qui pense que "les artistes appartiennent au monde. Il n'y a pas de pays pour eux. Un passeport aux couleurs de l'arc en ciel."
Il conclut avec de la poésie. Puisqu'après avoir remercié les Canadiens - des deux langues - il nous montre son médaillon doré accroché à son cou. "C'est mon idole". Le Petit Prince dit-il avec son accent. Un être spirituel qui ne le condamne jamais. "J'ai beaucoup d'admiration pour Saint Exupéry".
Le FFM vient de s'offrir la première étoile vivante de son édition 97.
Itinéraire d'un goy gaté
29.08.97/23.00 - Le Sentier débarque à Montréal. Ce quartier parisien, ghetto du textile et de la communauté juive, archi-caricaturé, est placé sour la loupe de Thomas Gilou. Le cinéaste s'était déjà penché sur les Blacks de Belleville, les Beurs, et désormais les Juifs.
Ce film est un pur divertissement. Comparativement moins bon que Pédale douce, il s'aligne sur les comédies françaises style Rabbi Jacob ou Les Anges gardiens. Idéale pour une soirée TV le dimanche soir.
Cette comédie ne possède aucun élément original si ce n'est ses dialogues (les blagues ont d'ailleurs été compilées en un seul livre).
Scénaristiquement, on regrettera le massacre du personnage très intéressant de Richard Bohringer, dont les changements auraient mérité un véritable travail d'écriture, et ainsi illustré un regard critique sur la religion juive.
Car chose étonnante, le film parle de judaïsme, mais l'évite constamment. Ici la religion n'est qu'une succession de symboles, la plupart du temps matérialistes et superficiels.
Malgré cela, il y a quelques bonnes idées. D'abord le personnage de Richard Anconina, chaperon rouge au milieu des loups, qui ne critique pas cette communauté, mais au contraire en prend tous les vices. Jusqu'au moment où il se fait piéger par les apparences.
Ensuite il y a Anconina lui même, qui endosse avec facilité un rôle très similaire à Itinéraire d'un enfant gaté puisque là encore il s'initie aux affaires, à un monde étranger.
Anconina est entouré d'une galerie de portraits qui donnent la note juste à chaque fois. Ce mélange de tempérament, ce travail d'équipe, est sans doute la plus belle réussite du film.
Enfin, l'exacte observation reconstitue parfaitement les us et coutumes et costumes de cette communauté.
Il est regrettable qu'au profit de la comédie, il y ait eu ce sacrifice de la critique sociale.
L'impression que laisse ce film est clairement dite par l'un des acteurs, dans la scène primate du Hammam: "Regardez, il doit être heureux d'être goy. A nous écouter, il doit avoir honte de nous."
29.08.97/23.00 - Rossini a été un des 3 hits de l'année en Allemagne. Ce film germanique a été présenté au FFM. Et le cinéma allemand commence à vouloir s'exporter.
Au point que c'est au Marché du film de Montréal que Capella Films (USA) a acquis les droits de distribution de cette oeuvre pour les Etats Unis. Rossini est une sorte de the Player à travers les milieux artistiques, littéraires et cinématographiques.
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